VI- FENDAGE DE POIRE

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  fred gideon weasley
  Je passe mes doigts dans les cheveux lisses de ma petite amie. C'est vrai qu'avant de rencontrer Tahlia, je ne m'étais jamais posé de questions sur les cheveux naturels d'Angie. Ni pourquoi elle les lissait tout le temps. Maintenant ça me trotte dans la tête mais je lui demanderai plus tard car pour l'instant, nous sommes allongés dans un vieux canapé à moitié déchiré dans une salle tout aussi sale mais je la tiens entre mes bras et c'est ce qui fait toute la magie du moment. Et puis, désormais, je suis habitué à cette vieille pièce. En bref, je ne vais pas venir parler de sa sœur alors qu'on est tous les deux, tranquilles, et...
  – Tu sais ce que Tahlia a fait ? me Angelina
  Il faut croire qu'elle, ça ne lui posait pas de problème de briser la bulle.
  Comme je ne réponds pas, elle prend mon silence pour une invitation à poursuivre :
  – Elle va jouer au tournoi de poker de Gandalf.
  – Quoi ? je lâche
  – Oui oui.
  – Mais pourquoi est-ce qu'elle vient s'incruster dans notre activité avec les gars ?
  – Elle te dérange?
  – Non mais...
  – Alors arrête Freddie, c'est pas ça le problème.
  – Et c'est quoi ?
  – Elle ne sait absolument pas jouer au poker de Gandalf. Elle ne sait même pas ce que c'est. Et le tournoi est samedi.
  – Et bah elle est bien dans la merde !
  – Je ne comprends pas ce qui a pris à Steven Taylor de lui proposer, bougonne-t-elle.
  Oups... C'est peut-être moi ça...
  Mais ce n'était pas volontaire, je voulais juste qu'elle se rende compte qu'elle ne pouvait pas tout faire et qu'elle ignorait encore beaucoup de choses de Poudlard. Qu'elle ne pouvait pas tout contrôler. Je pensais que Steven refuserait !
  – ...pas vrai Freddie ?
  – Hein ? Je n'ai pas entendu.
  – Tu vas l'aider n'est-ce pas ?
  Ai-je vraiment le choix ?
  – Bien sûr.
  – Merci.

  Je ressors de mon dortoir, un guide du poker de Gandalf dans mon sac, et me dirige vers la salle d'arithmancie pour pouvoir le donner à Tahlia. Nous sommes mercredi et hier je ne l'ai pas croisé de la journée donc il ne me reste plus que trois jours (ou quatre selon le point de vue) pour l'éviter de finir :
          1. ruinée
          2. blessée
          3. complètement folle (mais je ne pense pas que ça changerai grand chose à la normale)
          4. morte
  Ça va être fun.
  Quand j'entre dans la salle, elle est déjà installée avec Steven et les deux rient déjà. J'arrive face à eux et pose lourdement (violemment) le livre sur leur table.
  – Oh salut Weasley. Qu'est-ce que c'est ?
  – C'est pour apprendre à jouer pour le tournoi.
  – C'est gentil mais Stevie, ici présent, a dit qu'il m'aiderait.
  Je les regarde tour à tour, une expression amusée sur le visage mais j'insiste malgré tout :
  – Mais Angie m'a dit de t'aider.
  – Oui mais non. Steven a dit que t'étais un petit peu nul du coup si je ne veux pas perdre, vaut mieux que je me fis à lui.
  – Mais t'es bien partie parce que tu sais mentir. Tu m'as fait croire que tu savais jouer, affirme le blond.
  – Oui Angelina m'avait dit que sa sœur était une petite menteuse, je lance tandis que son visage se crispe.
  Elle pince les lèvres et avale sa salive tout en évitant mon regard. J'ai dû toucher un point sensible.
  – Ah bon ? demande-t-elle en feignant l'étonnement
  – Oui elle m'a dit que tu gagnais toujours au Loup-Garou quand vous étiez petites, je me rattrape.
  Son expression revient à la normale. Je soupire, rassuré qu'elle ne me haïsse pas en moi d'une semaine. Aujourd'hui, je n'aurai donc pas affaire à son regard meurtrier que je lui ai déjà remarqué.
  – Bref, c'est Stevie qui va m'entraîner !
  Pourquoi ne veut-elle pas de moi ? Ne m'avait-elle pas clairement dit que je lui plaisais la fois dernière ? Qui plus est, je ne vois pas comment peut-elle préférer Taylor à moi. Alors que je me creuse la tête à la recherche d'un autre argument pour qu'elle vienne avec moi, le blondinet m'offre la victoire sur un plateau d'argent :
  – Non mais laisse-le t'entraîner Tahlia, j'ai une rédaction à faire cet après-midi et après je ne suis plus trop libre le reste de la semaine...
  – Mais tu m'as clairement dit qu'il était nul, se plaint la brune avec une moue d'enfant capricieuse.
  – T'as oublié que je joue au poker de Gandalf ? J'ai peut-être un peu exagéré sa nullité...
  Un peu ? Qui est-ce qui arrive toujours à la dernière table ? Un indice : ce n'est pas une brindille. Un deuxième indice : c'est un roux très charismatique.
  – Ça va les chevilles ? pouffe Tahlia
  – C'est moi que tu traites de brindille ? se vexe Steven Taylor en même temps
  Aucun de nous trois ne peut en dire plus car la professeur s'installe et son bureau et nous demande de faire de même.
  À ma grande surprise, quand sonne la fin du cours, Tahlia est postée devant mon bureau.
  – Oui ?
  – T'as un cours à me donner, t'as la mémoire courte ?
  – Mais j'ai d'abord un cours à suivre. Pas toi ?
  – Roh faut savoir à la fin ! Tu me forces à accepter ton aide mais quand c'est le moment, y'a plus personne.
  Sur ce, elle s'en va. Est-ce que sécher un cours dès la première semaine de l'année est très intelligent ? Mais au fond, ce n'est que de la botanique. Et puis ça mettrait fin à mes chances d'avoir une quelconque amitié avec Tahlia la connaissant. En plus, qui a dit que j'étais quelqu'un d'intelligent ? J'attrape donc rapidement mes feuilles et mon manuel dans une main, mon sac dans l'autre et je lui cours littéralement après. Elle marche vraiment vite.
  – Johnson ! je l'arrête
  – J'ai bien cru que tu n'arriverais pas, soupire-t-elle. On va où ?
  Je ris en me rendant compte qu'elle m'attendait et lui dis de me suivre. Je l'emmène dans ma salle habituelle, celle où je passe du temps avec Angie mais cette dernière étant en cours, elle est libre. Installé autour d'une table je lui pose la question cruciale pour savoir si oui ou non elle s'en sortira samedi :
  – Est-ce que tu es forte en sortilège ?
  Dans ma tête, je croise chaque partie du corps qu'il m'est possible de croiser pour qu'elle dise oui. Mon nez se fronce quand elle me demande de préciser.
  – Genre les sortilèges informulés.
  – Oh ça, me répond-elle comme si c'était la chose la plus simple à faire, affirmatif prof.
  – Tu pensais à quelque chose de plus difficile ?
  – En vu de la façon dont vous me parliez de ce jeu je m'attendais à pire.
  – Comme ?
  – Tu ne veux pas savoir.
  Je n'insiste pas plus et commence à lui expliquer le déroulement d'une partie. Je lui dit que si elle connaît les bases du poker elle devrait s'en sortir mais bien évidement elle renchérit en me disant qu'elle ne connaît rien de ce jeu, sinon ça ne serait pas drôle.
  Pendant plus d'une heure et demie, je lui parle en lui montrant des combinaisons de cartes, des pages du bouquin, des mouvements de baguettes... Et ça aurait pu continuer longtemps car aucun de nous ne semblait fatigué, découragé ou même ennuyé (ce que j'ai trouvé étonnant de sa part), on a même rit plusieurs fois et elle ne m'a pas dit qu'elle voulait me tuer une seule fois. On fait de gros progrès entre elle et moi.
  C'est Angelina qui nous a interrompu :
  – Mais je vous trouve enfin !
  Son visage a un mélange de sourire et de ce jeu de sourcils qui signifie qu'elle n'est pas contente. Tahlia semble le remarquer aussi car elle se redresse sur sa chaise.
  – Faites pas cette tête d'innocent, vous avez séchés ! Et Tahlia ose me dire que ce n'était que de la botanique et je reprends le pull que je t'ai prêté hier !
  Je ne la vois pas mais je sais que Tahlia sourit, c'est pourquoi ma copine roule des yeux. Grossière erreur, ça fait rire Tahlia.
  – Insupportable, marmonne-t-elle. Vous venez ? Vous avez suffisamment travaillé aujourd'hui. Tu vas achever ma soeur sinon, ajoute-t-elle à mon égard ce qui me fait sourire à mon tour.
  Elle quitte la pièce en soupirant tandis qu'elle annonce qu'elle nous attend dans la Grande Salle. Quand elle a claqué la porte elle a répété que nous étions insupportables mais je suis presque sûre qu'elle souriait.
  – Ma mère râle exactement de la même manière, ajoute Tahlia, ce qui nous fait rire tous les deux.
  – C'est vrai qu'elle ressemble fort à votre mère au niveau du caractère, je commente.
  On avance dans le couloir et après avoir pesé le pour et le contre je lui pose la question :
  – Et donc toi tu ressembles à ton père ?
  Un rire dénué de toute joie sort de sa bouche tandis qu'elle ajoute sur un ton tout aussi triste :
  – Si mon père t'avais entendu dire ça, il t'aurait transformé en rat. Jamais il n'accepterait qu'on me compare à lui, ça serait une insulte à son image.
  Je pense que je devrais revoir mes calculs la prochaine fois avant de parler. Ou peut-être tourner ma langue sept fois dans ma bouche. Tout ce que je sais c'est que ma question l'a fait fuir car au lieu de tourner pour aller vers la Grande Salle, elle continue dans ce couloir.
  – C'est par-là ! je lui indique
  Elle ne se retourne pas et ne ralentit encore moins.
  Un choix s'offre donc à moi :
          a. je la suis pour essayer de l'aider ou juste pour qu'elle se sente épaulée bien que je sois prêt à parier qu'elle m'enverra balader
          b. je la laisse dans son malheur (ce qui est probablement ce qu'elle veut) et je rejoins mes amis pour m'amuser dans la Grande Salle

Ça reste en famille - fred weasleyWhere stories live. Discover now