Jour 28 : La mémoire

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Je suis douée pour me souvenir des choses futiles de la vie.
Ce matin, j'ai bu un café en terrasse dans une rue assez chic dont j'ai oublié le nom. Je ne sais plus quelle sorte de café j'ai bu. J'ai oublié la date d'aujourd'hui. J'ai même fini par oublier qui j'étais.

En l'espace de quelques heures, j'étais une inconnue.

Les gens me voyaient sans me voir. J'écrivais seule des mots que j'oublierai probablement dans quelques jours. J'ai eu l'impression d'exister pour la figuration.
Le blanc cassé de ma peau brillait sous le soleil matinal, mon café tournoyant avec le mouvement de ma main qui tenait la cuillère. Une scène si banale, tellement lambda que j'eus comme un sentiment d'urgence, comme si mon corps allait subitement disparaître.

Ça m'a rappelé une chose, un rêve.
Une nuit, j'ai rêvé que je fondais. Je disparaissais et personne ne venait à mon secours.

Alors j'ai réalisé que je disparaissais réellement. Je m'effaçais lentement
de la mémoire des gens.

Ça m'a fait mal. Le sentiment d'urgence s'est amplifié, laissant place à une eau glaciale pétrifiant mes entrailles.

Je devais réagir.

Je ne pouvais plus me laisser m'enfoncer dans les abysses de l'oubli. Je suis douée pour me souvenir des choses futiles de la vie.  Il est temps de me souvenir du bonheur qu'on ressent quand des milliers de personnes vous déversent leur amour.

La vie est une lutte de tous les instants. Certains se battent à coup de mensonges et de trahisons. Je choisis la voie du silence, j'écouterai les voix de tout ceux qui n'en n'ont pas.

Je chanterai la vie, je chanterai l'espoir, je chanterai le salut.

Et j'espère que nombreux seront les gens qui m'entendront.

Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit, ainsi, je ne vous dérangerai pas.

Les Voix du silenceWhere stories live. Discover now