22 - Phoebe : Did you give up on me ?

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Une voix grave se fait entendre au bout du fil, mais je suis trop loin pour l'entendre. Je ne mets cependant pas longtemps à connaitre l'identité de l'interlocuteur ; le visage de Connor se ferme complètement, et ses yeux se vident de leurs émotions. Il n'y a qu'une seule personne au monde ayant cet effet sur lui, et c'est son père. James Parker, CEO du cabinet d'avocats Parker & Sons, domicilié à Sydney.

— Oui, Père, je révise. Je serai prêt pour mes examens.

Il ferme les yeux, débitant ses réponses sans trembler comme s'ils les avaient apprises par coeur. À l'autre bout de la ligne, le ton semble monter, car les muscles de Connor se font plus saillants de seconde en seconde.

— Non, je ne surfe pas. Je vous l'ai promis. Père, si c'est pour me faire une énième fois la leçon... Que voulez-vous ? Pourquoi avoir appelé ?

Il y a un moment de pause, puis Connor acquiesce. Sa mâchoire se serre, et il raccroche.

— Qu'y a-t-il ? m'enquis-je.

— Ça aurait pu être pire, soupire Connor en retombant contre le matelas, étirant ses bras derrière lui. Il m'a demandé de sortir le bateau, pour vérifier le bon fonctionnement du moteur.

J'opine, et lui jette un regard désapprobateur :

— Tu ne devrais pas lui mentir.

— La vérité ne fonctionne pas, avec lui, bougonne-t-il. Pour mon père, il n'y a que le droit et son cabinet qui comptent. Le bonheur de son fils est secondaire. Si je dois proférer un petit mensonge une fois par mois, quand je l'ai au téléphone, pour que nous soyons tous les deux tranquilles, alors ainsi soit-il.

— Ce n'est qu'une solution temporaire, reproché-je, en levant les yeux au ciel. Il se rendra bien compte un jour que tu ne travailles pas. Ne serait-ce que parce que l'université va appeler, parce que tes résultats seront en baisse...

— Jusqu'à présent, je m'en sors très bien sans avoir jamais révisé, ou très peu, m'annonce-t-il en quittant le lit, d'un ton irrité. Je suis douzième de ma promo, sans avoir jamais ouvert un cahier. Je suis biberonné à tout ce merdier depuis l'âge où je peux marcher, Phoebe, ne l'oublie pas.

Il enfile et un t-shirt d'un mouvement rapide et agile, et quitte la chambre en m'annonçant faire du café. Je soupire en le regardant s'éloigner, et me décide à quitter le lit à mon tour.

Il est vrai que Connor est très bon pour faire l'imbécile, multipliant les blagues et les plans foireux, révisant au dernier moment — ou pas du tout. Mais au lycée, ses notes étaient exemplaires, le genre qui demande des heures de travail. C'était d'ailleurs quelque chose qu'il adorait me faire remarquer, moi qui travaillais énormément — et autant préciser : je détestais cela.

Ma vision est encore floue tandis que je descends les escaliers, et je dois me concentrer pour marcher droit. Ce n'est pas chose évidente quand on a le sentiment que quelqu'un s'amuse à vous marteler le crâne telle une enclume.

— Tout va bien ?

Connor, sa tasse de café à la main, me regarde bizarrement. Toute trace de son récent agacement a disparu, tandis qu'il quitte la cuisine pour me rejoindre. J'opine, mais ma réponse ne doit pas être très convaincante, car il secoue la tête et murmure un juron. Sans me permettre de protester, il me prend le bras et m'oblige à m'appuyer contre lui. Il m'assoit ensuite sur un fauteuil dans le salon, et me tend ma tasse de café.

— C'est ta tête qui te fait mal ?

— Oui. Mais ne t'inquiète pas, je vais bien. C'est...

— Je savais que j'aurais dû t'y emmener hier soir.

Follow your fireWhere stories live. Discover now