Jour 19 : Le thé

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Que pouvais-je bien dire ?
À cet homme en face de moi,
Qui pleurait.
Chaque larme traçait le chemin pour la succession des autres,
Et s'écoulait dans sa tasse de thé.

Que pouvais-je bien lui dire ?

Rien du tout. Je n'ai plus de cordes vocales.

Je ne comprenais pas pourquoi s'être approché de moi, pourquoi attendre que je ne puisse rien dire pour venir à ma table.

J'ai passé des années à rester seule.
J'avais un public et une équipe de production, je n'avais pas d'amis.
Aujourd'hui, je ne pouvais plus avoir d'amis. J'étais condamnée à rester seule.

Pourtant, les gens prenaient plaisir à s'assoir près de moi et à me raconter leurs vies moroses et ennuyeuses.

Cela animait les miennes.

Mais cet homme ne prenait pas plaisir. Il était désemparé, il avait tout perdu. Les yeux reflétaient chaque parcelle de sa vie ayant disparu, et rarement dans ma vie je  n'avais vu de regard si expressif.

J'avais peur qu'il n'aille se jeter sous les railles d'un train pour se soulager.

Je voulais tant le lui dire, lui dire que la vie ne se résume pas à ce que l'on perd.

Quelle ironie.

Je ne vis plus depuis que j'ai perdu mes cordes vocales. Ma vie me manque. Je veux la retrouver.

Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit, ainsi, je ne vous dérangerai pas.

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