Mon Cœur Orphelin

12 - Et si, en attendant, on m'aidait à être heureux

Dans la tête de Zayn

Il est seulement cinq heures du matin mais, je suis déjà réveillé et  habillé. En même temps, je n'ai pas dormi de la nuit... Assis sur le  matelas, j'observe cette chambre qui a vu grandir notre amour. Ces murs  qui ont été les témoins de mes larmes et de ma détresse. Ce lieu que  j'ai autant aimé que détesté... Dans quelques heures, cet endroit ne  sera plus qu'un lointain souvenir.

En  septembre dernier, après avoir subi un sermon me disant de bien me  tenir, j'ai été autorisé à quitter l'orphelinat avec Lana. Elle m'a  conduit dans une vingtaine de boulangeries, afin que je puisse me  présenter dans le but d'obtenir un apprentissage. Et, trois employeurs  potentiels ont bien voulu m'accorder cette chance. Quand les courriers  sont arrivés, j'ai été convoqué par Madame Vossa. Elle m'a rappelé –  pour la millième fois – que mon comportement ici devait changer, puis,  elle m'a exposé les trois propositions.

Deux  boulangeries ont souhaité m'accueillir dès le milieu du mois d'octobre.  La dernière avait déjà deux apprentis sous contrat jusqu'à mi-janvier  et proposait un contrat à compter du 1er février. Le jour de mes  dix-huit ans... C'est celle-ci que j'ai choisie. Tomlinson's Bakery and  Coffee. Comparés aux autres personnes que j'ai pu rencontrer, Monsieur  et Madame Tomlinson ont vraiment l'air d'être formidables.

Un  sourire étire mes lèvres lorsque je pense à cette petite dame. Le jour  de notre rencontre, j'ai été frappé par sa gentillesse, son sourire et  sa douceur. Son mari, lui, a marqué mon esprit par sa bienveillance et  son regard apaisant. Oui... Ce sont ces deux personnes merveilleuses qui  m'ont convaincu de patienter trois mois de plus, dans cette prison.

- « Zayn !! C'est aujourd'hui !! »

Je sursaute brusquement, trop perdu dans mes pensées pour réaliser que la porte s'est ouverte.

- « Merde ! Eddy ! Tu ne peux pas taper ? Et si j'étais à poil ?

- Du calme, gamin ! Je pensais surtout te réveiller. As-tu au moins dormi ?

- Non. À qui la faute ? Rétorquai-je, agacé.

- Il fallait bien que je te le dise... grimace-t-il, visiblement désolé. Je ne pouvais pas te le cacher.

-  Je ne t'en veux pas... Mais, je n'ai pensé qu'à ça pendant des heures.  Maintenant qu'il n'est plus à la fac, je n'ai aucun moyen de le  retrouver. »

Eddy  est un nouveau surveillant, âgé de seulement 26 ans. Les petits  l'adorent, les adolescentes en sont dingues. Et, moi... Je le supporte.  En deux ans, il est le seul qui m'a suffisamment intéressé pour que je  fasse l'effort de retenir son prénom. Edwin. De ce qu'il m'a dit – parce  qu'il aime beaucoup trop parler –, les surveillants qui l'ont précédé  sont partis à cause de moi. Dès son arrivée, on l'a mis en garde à mon  sujet.

Turbulent. Égoïste. Insupportable. Ne respecte rien, ni personne.  Quand il m'a raconté tout ça, j'ai sincèrement souri. C'était léger,  discret mais, c'était un vrai sourire. Quand Liam saura tout ça, il va  éclater de rire. Et, j'ai vraiment hâte de le voir rire à nouveau... Le Zayn qui avait peur de se faire engueuler ou d'être puni a disparu,  laissant sa place à celui que je prétends être aujourd'hui. Non, je n'ai  plus peur des punitions... Parce que je ne les accepte jamais. Quoi  qu'on m'ait ordonné de faire, suite à un énième débordement, je l'ai  ignoré. Alors, oui... Je suis irrespectueux et, ça me rend  insupportable. Mais, ils m'ont poussé à l'être.