9. Control

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Eden (TW)

☀️☀️☀️

Dans l'appartement de ma sœur, le grand canapé rouge était pratiquement placé au milieu de la pièce, ce qui nous laissait de l'espace entre ce dernier et la grande fenêtre du salon. Et bizarrement, ce petit endroit reclus, presque caché, était devenu mon refuge.

Adossé à l'arrière de ce canapé, assis par terre, je contemplais le monde extérieur et le soleil qui se couchait sur la ville de Londres. D'ici, je ne voyais pas la rue, mais ce n'était pas grave parce que c'était loin d'être ce qui m'intéressait. Mon regard était plutôt attiré par le ciel et toutes les couleurs qu'il nous offrait.

La journée avait été fraîche mais dégagée, ce qui me laissait le plaisir de savourer ce spectacle. Regarder le ciel m'apaisait. Et j'avais toujours trouvé un grand réconfort dans la contemplation des étoiles. Lorsque mon esprit réfléchissait trop, lorsque j'étais victime d'insomnies, lorsque mes démons me rattrapaient en pleine nuit et me donnaient des pulsions stupides, je me posais devant une fenêtre et observais les étoiles. Des astres qui paraissaient si calmes vu de notre Terre alors que ces boules de gaz se déchainaient à des années-lumière d'ici.

Je n'étais donc pas le seul à cacher une tempête intérieure.

Le ciel de ce soir donnait l'impression d'être si calme, si doux. Il se contentait de nous offrir un spectacle magnifique avec des couleurs faites d'oranges et de rouges avant de s'assombrir pour laisser vivre les étoiles. C'était leur moment de briller.

C'était magnifique, réconfortant, la beauté d'une nuit apaisée.

Loin de ma propre tempête.

Autour de moi, trois des cinq boîtes hermétiques que m'avait préparées ma sœur gisaient au sol. Vides. Par ma faute.

Il ne restait plus rien, et quelques minutes m'avaient suffi pour craquer.

Je m'étais laissé aller à mes pulsions, à mon besoin de ressentir quelque chose, à mon besoin de me sentir comblé. J'avais perdu le contrôle. Et je me détestais pour ça.

J'avais promis à ma sœur que tout ira bien sans elle, que j'étais un grand garçon qui pouvait se débrouiller tout seul. Visiblement, ce n'était pas le cas.

Eliza était partie hier, tôt le matin pour son premier vol long-courrier. Je l'avais simplement croisée mais j'avais eu le temps de la rassurer et de la convaincre – avec mon plus grand sourire – que tout ira bien. Je n'étais qu'un menteur.

Une journée avait suffi pour que je fasse une connerie. Une journée seulement pour laisser mes démons gagner.

Une seule journée pour laisser le vide que je ressentais gagner. Et je n'avais pas pu m'empêcher de le combler de la seule manière que je connaissais.

Je me sentais seul, profondément seul et vide. Et ça faisait mal. Encore plus lorsque la honte s'était ensuite immiscée dans le chaos que j'étais devenu.

Et désormais, les yeux brillants et la tête appuyée contre le dossier de ce canapé, je sentais les regrets me compresser la gorge comme une main vicieuse qui me tiendrait prisonnier.

Je me sentais pathétique, je me sentais coupable et surtout, je me dégoûtais.

Je n'avais pas besoin d'être à la maison pour entendre les mots de ma mère. Ils résonnaient à cet instant dans mon esprit comme si elle se tenait juste à côté de moi, me chuchotant à l'oreille. J'entendais ses reproches et ses critiques. Je l'entendais me passer un savon, je l'entendais clairement dire que j'avais encore cédé à un de mes caprices et que j'allais encore grossir, ruinant tous les efforts qu'elle avait fait pour moi. J'entendais sa voix acerbe me reprocher de ne pas faire attention, de ne pas savoir me contenir. Et je sentais d'ici son dégoût.

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