Soixante-neuvième

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-Parle-moi de toi s'il te plaît.

Soudainement, après un long silence, je lui avais demandé ceci. Je ne connaissais que trop peu de choses à son sujet, et c'était le moment pour y remédier !

-Eh bien, commença-t-il en finissant sa viennoiserie, comme tu le sais, je ne viens pas de là, mais c'est agréable de vivre près de l'eau. J'ai vécu une enfance normale, mes parents exigeaient beaucoup de choses de moi, ils voulaient que je me marie jeune et que je donne rapidement des enfants à mon Alpha. Alors, j'ai fui et je me suis retrouvé ici, par total hasard en réalité. J'ai fait de petits boulots mal payés, chantant le soir dans un petit bar que j'affectonnais pourtant. Et puis, je me suis endormi dans ce bar, me réveillant dans les bras de M.Bradford le lendemain. Je ne le connaissais pas, alors j'ai encore fui, parce que j'étais déjà avec quelqu'un et que j'avais peur au fond de moi. Alors, quand il m'a rattrapé à l'aéroport, je n'ai pas eu d'autres choix que de le suivre. Nous avons été ensemble à son entreprise, on m'a confondu avec un nouvel employé alors j'ai travaillé toute une matinée à l'étage des Alphas.

Il gloussa et je me joignis à lui, heureux que l'atmosphère soit plus détendue.

-Tu aurais dû voir sa tête. Depuis ce jour, nous avons dû apprendre à vivre ensemble, on apprend à se connaître doucement. Le lien s'est fait très rapidement, mais mes instincts n'ont pas interféré comme je l'aurais craint.
-Et quand t'a-t-il reconnu ?

Il haussa les épaules.

-Je ne m'en rappelle pas, mais ce serait à une réception pour son entreprise où j'avais chanté.

Hésitant, mes mains se crispèrent, essayant de me donner du courage, je finis ma tasse d'une seule traite avant de la reposer.

-Et, la nuit que vous avez partagé, quand il t'a marqué, tu, je me raclais la gorge, tu en retiens un bon souvenir ?
-Je ne m'en rappelle pas,
hormis que le soir, quand je l'avais aperçu au bar, j'avais été complètement captivé. Je me souviens seulement que je me suis rapproché de lui dans un grand sourire, enivré par notre connexion particulière, nous avons à peine parlé que nous sommes montés dans ma chambre puis rien. J'imagine que ce doit être différent pour toi.
-Mes chaleurs m'embrouillaient le cerveau alors, je ne me souviens plus très bien.

Ce n'était qu'à moitié vrai, le moment où ses crocs avaient perforé mon cou restait bien ancré dans ma mémoire, tout comme ses yeux à la teinte rougeâtre intenses.

-Tu as fini, remarqua-t-il dans un sourire plus doux. Que dirais-tu d'aller nous promener un peu ?

Je l'approuvai en me levant, nous rapportâmes notre petit plateau à la bêta toujours aussi guillerette, mais cette fois-ci, son excellente humeur ne me dérangea pas, j'étais plus apaisé qu'à mon entrée ici.
A peine sortis, le vent glacial nous fouetta, je grelottai un peu, me dépêchant de monter dans la voiture. Installés à nos sièges, nous nous attachâmes et je mis le contact, prêt à prendre la route.

-On va au grand centre commercial avec plein de boutiques ?
-Oui ! Quel froid mordant ! On n'est même pas encore en décembre.
-Les trois quart de Novembre sont passés, nous y seront plus vite qu'on ne le pense.
-Au fait, tu as parlé de partir après l'anniversaire d'Adam, mais c'est quand ?

Je m'engageai dans la circulation, ce ne sera pas long pour rejoindre le centre commercial se trouvant en périphérie de notre ville.

-Il est né le 15 Décembre.
-Tu vas faire du repérage ?
-Sûrement.

Le silence s'établit à nouveau entre nous.

-Tu devrais peut-être lui envoyer un message.

Je tournai mon regard vers lui, quittant la route des yeux quelques secondes seulement. J'attendais qu'il poursuive, ne sachant quoi répondre.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant