Dix-septième

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Ce n'était qu'un murmure, qu'un souhait que j'avais prononcé, qui s'était égaré, juste avant la brutalité. Ce souvenir me sortit de mon obscurité, la dernière chose que j'avais prononcé, l'inconscience l'avait emporté, juste après.
Un grognement profond me traversa, la douleur terrassante de ma tête me força à me retourner dans ce grand lit. La lumière me brûlait, alors je m'en dissimulai, je me recouvris entièrement de la couette. Mais même avec cela, je ne parvins pas à m'y soustraire, à apaiser la tension de mon esprit, le vacarme qui m'empêchait de penser, les vibrations profondes qui me traversaient. Mon corps n'était pas en reste. Tout semblait s'être réveillé, en plus de moi. Je ressentais chacune de mes souffrances, bien plus férocement qu'auparavant. Mes hanches étaient en feu, saccagées par des griffures profondes, le bas de mon dos me faisait souffrir, mes fesses me semblaient déformées et l'intérieur de mes cuisses me rappelait qu'elle n'avait pas été épargnée, à cela s'ajoutait les protestations de mon corps suite à mes chaleurs.

-Nao.

Sa voix de velours me parvint, lointainement, apaisant faiblement mon esprit perdu, tous ces mots qui avaient été prononcés, mais aussi ceux qui avaient été pensés.

-J'ai un médicament, ça va te soulager.

Ma peau frissonna, rien qu'en sentant l'effleurement de sa main, au-dessus de la couverture épaisse. Tout était de lui, tout était à lui, il ne m'avait pas laissé à eux. Un glapissement me traversa lorsque je voulus bouger, mon corps s'y opposa, il me refusa cette liberté.

-Tu te sentiras mieux d'ici quelques minutes.

La promesse d'un soulagement prochain m'aida à éloigner la couverture, suffisamment pour pouvoir le sentir près de moi. Mes yeux refusaient de s'ouvrir et ma bouche pâteuse me rappelait tous ces hommes qui l'avait brusquée. Ses grandes mains chaudes m'aidèrent à me redresser, suffisamment pour prendre le médicament. Mon bras qui me maintenait redressé céda lorsqu'il me lâcha, ce qui sembla l'inquiéter davantage.

-Comment tu te sens ?
-Mal
, couinai-je.

Mes yeux se résignèrent à rester fermés, mon froncement de sourcils persista, seule témoin de ma souffrance.

-J'ai mal partout.

Sa grande main se posa contre mon front, je m'y accrochai, lui volant sa chaleur en m'y collant.

-Tu es froid, je vais aller te faire couler un bain, ça te fera du bien en attendant que le médicament fasse effet.

Il me laissa là, malgré mon grognement de protestation. Mon pauvre corps délaissé se recroquevilla, mon ventre se révoltant affreusement d'une grande douleur. Les longues secondes qui défilèrent me laissèrent au bord d'un précipice profond. Une éternité passa avant que ses pas ne reviennent vers moi.

-S'il te plaît Adam, le bain.

Il sembla s'attendrir face à la faiblesse de ma voix et mon bien piteux état. Il s'accroupit près de moi, ses doigts flattèrent mes cheveux dans une apparente contrariété.

-Il est entrain de couler, je suis désolé.

Échappant à sa main, avec une force insoupçonnée, je me redressai, éloignant la couverture de mon corps. Mon esprit semblait si loin de tout cela, il ne voulait que la délivrance, la réalité d'une promesse réalisée. Ses bras passèrent autour de moi dans une conciliation, il m'aida à me relever, et à me déplacer. Le seul qui était là, alors que la douleur, de partout, fusait, et que tous ces autres m'avaient abandonnés, malgré mon rejet, il était là. Mes dents étaient serrées, retenant mes gémissements désorientés, alors que mes jambes tenaient. En silence, il supporta ma douleur, son effluve me caressant plus tendrement. Plus rien de tout cela m'affolait, seul l'état de mon corps comptait, celui de mon esprit brusqué attendrait.
L'écoulement assourdissant de l'eau m'arrêta dans un plus bruyant gémissement de douleur. Il était pourtant le seul à pouvoir me soulager. Une main, sur la tête, je me redressai, me défaisant déjà de son étreinte, continuant à avancer. Je voulus plonger dans cette eau bouillante salvatrice, me jeter à corps perdu dans sa vapeur, mais une main m'en arrêta. Son corps se rapprocha, effleurant de sa chaleur mon dos trop froid.

Toi, moi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant