Chapitre 17

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Je me suis réjouie trop vite à l'idée de prendre une douche. En réalité, il n'y a rien de tel ici. J'aurais dû m'en douter. La seule source d'eau est une rivière en contre-bas du camp et c'est là que Zeïn m'a amenée pour prendre une « douche ».

Heureusement, à cette heure-ci, il n'y a personne. Tout le monde est en train de prendre son repas et le seul spectateur de mon regard mauvais est Zeïn. J'enlève ma tenue trempée de sueur et pénètre dans l'eau en gardant mes sous-vêtements. En d'autres circonstances, la nudité ne m'aurait pas gênée. Ici, pourtant, quelque chose m'arrête. Peut-être l'idée que Kaylan risque d'apparaître à tout moment, ou simplement le fait que dans cet espace, mon corps n'a plus le même pouvoir qu'auparavant.

Je m'immerge dans l'eau sans réfléchir. Elle est plus chaude que je ne le pensais. En même temps, vu la chaleur qui règne depuis de longs jours, c'était assez logique.

Assis sur la berge, pieds dans la rivière, Zeïn m'observe en silence. J'attrape l'eau dans mes mains en coupe et la laisse s'écouler lentement en écartant les doigts. Elle forme de légères ondulations en s'écrasant à la surface du ruisseau.

— Aaliyah ?

Je relève la tête, l'eau ruisselant encore de mes cheveux.

— Tu ne devrais pas trop traîner. Il ne va rien rester à manger, sinon.

Je hoche la tête et me replonge entièrement dans l'eau. Je retiens ma respiration le temps de frotter mon corps pour en faire partir toute la poussière, puis expire de larges bulles d'air qui remontent exploser à la surface. Enfin propre, je sors de l'eau et essore mes cheveux pour essayer de ne pas en mettre partout.

Zeïn me regarde faire, comme s'il pouvait deviner toutes mes pensées rien qu'en m'admirant essayer de sécher au soleil.

Heureusement, avec la chaleur qui règne, l'humidité s'évapore rapidement et je me rhabille avec les affaires que Zeïn me tend.

— Vous avez réussi à trouver d'autres affaires qui me vont ? je demande, surprise.

Zeïn hoche la tête et je tire sur le short couleur sable qui me couvre, pour tenter de l'ajuster au mieux.

— Sayna a retenu tes mensurations et elle est resté debout toute la nuit pour que tu aies autre chose à te mettre.

— Oh.

C'est tout ce que je trouve à répondre. Je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça et j'ai peur qu'elle ne s'imagine que je vais rester ici encore longtemps.

— Tu devrais aller la remercier, elle adore le raisin.

Le lien entre ces deux propositions n'est pas évident, mais je saisis vite pourquoi il m'a dit ça et je note dans un coin de ma tête de passer voir Sayna après avoir mangé.

Zeïn passe devant moi et je le suis jusqu'au réfectoire, qui se vide par vagues à mesure que nous arrivons. J'attrape une assiette et la remplie jusqu'à ce qu'elle déborde, sous le regard amusé de Zeïn. Nous rejoignons ensuite Sûm et ses deux autres compagnons : Sohan et Sierra.

Zeïn me les a présentés sur le chemin, expliquant par la même occasion qu'ils sont jumeaux, même si le frère et la sœur sont très différents physiquement. Sohan, grand et fin, a des cheveux trop rouges pour que ce soit une couleur naturelle. Les traits de son visage sont tirés vers l'arrière, comme s'il avait déjà trop souri. Sierra, quant à elle, a une carrure musclée plutôt impressionnante et sa chevelure dorée trahi de longues heures d'entraînement au soleil. Sa beau est rougie par les rayons lumineux de l'astre et son regard fermé suppose une concentration de tous les instants.

Corps à CoeurWo Geschichten leben. Entdecke jetzt