Chapitre 31

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Le soleil est à peine levé que nous le suivons dans sa lente ascension. Nos réserves d'eau commencent à diminuer et, malheureusement, il n'y a toujours aucun point d'eau à portée de vue.

Ma monture suit celle de Kaylan, mut par une vieille habitude. De mon côté, je me contente d'observer le paysage désertique qui s'étale autour de nous et d'apprécier le pas régulier des chevaux sur la terre.

Les dernières paroles de Kaylan avant que nous ne nous couchions résonnent encore en moi. La sécurité est une entrave à la liberté comme une autre, on a simplement tendance à l'oublier. Je ne sais pas si je suis d'accord avec lui. La sécurité est un sentiment nouveau pour moi, je n'ai jamais connu une sensation de sûreté semblable, même avec Mayleen.

Mon enfance n'a certainement pas été bâtie sur les mêmes bases que celle de Kaylan. La sécurité que lui offrait le camp, je ne l'ai jamais ressentie. Ce qui était censé être mon foyer ne représentait qu'un toit au-dessus de ma tête ; ceux qui devaient être ma famille n'étaient que des gens avec qui je partageais mon sang.

D'un autre côté, se sentir perpétuellement en danger ne représente certainement pas une liberté. Celle-ci se retrouve entravée dans la peur et ça me semble encore plus handicapant que l'assurance d'être en sécurité.

— Vous ne devriez pas vous torturer autant.

Je tourne la tête vers Kaylan, surprise de le voir interrompre ainsi mes cogitations. Il m'adresse un hochement de tête à l'instant où nos regards se croisent.

— Cette excursion devait achever de renforcer notre lien, pas emmêler vos pensées. Je suis désolé que mes paroles aient eu cet effet.

— Ce n'est rien. J'ai l'habitude.

Ses yeux me sondent en silence quelques secondes.

— Puis-je savoir ce qui occupe tant votre esprit ?

Je me redresse, gênée. Sa voix profonde ne porte aucune trace de moquerie ou d'amusement, il est tout à fait sérieux et semble attendre une réponse sincère de ma part.

— J'ai toujours eu tendance à penser de cette façon. Une idée en appelant une autre, une image ou un son attirant un cortège de pensées. J'ai compris bien tard que tout le monde ne pensait pas ainsi, contrairement à ce que j'imaginais.

— Chaque fois que j'ai l'impression d'enfin vous connaître, vous faites apparaître un nouvel aspect de vous-même que je n'avais pas perçu.

J'écarquille les yeux, étonnée par ces mots. Il n'y a pas tant à savoir sur moi, en tout cas certainement pas autant qu'il le croit.

— L'impression est partagée.

Il m'adresse un léger sourire et mon cœur s'emballe, répondant aux mouvements du sien à l'autre bout de notre lien.

— Il semblerait donc que nous ayons encore beaucoup de choses à partager et à apprendre l'un sur l'autre.

Je retiens la pensée selon laquelle cette idée me réjouit. Je refuse que Kaylan en ait une quelconque connaissance.

— La vérité, je souffle, c'est que je suis effrayée par la suite des évènements.

Kaylan ralentit sa monture pour se positionner tout à fait à côté de moi.

— Pourtant, vous savez à quoi vous attendre.

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