Chapitre 8

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Il était bientôt 18h et la journée ici était presque terminée, le Jacob K. Javits Center était un lieu à l'architecture impressionnante. Il se dressait avec ses murs en verre et avait l'apparence de blocs qu'on avait collés les uns aux autres. Le plus subjuguant restait l'intérieur qui donnait toute une vue à l'extérieur grâce aux vitres : un géant de verre et de fer avec son labyrinthe de pièces. C'est donc ici en ce jour que ce cher Walter avait participé à deux conférences et visité le reste des ateliers dans la journée, il y avait énormément de monde et je ne mis pas longtemps à me fondre dans la masse et le repérer dès son arrivé. 

Son garde du corps était facilement remarquable : costume noir, son arme sur sa ceinture et le système de radio pour communiquer avec la police en cas de problème. Il n'était pas systématiquement collé à lui, mais restait dans un rayon de dix mètres, suffisamment loin pour ne pas gêner les déplacements de son patron mais suffisamment proche pour attaquer en cas de problème. Son arme était sur le coté droit donc gaucher, par sa carrure, son passé et ce que j'avais lu sur lui, il devait bien évidement maitriser les techniques de corps à corps, karaté ou boxe thaï : je ne serais pas de poids, il m'aurait très vite mis au tapis. Du coup pour le neutraliser je devais agir de loin et pour ça quoi de mieux qu'une bonne vieille recette de grand-mère, une grand-mère très spéciale.

Le mélange de flunitrazépam, zolpidem, kétamine et de scopolamine était un bon vieux cocktail  de soumission chimique, il mettait généralement la victime dans un état passif avant de la plonger dans un état confusionnel qui aboutissait toujours à une amnésie. A son réveil, la personne ne se rappelait généralement rien ou avait juste quelques petits flashs mais rien de bien précis. Un procédé simple mais tout de même efficace surtout dans notre cas, les effets duraient quelques heures cependant lorsque l'on remplaçait le zolpiderm par du prazepam, les heures se transformait en jours pour une personne de taille moyenne : c'est une substance active très dangereuse normalement utilisé pour traiter les patients souffrant d'anxiété sévère, mélangé avec d'autres anxiolytiques ou encore de l'alcool, le résultat était explosif.

La soumission chimique prenait relativement vingt à trente minutes avant de faire effet, elle ressemblait fortement à de l'eau nul été le léger arrière-gout salé. Fort heureusement pour moi, ce salon qui abordait des termes techniques du monde pharmaceutique semblait ennuyer cet homme, il avait passé sa journée à consommer tout sauf de l'eau, je l'avais même surpris à ajouter de l'alcool en fin de journée : pas très professionnel mais très à mon avantage. Il ne s'en était pas rendu compte mais il buvait à cet instant son cinquième vers contenant ce GHB modifié. La drogue avait commencé à faire effet : démarche beaucoup moins assurée, quelques légers vertiges, trouble de la vue et surtout baisse de la vigilance, c'était le moment.

Quelques heures plutôt, Nina avait réussi à savoir quelle voiture la compagnie de location avait prévu pour récupérer M. Green, il s'agissait d'une Bentley Mulsanne. Limousine de couleur bleu nuit, intérieur en cuir beigne assortie à la moquette, tableau de bord en placage de chênes, on ne faisait pas dans la dentelle avec ses voitures de luxe. Seulement, enlever M. Green dans cette voiture s'était se tirer une balle dans le pied. Cette limousine était repérable à des kilomètres, de plus elle était surement munie d'un système de traçage GPS : on ne pouvait pas prendre le risque de se faire voler ou perdre un bijou pareil mais même avec une balle dans le pied, on pouvait quand même boiter.

Les officiels de l'évènement se faisaient prendre devant le bâtiment c'est donc tranquillement que M. Green se dirigeait vers la voiture qui stationnait devant la sortie. Toutefois, il ne savait pas que son chauffeur initial se trouvait en ce moment attaché et bâillonné dans le coffre de la voiture, il avait été si facile de l'immobiliser que s'en était presque ridicule, c'est Nina qui se trouvait au volant, il fallait impérativement que les caméras de surveillance extérieures du bâtiment le voient entrain de quitter les lieux dans la voiture qui avait été prévu pour lui. Elle devait rouler jusqu'au point de rencontre afin qu'on puisse changer de voiture le plus vite possible.

