Remember Me [Minho x OC]

10. Ivy

Je n'ai jamais été aussi triste depuis le jour où les soldats de WICKED sont entrés chez moi et ont assassinés mes parents infectés par la Braise et ont pris Minho sous mes yeux. Aujourd'hui, je le suis pour Brenda.

J'ai tellement peur de la perdre.

Au loin, je vois Jorge qui n'a pas bougé : il est toujours appuyé contre un tonneau, les yeux fixés sur cette foutue tente. Il essaye de garder la face mais lui aussi a peur pour elle. Pourtant il a fait tout ce qu'il pouvait pour me rassurer, moi.

Il nous fait toujours passer avant lui. Notre bien-être, à Brenda et moi, est ce qui l'importe le plus au monde, après notre sécurité.

Mais lui aussi a besoin d'être rassuré alors c'est ce que j'ai essayé de faire, alors qu'il me serrait contre sa poitrine tout à l'heure. J'espère que j'ai réussi à l'apaiser le plus possible.

- Ton bracelet.

Je détourne le regard pour le poser sur Minho, qui est assis à ma gauche. Malheureusement, je ne rencontre pas ses iris noisettes comme c'est arrivé plus tôt, alors que je les cherchais. À la place, je vois son visage légèrement incliné, ses sourcils froncés et son attention pleinement tournée vers mon poignet droit.

Vers mon bracelet.

Merde.

- Euh... c'est un vieux truc, je l'ai depuis que je suis gamine, je dis en baissant ma manche pour le cacher.

Je comprends dans son regard qu'il a assimilé la ressemblance avec celui qui est noué autour de son poignet à lui. Mais je comprends aussi qu'il ne saisit pas pourquoi ils se ressemblent comme deux gouttes d'eaux.

- J'ai exactement le même, souffle-t-il.

Et pour me le prouver, il remonte la manche de sa veste.

Je sais, Minho.

Je sais.

Je rougis de panique, ne sachant pas quoi répondre. De plus, je sens sur ma nuque le regard insistant de Newt.

Est-ce que je suis censé lui dire ? Lui expliquer qu'on se connait depuis qu'on est gosse ? Il ne me croirait peut-être pas ! J'aimerais en parler avec Brenda avant, connaitre son avis mais elle se repose.

Mon pouls s'emballe, qu'est-ce que je dois faire ?

- Regardez, Thomas est sorti.

Je crois bien que Frypan est mon préféré, il vient de me sauver la vie. Ou bien de retarder l'inévitable.

En bas, je remarque Thomas parmi la foule. Il marche tête baissée avant de se trouver un coin calme. Il s'assoit sur une caisse en bois, pose ses coudes sur ses genoux et cache son visage dans la paume de ses mains.

- Je vais le voir, annonce Frypan en se levant.

- Je t'accompagne.

Je regarde Minho du coin de l'œil. Il se lève à son tour tout en baissant la manche sur son bracelet. Il suit alors son ami, pas moins troublé par ce qu'il vient de se passer. J'observe les deux garçons rejoindre Thomas, s'assoir autour de lui et discuter ensemble.

- Tu connais Minho.

Ce n'était absolument pas une question mais une affirmation. Je ne regarde pas Newt lorsque je lui réponds parce que je pense qu'il serait capable de déceler le vrai du faux au fin fond de mes yeux.

- Quoi ? Bien sûr que non.

Mais Newt n'est pas bête, je l'ai compris dès le début.

- Bien sûr que si, Ivy. Merde, ça se voit à des kilomètres ! Tu le regardes comme si tu l'avais toujours connu. Et puis le bracelet !

Évidement qu'il l'a remarqué !

- Je suis d'accord : ce n'est qu'un bracelet en cuir, tout le monde pourrait avoir le même. Mais personne n'aurait paniqué comme toi tu l'as fait quand Minho t'as montré le sien !

Cette fois, je fais face à Newt. Il me sourit alors que je le laisse comprendre qu'il a vu juste. J'espère que je peux lui faire confiance parce que je crois bien que je vais me confier à ce blondinet un peu trop perspicace.

- Tu le connais, répète-t-il.

Je hoche la tête et prends une profonde inspiration. L'histoire que je m'apprête à lui raconter, une seule personne la connait : Brenda. Mais quelque chose chez Newt m'indique que je peux avoir confiance en lui et peut-être qu'il sera de bons conseils.

- Avant tout ce merdier, WICKED et la Braise, je me souviens d'un monde normal, je commence en reportant mon regard sur Minho qui rit avec Thomas et Frypan. Enfin, normal pour une gamine.

Mon cœur palpite dans ma poitrine alors que je plonge la tête la première dans mes souvenirs.

- J'avais six ans quand mes parents et moi avons emménagé dans une grande ville nommée Chicago. Je ne connaissais personne et je devais faire ma rentrée dans une école que je n'avais jamais vu une semaine plus tard, j'explique. J'étais tellement stressée que je n'avais rien mangé la vieille du jour J.

Je ris sans joie. J'essaye surtout de me détendre.

- Quand je suis arrivée dans la salle de classe, tout le monde me regardait. J'ai du me présenter devant mes camarades alors que j'avais sacrément la frousse ! Puis je suis allé m'installer sur la dernière chaise libre.

Je jette un regard entendu à Newt.

- Celui qui se trouvait à côté de moi était un petit garçon aux yeux bridés.

- Minho, sourit le blond.

Je hoche à nouveau la tête.

- De mon point de vue, il avait l'air plutôt gentil. Je me souviens avoir pensé qu'il pouvait devenir mon ami. Mais il ne m'a jamais adressé la parole de toute la semaine. En fait, il ne parlait à personne.

Newt fronce légèrement les sourcils, attendant la suite.

- Minho n'avait pas d'amis, personne avec qui jouer dans la cours de l'école, personne avec qui manger à la pause de midi. Parce que Minho était...

- Différent, termine Newt à ma place.

- Oui, il était différent. Il avait des yeux en amande, des cheveux très foncés et un accent qu'on discernait pourtant à peine. Mais déjà à cet âge-là, c'était suffisant pour le mettre de côté.

Heureusement, quelques années plus tard, tout avait changé pour lui. les autres garçons le trouvaient cool parce qu'il courait très vite et les filles trouvaient ses yeux sublimes.

Moi, je l'avais tout de suite vu.

J'avais tout de suite compris qu'il était spécial.

- Je ne l'ai jamais mis de côté, je lui confie. Tous les jours, en classe, à la cantine ou dans la cours, je lui parlais de tout et de n'importe quoi. J'essayais de le faire rire en lui racontant les blagues nulles que mon père lançait à table le soir, après le boulot.

Le vent se lève, me faisant frissonner.

- Finalement, à force de persévérance, ou sûrement parce que je lui tapais sur le système, Minho m'a répondu.

Un sourire sincère étire mes lèvres en repensant à ce qu'il m'avait dit : « Ça t'arrives jamais de te taire ? »

- On est devenu inséparable, Newt. On faisait les quatre cent coups ensemble, je dormais chez lui et lui chez moi, on passait des après-midis entiers dans la cabane de mon jardin. Nos parents n'en pouvaient plus, on les épuisait !

Je ris et ce rire-là est vrai, plein de nostalgie.

- On a grandis ensemble. Jusqu'à ce que la Braise nous enlève nos parents. Jusqu'à ce que WICKED ne nous sépare. On venait tout juste de fêter nos treize ans, je termine avec la gorge nouée.

Newt me sourit, essayant de me réconforter.

- WICKED t'as enlevé toi aussi ?

Je secoue la tête.

- Non, ils n'en n'ont pas eu l'occasion, je réponds. Parce que Minho m'a sauvé.