SHINING

5. Awkward

Eden

☀️☀️☀️

Je donnais tout ce que j'avais et jouais la comédie comme j'avais tant l'habitude de le faire. C'était vrai après tout, je n'étais pas dépaysé.

C'était presque la fin de mon premier cours de théâtre et notre professeur nous avait divisé en deux équipes pour une improvisation. L'une devait raconter, décrire les émotions, et l'autre devait les illustrer, les jouer. J'étais dans cette deuxième équipe et lorsque ce fut au tour de la joie d'être jouée, je savais que je serais dans mon élément.

J'avais fait ça toute ma vie. Coller un sourire sur mon visage et distribuer de la bonne humeur à qui en voulait, prétendant être joyeux et tout à fait bien dans mes baskets. Alors je n'étais peut-être pas un pro du théâtre mais ça, je savais le faire.

J'avais un peu appréhendé le premier cours de mon option théâtre. C'était différent de tout ce que j'avais fait auparavant et je savais que l'esprit de groupe, l'interaction sociale serait évidemment au centre de ce cours. Alors j'avais pas mal angoissé avant de rentrer dans ce petit auditorium. Je pensais à des choses toutes bêtes, me demandant si les autres étudiants allaient m'apprécier, si je n'allais pas me ridiculiser, si je n'allais pas être moqué.

J'étais rentré dans cette salle le sourire aux lèvres mais la boule au ventre. Et, finalement, j'avais apprécié ce moment. J'avais été bien accueilli, l'ambiance était chaleureuse, les étudiants semblaient aussi passionnés que moi et le professeur était légèrement fou mais toujours souriant. Certain avaient déjà fait du théâtre et pourtant il n'y avait pas de jugement vis-à-vis de ceux qui étaient novices. D'ailleurs j'avais été rassuré de voir que je n'étais pas le seul débutant dans ce cours. Ça s'était bien passé et j'en étais rassuré, peut-être même que je réussirais à me créer d'autres amitiés ici.

C'était bizarre de ne plus avoir Issa à mes côtés, qui parlait sans cesse à mon oreille. Il ne participait pas à ce cours là – même si j'étais convaincu qu'il ferait un carton auprès du groupe. Mais c'était peut-être pas plus mal. Avec Issa, c'était facile, c'était lui qui était venu vers moi. Ici, je savais que ce serait à mon tour de faire un pas vers les autres.

Et je sentais que l'excuse du théâtre, des improvisations et du travail de groupe m'aiderait beaucoup à m'intégrer et à m'épanouir. J'avais déjà beaucoup apprécié ce premier cours. C'était libérateur d'exprimer tous ces sentiments différents. C'était libérateur de s'exprimer, tout simplement. Et c'est pour ça que j'avais choisi de m'inscrire à cette option, après mûres réflexions.

J'aimais cet univers. Je crois que j'aimais le théâtre presque autant que la danse.

J'avais réussi à me changer les idées pendant ce cours, j'avais réussi à tout oublier pour simplement profiter du moment. C'était agréable.

Cependant, maintenant que le cours touchait à sa fin, ce qui n'avait pas quitté mon esprit depuis ce matin revint comme un boomerang. Je ne savais pas quel était le problème de mon cerveau et encore moins celui de mon cœur d'artichaut, mais l'image de Robin ne cessait de me revenir. Lui et son élégance, lui et son sourire, lui et sa bienveillance.

J'avais été surpris de le voir arpenter les mêmes couloirs dans la même université que moi. J'avais été encore plus surpris quand j'avais compris qu'il était infirmier ici et qu'il avait son propre bureau. J'avais été un peu gêné aussi – voire beaucoup – de m'être retrouvé dans ce fameux bureau après lui être rentré dedans. Je n'avais cessé d'y repenser depuis.

Et aujourd'hui, j'avais une idée qui pourrait à nouveau me ridiculiser. Pourtant, je n'arrivais pas à me l'enlever de la tête.

A part pour cette coupure que m'avait apportée le cours de théâtre, j'avais eu du mal à me concentrer de toute la journée. Maintenant que nous étions en train de ramasser nos affaires, mon envie de le revoir était mon unique objectif.