Passé

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« Vois plus grand. » disait-il.
Mais moi, je ne voulais rester qu'entre quatre mur.

J'ai souvenir de ce jour, lorsque Monsieur Locus et moi prenions un café dans la ville hongroise de Budapest. Je devais participer à une émission de télévision le soir-même.

Monsieur Locus ne cessait de me dire de voir plus grand, de pousser mon aventure dans toute l'Europe.

Mais j'avais peur. J'avais peur de me retrouver enchaînée à un avenir qui ne me plaisait pas. Je chantais pour mon bonheur, pour ma santé. Satisfaire les autres ne m'intéressait pas. Je ne voulais qu'étancher ma soif.

« Vois plus grand. » disait-il.

Mais je ne voulais que le voir disparaître. Pourtant il s'acharnait à me donner un avenir brillant, à me faire connaître mondialement, et s'arracher le peu de cheveux qui lui restait en écoutant mes caprices de petite fille immature.
Mais je pensais réellement qu'il aimait me faire taire.

« Vois plus grand. » disait-il.

J'aurai aimé voir quelque chose de plus grand.
Ce que j'ai vu, j'aurai voulu ne jamais le voir.

Ses yeux, ses mains, tous semblaient faux. Pourtant, il avait la qualité d'être un homme authentique. Son latte machiato au caramel avait une couleur étrange, inhabituelle, comme s'il y déposait du poison depuis ses lèvres.

Des lèvres empoisonnées.

Il était le poison.

J'étais à Budapest, dans un café, le café de l'hôtel.

Celui de l'hôtel.

« Vois plus grand. » disait-il.

Mais je voulais rentrer chez moi. Ma mère me manquait.

Mais n'ayez crainte, je ne ferai pas le moindre bruit, ainsi, je ne vous dérangerai pas.

Les Voix du silenceNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