J'enfonçais encore plus la casquette sur ma tête et suivait de près le garde du corps, il avait ralenti la cadence, il s'approchait lui aussi de la voiture ou il devait monter mais pile au moment où il avait ouvert la portière, s'était écroulé sur le parvis du bâtiment alarmant ainsi les personnes de la sécurité, les autres aux alentours et le plus important pour moi le chauffeur qui devait le conduire. Parfait, l'attention de tout le monde était détournée et son patron n'avait pas suivi ce qui s'était passé et était monté dans la voiture qui quittait déjà la rue. Je marchais posément d'abord, fis mine de m'intéresser à ce qui se passait puis quittait l'évènement en accélérant progressivement la cadence. Je traversais la onzième remontait plus haut dans la rue et grimpait dans la voiture.

J'accélérais afin de les rattraper, la distance entre le Four Season et le Jacob K. Javits Convention Center était de 12 minutes lorsqu'on prenait la voie bordant le fleuve Hudson, l'échange se ferait dans un des parkings de l'espace vert bordant le fleuve, il faisait sombre donc il ne devrait y avoir quasiment personne. Je ne mis pas longtemps à repérer la Bentley et roulait maintenant derrière elle en esquivant les autres véhicules devant moi. Nous progressions ainsi pendant un moment, l'endroit n'était plus très loin, la voiture mis son clignotant tourna à gauche pour se garer dans le parking désert.

Je l'imitais, me garais en catastrophe et descendis le plus vite possible avant de grimper dans la voiture de luxe dont les portières n'étaient pas condamnées. Je me glissais dans l'intérieur en cuir et profitais du moment de confusion de ma proie pour sortir la seringue qui était dans la poche de ma veste.

- Mais qu'est c...

Je le maitrisais en quelques seconde avant qu'il ne puisse terminer sa phrase et enfonçais l'aiguille à la base de son crane afin de répandre le liquide dans son système sanguin. Il se débattait comme un chien, me donna quelques coups dont un très fort sur le côté gauche de mon visage, mais ne mis pas longtemps à succomber à la drogue, je liais ses mains et ses biens, bâillonnais sa bouche, le soulevais comme un sac d'os afin de le jeter dans le coffre de l'autre voiture. Nina descendit ensuite, retira ses gants et libera ses mèches brunes qui étaient emprisonnées dans la casquette qu'elle avait enfilé avant de s'installer coté passager. Je regardais une dernière fois à l'intérieur pour vérifier que rien n'avait été oublié puis montais à mon tour afin de nous éloigner le plus possible de la scène de kidnapping.

- Ça va ? me demanda Nina après quelques minutes de trajet en se tournant vers moi. Tu as reçu un coup sous l'œil, me fit-elle remarqua

- Oui ça va, lui répondis-je en touchant la zone qui avait commencé à s'enflammer. Ça ne fait pas si mal et toi ça va ?

- Oui, souffla-t-elle en retirant ses lunettes de soleil, je veux juste qu'on en finisse

Je jetais un regard vers elle, elle enlevait la veste qu'elle avait mise, s'était adossée au siège et regardait la route mais ses cheveux cachaient son visage, elle avait croisé les bras sous sa poitrine lourde que son chemisier que je découvrais en cette début de soirée, m'était un trop en valeur, chic et distinguée en toute circonstance. Elle avait croisé ses jambes ce qui fit remonter sa jupe sur le haut de ses cuisses, je ne sais pas si elle s'en rendait compte mais chacun de ses gestes, qu'il s'agisse de sa simple manière de respirer ou de marcher, démontrait un sex-appeal indescriptible. Belle, intelligente, mystérieuse : cette fille était dangereuse peut-être tout autant que moi mais elle avait son domaine de prédilection et moi le mien. Seulement, et je devais l'avoué lorsqu'une femme était aussi redoutable qu'un homme, il fallait s'en éloigner car à tous les coups c'est elle qui gagnerait. Je devais taire les pulsions qu'elle faisait naitre en moi, il fallait que j'arrête d'y penser mais heureusement j'aurais à me concentrer sur d'autres pulsions pour le moment. Des pulsions que j'avais essayé d'endormir jusque-là. Je sentis l'excitation m'envahir en pensant au sort qui était réservé à l'homme dans le coffre, enfin j'allais pouvoir contenter la bête qui se trouvait en moi. 

PoisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant