Chapitre 9

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Je suis réveillée par des bruits de pas qui approchent de la tente. Le temps de chasser la brume du sommeil de mon esprit et d'ouvrir les yeux, Kaylan est en face de moi.

— Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous réveiller.

Je me redresse et me félicite intérieurement d'avoir toujours été capable de me réveiller rapidement. Dans des cas comme celui-ci, c'est plutôt avantageux.

— Nous devons partir maintenant si vous voulez être rentrée pour ce soir.

Je détaille un instant son accoutrement, bien plus simple qu'hier et mon regard s'attarde sur le pendentif qui repose sur sa poitrine.

— Je voudrais visiter le camp.

Ma réponse nous surprend tous les deux. Depuis quand est-ce que j'ai décidé ça, au juste ?

— Pardon ?

— Je voudrais visiter le camp. Si possible.

Je réitère ma demande, plus poliment. Peut-être que l'adage affirmant que la nuit porte conseil est vrai. En tout cas, je me sens plus sûre de ma décision tout à coup. Je repousse la couverture, pour lui montrer ma détermination et m'apprête à me relever lorsque je suis à nouveau stoppée par la chaîne à ma cheville. Kaylan tend le bras pour me rattraper mais je garde l'équilibre.

— Enfin, il va falloir régler ça, d'abord.

Un léger sourire effleure les lèvres de Kaylan, qu'il camoufle presque immédiatement.

— Bien sûr.

Il tire une clé de sa poche arrière et s'accroupit à mes pieds. En quelques secondes, je suis libérée.

— Vous n'allez pas chercher à m'assassiner, cette fois ?

Son ton se veut humoristique, mais je décèle une véritable question qu'il n'ose pas me poser directement.

— J'ai vraiment voulu faire ça ?

Je me penche pour masser ma cheville et sa main effleure mon bassin tandis qu'il recule.

— Oui.

C'est pour ça que Weylin a demandé à m'attacher. Cela me semble logique à présent.

— Non, je ne vais pas faire ça. Merci de m'avoir libérée, j'ajoute.

Il hausse les épaules.

— Vous voulez vraiment visiter le camp ?

J'ai l'impression qu'il pense que ce n'est qu'une excuse pour m'échapper.

— Si tu promets de toujours me ramener chez moi si je le souhaite, oui.

Il hoche la tête.

— Bien évidemment. Je ne reviens pas sur mes promesses.

Je lui lance un sourire, qui semble le déstabiliser un instant, puis il se reprend :

— Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?

— Sûm.

Je réponds comme une évidence. Kaylan affiche une moue indescriptible avant de répondre :

— Mon frère a toujours su y faire avec les autres.

— Peut-être parce qu'il n'enferme pas son âme sœur dans un endroit horriblement froid, loin de chez elle et en lui offrant de l'eau qui a un drôle de goût.

Corps à CoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant