OC-tober : Hell.

[Day 3] : Ritual

— Rituel —
(Rite, coutume : ensemble des règles et des habitudes fixées par la tradition.)

Le vent souffle.

Le ciel est bleu.

Une lumière puissante éclaire l'ensemble de la vallée.

Une vallée magnifique, où pousse une herbe émeraude et des fleurs rouges comme des rubis, blanches comme neige et jaunes comme des soleils.

Une petite fille court dans ce champ de bonheur. Elle est accompagnée d'un homme, grand, musclé, avec des cheveux courts et des yeux rieurs. Il lui sourit avec tendresse.

Sans hésitation, elle prend sa grande main calleuse dans ses petits doigts potelés. Elle l'entraîne alors avec lui, et ils courent, loin, loin vers l'infini, vers les rêves, et vers Maman qui leur fait des signes de la petite colline, là-bas.

Soudain, l'homme s'arrête, et l'enfant se retourne, surprise. Il paraît si grand dos au soleil, comme une ombre gigantesque qui ne cesse de grandir, mais pas effrayante, au contraire ; une ombre qui veut la protéger.

L'ombre la saisit sous les aisselles pour la soulever et la blottir dans ses bras. Elle passe ses mains autour de son cou et pose sa tête sur son épaule. Le sourire de l'homme, tel un ange maintenant face au soleil, baigné de lumière, s'élargit. Il entrouvre les lèvres, et chuchote à la petite fille :

— Ma chérie...

Il lève alors les bras et la fait voler telle une fée. L'enfant rit d'une manière cristalline, poussant des petits cris de joie quand l'ange lui fait faire des loopings, et des tours, et des tours, et des tours...

Il revient doucement à sa position initiale, et la fée pose ses petites mains sur les joues barbues en gloussant.

Un calme s'installe doucement dans la vallée. Le soleil décline.

Ils vont bientôt rejoindre Maman. La petite fille s'endort lentement dans les bras de l'homme. Il lui passe alors un doigt sur la joue.

Elle ouvre les yeux vivement. Elle sait. C'est le moment. Il va lui dire ces mots qu'elle a tant attendu, ces mots emplis d'un sens qu'elle désire plus que tout, ces mots...

Il ouvre la bouche. Il va le faire. Elle le sait, elle le sent.

— Ma chérie...

Elle relève les yeux vers ce visage qui doucement s'éclaire au crépuscule.

— Je t'eleanor.

Hein ?

Son expression s'assombrit progressivement, sans qu'elle ne puisse rien y faire. Et il le répète, encore et encore, et son horreur ne fait que grandir, et elle voudrait qu'il arrête, et elle se plaque ses petites mains sur ses oreilles, en priant pour qu'il arrête.

— Je t'eleanor, je t'eleanor, ma chérie...

Elle ouvrit les yeux.

— Eleanor, réveille-toi.

Elle battit des cils délicatement et se frotta les paupières, en effaçant par la même occasion les larmes coincées au coin de ses yeux. Elle essaya de réprimer la boule qui se formait dans sa gorge, sans succès.

Elle poussa un soupir avant de se redresser. Ses mains se posèrent entre ses jambes, pendues dans le vide. Sa coiffure se trouva alors prise dans la brise et ondula au rythme du vent.

— C'est dangereux de dormir ici.

— Je sais.

Une lumière tamisée illuminait la cité de Piltover, les grands bâtiments blancs et dorés, la foule dans les rues. Quelques cris résonnaient au loin ; l'agitation matinale dans le centre-ville, ou bien des mouettes marquant leur territoire.