Chapitre 23

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Je suis tirée de mon sommeil par un mouvement de Kaylan. J'ouvre les yeux et le découvre au-dessus de moi, un doigt sur les lèvres, m'enjoignant de ne faire aucun bruit. Super, le réveil.

— Il y a du mouvement à l'extérieur, ne bougez pas. Je m'en occupe.

Comme si j'allais me lever, tiens ! On est en plein milieu de la nuit et je ne sais pas me battre. Je veux juste dormir.

Je referme les yeux à l'instant où Kaylan sort de la tente... pour les rouvrir quelques secondes plus tard en entendant les premiers bruits de bagarre. Je ne pourrai donc jamais avoir une journée tranquille ? C'est trop demander ?

Comme conseillé par Kaylan, je ne bouge pas d'un millimètre. Le moindre bruit pourrait attirer l'attention sur moi et, égoïstement, je préfère que Kaylan se prenne les coups à ma place. Oui, je suis exécrable quand je manque de sommeil.

La lueur d'une torche éclaire l'extérieur de la tente par à-coups, tandis que les sons d'armes qui s'entrechoquent retentissent dans la nuit. Génial, donc on se fait attaquer maintenant.

Je me redresse le plus discrètement possible et plisse les yeux pour deviner le nombre d'agresseurs. Il me semble en apercevoir deux, en plus de celui qui doit tenir la torche puisque celle-ci se déplace.

Je devine la silhouette de Kaylan, en prise avec les deux malfrats. Les pas du troisième se font de plus en plus proches de moi. Lentement, le plus silencieusement du monde, j'extirpe la dague de Sûm de mon sac et remercie son ingéniosité pour ce cadeau.

Au moment où la dernière silhouette fait face à l'entrée de la tente, je me tiens prête, arme au poing. Cependant, l'agresseur a à peine le temps de poser sa main sur le tissu que je vois la lueur vaciller et son corps partir en arrière. Un cri étranglé le suit, bientôt suivi d'un hurlement de douleur. Kaylan ne tuera probablement pas ces hommes, mais il n'aura aucun scrupule à les blesser, j'en suis certaine.

La principale source de lumière ayant disparue, je dois me fier à mon ouïe pour suivre le combat. La dague toujours en main, je repousse la couverture et m'avance à quatre pattes vers la sortie. Je n'ai pas prévu de me battre, certes, mais sans Kaylan, je ne rentrerai jamais chez moi.

Mes séances d'entraînement pour me déplacer sans un bruit ont porté leurs fruits, les intrus ne semblent pas s'être aperçus de ma présence.

Du bout des doigts, j'écarte minutieusement la toile pour me créer une fenêtre de vue. La torche a fini par s'éteindre complètement, maintes fois piétinée. Heureusement, la lune brille fort et malgré le couvert des arbres, j'arrive à voir sans problème ce qui se passe sous mes yeux. Encore une capacité d'âme-sœur, peut-être.

Je sers fort le manche de l'arme dans ma main droite. Trop fort sans doute, mais son contact me rassure. Je ne serai pas sans défense si l'un des assaillants de Kaylan se tourne vers moi.

Celui-ci est désormais aux prises avec les trois malfrats en même temps. Je suis stupéfaite par ses capacités de combat. Il parait parvenir à maintenir ses adversaires loin de lui sans aucun effort.

En tout cas c'est ce qu'il me semble, avant de distinguer la sueur sur ses tempes et la concentration qui plisse son front. Il a beau avoir blessé, plus ou moins grièvement, ses assaillants ; ceux-ci ne semblent pas vouloir renoncer. Je ne comprends pas la raison de leur entêtement, jusqu'à ce qu'une quatrième silhouette se dessine sur ma gauche.

Plus baraquée et plus grande que celles de ses compatriotes, l'ombre se faufile devant moi pour se glisser dans le dos de Kaylan tandis que celui-ci repousse une énième fois les autres hommes.

Corps à CoeurTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon