Prologue

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" Nous sommes la lumière, nous sommes l'espoir.

Le mal et le chaos, nous avons su dompter.

Nous gardons en mémoire le sacrifice de la vérité.

Ce qui gangrène l'univers disparaîtra dans le noir.

Le Quasar protège le cosmos"


Cyrus lisait la charte écrite en grand sur le mur, dominant tous les officiers présents dans la pièce. Même en se trouvant à l'autre bout de la salle, on pouvait toujours la lire d'une manière parfaitement visible. Le dicton résumait les idées et l'objectif de Quasar, l'organisme militaire chargé de veiller au bon fonctionnement de l'univers et de la cohésion entre les différents peuples des différentes planètes, particulièrement celles qui étaient vulnérables aux pirates, aux brigands et aux terroristes de toute sorte.

Mais pour l'heure, Cyrus était concentré sur ce qui était vraiment important ; la pile de dossiers et de fichiers qui s'étalait sur son bureau. Sa récente promotion au titre de capitaine lui avait fait hériter d'une montagne de paperasse, inhérente à toute organisation qui se respectait un minimum. Enfin... ce n'était pas vraiment sa paperasse, mais celle de ses subordonnés qu'il avait récupérée. Sa propre pile était déjà triée, rangée et classifiée depuis un bon moment, mais il ne supportait pas de voir les documents de ses collègues s'entasser dans de monstrueux tas de papier vaguement stables qui ne cessaient de s'élever et de manquer de s'écrouler à tout moment.

Cyrus venait de remplir le dernier rapport d'arrestation qui était présenté devant lui. Ils avaient augmenté davantage au cours de ces dernières années. Il faut dire que la criminalité se répandait de plus en plus dans la galaxie, même au sein des planètes sous l'influence de Quasar. Protéger le cosmos face à autant de criminels était décidément une tâche longue et éreintante, mais bon, qui cela étonnait-t-il ?

«Ah, tu es là, Cyrus ! »

Cyrus releva la tête ; Vegaris venait de faire son entrée dans la pièce. Il passa un coup de chiffon sur ses médailles accrochées à son uniforme, se dirigea vers le bureau de Cyrus et se pencha vers lui.

« -Tu as raté la réunion des capitaines ! Tu t'es trompé dans ton agenda ? lança son collègue avec un grand sourire niais.

- Non, j'avais juste la flemme, répondit le concerné en rabaissant la tête vers son bureau.

- Tu es encore dans ces vieux papiers ? Mon pauvre, comme je te plains, tes collègues ont encore abusé de ton efficacité... »

En prononçant ses mots , il avait lui-même placé discrètement quelques-unes de ses feuilles dans la pile de Cyrus, ce qui n'avait pas échappé au regard de ce dernier.

" Bon, as-tu d'autres choses à me dire, qu'on en finisse avec cette conversation ?" demanda Cyrus dans sa nonchalance habituelle.

Vegaris marqua une pause et porta son doigt à son triple menton, mimant qu'il était en train de réfléchir.

« On a reçu des ordres lors de la réunion. Des ordres d'en haut, déclara-t-il finalement. Ils veulent savoir si n'importe qui aurait trouvé une piste sur la Corne. »

Cyrus releva la tête vers son collègue, curieux. Ça faisait très longtemps que cette vieille histoire n'avait plus été abordée. La Corne était une légende urbaine au sein de l'institution, rien n'a jamais prouvé qu'elle existait. Pourquoi ses supérieurs déterraient ce vieux mythe ?

« Je n'ai rien trouvé de nouveau depuis un bail, finit par répondre Cyrus. A vrai dire, ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de chercher quoi que ce soit par rapport à la Corne. Je doute qu'elle ait vraiment existé un jour, sinon ça ferait déjà longtemps qu'on l'aurait trouvée. Pourquoi le haut de la hiérarchie s'y intéresse à nouveau ? »

Vegaris haussa les épaules. Puis, en esquissant un sourire en coin, il lui fit un coup de coude.

« - Personne n'a pu trouver d'indices par rapport à cette affaire depuis une belle lurette ! Si tu veux mon avis, ce serait l'occasion d'en avoir pour son grade ! Toute cette affaire, ça sent la promotion pour celui qui réussit à plein nez. Alors, si tu finis par trouver un petit truc en lien avec cette Corne, tiens-moi au courant, hein ?

- Hmm, » se contenta de marmonner Cyrus.

A force de se coltiner Vegaris, il avait fini par développer des techniques fortes utiles pour tenir une conversation avec lui sans trop se fatiguer. En général, faire semblant d'acquiescer était le meilleur moyen pour clore une discussion avec son collègue. Dieu merci ce fut le cas aujourd'hui.

Après le départ de son confrère, Cyrus se leva à son tour et partit se dégourdir les jambes dans la base. La remise à l'ordre de l'affaire autour de cette fameuse Corne l'intriguait. Quasar était déjà en guerre contre plusieurs planètes comme Kapri ou Esseck , pourquoi perdre du temps et des ressources pour une légende urbaine ? Il fut sorti de ses réflexions par des mouvements sur sa droite : à travers une vitre, il pouvait voir des adolescents s'entraîner dans une grande pièce. Tous portaient l'uniforme des aspirants soldats et effectuaient ce qui ressemblait à une course d'obstacle, avec tout un parcours acrobatique, des prises d'escalade et des anneaux suspendus au plafond sur lesquels il fallait s'accrocher.

Les apprentis étaient nombreux. Cyrus y vit plusieurs humains mais aussi de très nombreux membres appartenant à d'autres ethnies venant d'autres planètes. Derrière eux se trouvait leur entraîneur, la bouche grande ouverte et les sourcils froncés, un chronomètre à la main. Et loin devant eux, une silhouette aux cheveux noirs et aux longues oreilles pointues qui devait être une des élèves menait la course d'obstacle d'un pas assuré et rapide, esquivant les obstacles avec une grande agilité. Elle avait une allure athlétique et un sourire fier gravé sur son visage. 

Cyrus passa en revue les autres élèves qui peinaient à la suivre. Certains n'étaient pas mauvais, d'autres l'étaient sans l'ombre d'un doute, et le reste n'était pas mal. Ils étaient ceux qui gonfleraient les rangs de Quasar et qui prendraient la relève. Mais Cyrus éprouvait une légère peine pour eux. Quoi qu'il advienne d'eux dans le futur, ils devront gérer cette affaire avec la Corne, qu'elle ait vraiment existé ou non. Contemplatif, le capitaine tourna là tête vers une fenêtre de la station spatiale. L'épais vide intersidéral sombre et immense parsemé de quelques astres s'étendait face à lui.

Au moins, cela leur donnera l'occasion d'explorer ce monde et les différentes planètes qui l'habitent en profondeur.

En s'accrochant à cette pensée, Cyrus pu presque ignorer cet infime sentiment que quelque chose de mauvais, de terrible, de dangereux, était en train de se mettre en place dans les profondeurs de l'espace et qui se répandait dans un léger frisson le long de sa colonne vertébrale.




La course de PandoreDonde viven las historias. Descúbrelo ahora