Corps à Coeur

Chapitre 10

La tente s'ouvre sur Sûm, qui paraît vraiment ravi de me revoir. Il manque même de me serrer dans ses bras, mais je l'en empêche au dernier moment.

— Pourquoi tu es restée ?

— À cause de ton message.

Il semble soudain très fier de lui.

— Je savais que je te faisais beaucoup d'effet, mais pas à ce point-là !

Je lève les yeux au ciel mais ne peux m'empêcher de sourire.

— Où est Kaylan ?

Sûm examine ma tenue, ou plutôt mon corps en dessous et met un moment à répondre.

— Il avait des choses à faire.

Son sourire s'agrandit.

— Alors, on la fait cette visite ?

Je me redresse, abandonne mon sac à dos et le suit. Il m'entraîne derrière lui et s'arrête juste devant la tente, sans prévenir, si bien que je manque de lui rentrer dedans.

Il se retourne et désigne la tente de son frère de la main.

— Ici, la tente du général ! Également lieu de rassemblement du conseil.

Je hoche la tête. Tout ceci a l'air de beaucoup amuser Sûm. Celui-ci m'entraîne ensuite dans une succession de toiles et de sol granuleux, jusqu'à une grande place vide de bâtiments. Des groupes de soldats rigolent aux quatre coins, certains d'entre eux jouent à des lancers de précision et d'autres boivent à l'ombre d'un grand arbre.

— La place principale !

Sûm écarte les bras et s'avance au milieu de l'espace en tournant sur lui-même. Plusieurs personnes le saluent gaiement et certains regards glissent sur moi, plus par curiosité qu'à cause d'une quelconque animosité. Cela me rassure un instant.

Mon guide ne se dépare pas de son sourire et attrape ma main pour m'emmener jusqu'à l'arène d'entraînement. Il s'empresse de me décrire chaque détail de la zone, des armes aux équipements, jusqu'au moindre mouvement effectué par les guerriers.

Je suis impressionnée, je dois l'avouer. La plupart des gens qui se tiennent-là ont vraiment l'air de savoir ce qu'ils font, leurs mouvements sont fluides et d'une grâce impressionnante. J'ai presque envie de les rejoindre et leur demander de m'entraîner avec eux.

Sûm doit percevoir mon intérêt car il me dit :

— Je pourrai te montrer quelques techniques, demain, si tu veux.

Il accompagne sa remarque d'un clin d'œil avant de me montrer le réfectoire, puis la grande tente où se tiennent habituellement les événements. Sûm, tout comme son frère, a vraiment l'air de penser que je vais rester. Ou plutôt, il semble l'espérer de toutes ses forces.

Le campement est vaste, mais les lieux d'intérêt ne sont pas si nombreux et la visite est bientôt terminée. Sûm me guide vers une souche d'arbre à l'ombre et m'interroge :

— Tu penses rester ?

Je secoue la tête. Ce n'est pas vraiment un non, plutôt un refus de donner une réponse tout de suite. Sûm semble le comprendre.

— Tu sais, dit-il, je n'aurais jamais cru que mon frère et toi seriez âmes sœurs.

Il éclate d'un rire léger et son sourire me réchauffe un peu.