Un homme au T-shirt étirée par son surpoids est assis juste derrière ce fameux comptoir. Il ne prête aucune attention à moi et reste cooncentré sur le petit poste de television placé sur le mur.

Le marchand de sommeil est plongé dans une série mexicaine. Je n'existe pas pour lui et j'en ai la confirmation quand un couple d'une nuit fait son apparition dans la pièce.

L'homme qui tient la jeune femme par la main doit avoir plusieurs grammes d'alcool dans le sang. Il avance vers le comptoir en me dépassant sans se préoccuper des bonnes manières.

Il n'y a plus aucune doutes, nous sommes de l'autre coté de la ligne ici. Les codes semblent inversés.

Le réceptionniste le fixe une fraction de seconde avant de lui tendre la clé d'une chambre.

— La 12 Tino, et me dégueulasse pas les murs cette fois , prévient-il en relachant le trousseau dans la main de ce fameux Tino.

J'ai la nausée.

Le mec lui ne bronche pas. Seul un rire gras sort de la bouche de Tino, il tire de nouveau sur sa blonde. Elle est la seule qui semble m'avoir remarqué.

Elle fixe mon Birkin. Puis le sac Yves Saint Laurent que je porte en bandoulière. Une étrange lueur s'allume dans son regard noir.

— Des contrefaçons, dis-je avec une peur irrationnelle qu'elle se jette sur moi pour me les arracher.

Elle lève les yeux au ciel, et l'un de ses faux cils est à deux doigts de prendre son envol.
Le couple finit par emprunter une porte que je présume être la cage d'escalier.

Ou suis-je? Je n'ai vu aucun taxi, pas de gare, aucun arrêt de métro. Rien.

— Ouais? C'est pour la nuit? M'interpelle le réceptionniste.

J'existe enfin. J'avance de quelques pas en prenant soin de ne pas toucher aux comptoirs poisseux.

— Oui...

— T'es toute seule? Un mec va te rejoindre? Je te préviens tout de suite, y'a des règles à respecter ici. C'est deux par chambre. Pour les délires à trois c'est pas ici. La literie est pas adapté.

Quelle offense! Je reste sciée par les propos de cet inconnu.

Pour qui se prend-il? Non, plutôt, pour qui ME prend t-il?

— Je suis seule. Il n'y aura que moi.

Je me précipite à répondre en présentant que c'est peut être pas une bonne idée d'affirmer ce genre de chose.
Sans jamais relever son corps flasque de son siège à roulette.

— C'est dix dollars.

— Très bien.

Je sors un billet de cent dollars. Il élargie ses deux petits yeux encadrés par une barbe haute et des sourcils touffus.

— J'ai pas de monnaie.

— Vraiment rien?

— Non. Pas aujourd'hui en tout cas.

One to oneWhere stories live. Discover now