CHAPITRE 2 : Le fantôme.

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Gabriel

El Sauzal, Nord d'Ensenada, Mexique.

Un bain de sang.Une putain de boucherie.
Intéressant.

Je contourne la scène de crime et mon regard s'attarde sur les détails. Trois corps alignés, face contre terre, les mains et pieds liés à l'aide de colliers colsons industriels. Chaque corps semble avoir subi le même processus d'humiliation ante-mortem. Ils ont été déshabillés, mutilés encore vivant avant d'avoir la gorge tranchée. Attrapant les cheveux du conducteur, sa tête me reste presque dans la main. Une décapitation nette et précise, j'aurais dû mettre des gants.

La voiture et le lieu de l'accident ne sont pas non plus anodins. La zone est vide, et même en journée, il est rare de trouver une voiture circulant sur ces routes de campagne sinueuses et désertes, ce qui assure de nuit un passage sans encombres. La voiture, quant à elle, est criblée de balles, auto-performantes, mais les vitres sont intactes, le but était de les arrêter, pas de les tuer. Et plus intéressant encore, la marchandise est encore là, minutieusement déposée de sorte à former une croix religieuse.

J'en ai assez vu, brûlez la voiture et les corps, ordonné-je en prenant une photo avant de l'envoyer à mi hermanos. Prenez soin de récupérer leurs armes et la drogue, nous enverrons une enveloppe à sus esposas y familiares.

(Leurs épouses et familles).

Ils acquiescent et s'exécutent sans un mot. Je dois passer un coup de fil à Hélios, mais il m'a expressément demandé de ne pas l'importuner aujourd'hui. Peu importe, c'est trop important pour passer après ses petites visites de courtoisie au paternel.

Hermano, lancé-je rapidement après une troisième tentative d'appel qui aboutit enfin. C'est notre homme, ce putain de fantôme.

J'attends une réponse de sa part, un signe qu'il m'écoute, mais il se fait désirer alors je comprends qu'il n'a pas envie d'être très bavard.

La drogue est encore là, c'est le même mode opératoire. On nous envoi clairement un message.

Toujours pas de réponse. Putain ce coño m'énerve quand il fait la carpe.

Je vais descendre à Ensenada pour prendre des informations et choper les vidéos de surveillances, je te tiens au courant.

Je patiente quelques secondes et aucune réponse. Si ce coño n'était pas le premier-né, je lui aurais bien fait bouffer son mutisme.

Remontant dans ma voiture, je fais signe au conducteur de reprendre la route. Ce fantôme décime mes hommes et vient entreprendre de saboter nos livraisons pour le sud. Lors de sa première attaque, il y a quelques semaines, pris de court, nous avons failli perdre gros. Heureusement que nous avons des nourrices sécurisées pour assurer les commandes en cas de problème, mais ça commence vraiment à me péter los cojones. Nos passeurs sont de plus en plus jeunes, et je vais vite manquer de recrue si ça venait à s'apprendre. De plus, les plus jeunes sont loin d'être prêts à prendre le relais et je ne leur fait pas encore confiance, beaucoup n'ont pas encore passé le cap. Je n'ai donc rien pour les tenir en laisse.

Roulant dans les rues d'Ensenada, je regarde avec attention les photos des dernières attaques, quatre en l'espace de deux semaines, toutes autour de cette foutue ville. On a affaire à un professionnel, quelqu'un qui a l'habitude de retirer des vies. Qui n'a pas peur, qui a...el talento. Le même que Hélios. Celui de ne rien ressentir quand on retire une vie, celui que j'ai appris à acquérir avec le temps quand j'ai compris que c'est moi ou eux. Cependant, il y a des gens qui naissent avec ce don et ce sont les pires, mais comme le paternel aime dire ; les gagnants ne sont pas ceux qui n'ont plus peur, mais ceux qui inspirent la peur. J'aime inspirer cette peur.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 26, 2023 ⏰

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