— Tu essaies de te justifier ? s'amusa Cam.

— Pas du tout, j'ai juste pas le temps de m'intéresser aussi au téléfilm de Noël, j'ai déjà trop de trucs ! La Team, les Stray Kids, les Pentatonix...

— L'écriture ? s'enquit Cam à voix basse.

Chris s'humecta les lèvres et prit quelques secondes, non pas pour répondre, mais pour se ressaisir. Que Cam se souvint de ce détail le touchait plus qu'il ne l'aurait cru possible.

— Ça reviendra peut-être un jour, mais j'ai plus trop la tête à ça. Sans lecteurs, j'arrive pas à me motiver.

— Je serai ton premier lecteur si tu le souhaites... 

Autour de sa taille, l'étreinte se resserra. Chris déglutit, le cœur affolé.

[Bah, forcément, c'était quand même ultra romantique ! Lui, collé dans mon dos, qui me murmurait des trucs qui ferait frétiller Lise si elle trouvait la scène dans un de ses romans à l'eau de rose. 
Je peux pas lui en vouloir, parce que même si je suis resté immobile, je frétillais et hurlais de joie de l'intérieur. Et sincèrement ? Ce moment a été primordial pour la suite de la soirée.]

— Merci, Cam...ça me touche. Vraiment.

Pendant une seconde, l'envie de se retourner et d'embrasser Cam lui traversa l'esprit, cependant, Chris se contint. 

[J'entravais toujours que dalle : Cam n'attendait que ça, que je me retourne pour un baiser passionné. Il espérait même de tout son cœur que je franchisse le pas puisque lui était condamné à ne pas pouvoir le faire.
Le pauvre.]

Il se libéra en douceur et, après avoir inspecté les environs, mêla ses doigts à ceux de son voisin.

— On rentre comme ça ? proposa-t-il d'un ton plein d'espoir. 

— Avec le plus grand des plaisirs, s'enthousiasma Cam.

[Tu m'étonnes, qu'il était enthousiasmé, il espérait bien me faire comprendre ses sentiments ce soir-là et le moindre de mes gestes tendres l'encourageait.
Hahahaha.
Le pauvre.
Il avait oublié la règle d'or numéro 1 : Chris entrave que dalle.]

Leur démarche était lente à dessein. Tous deux profitaient de l'instant présent, heureux de flâner dans le village désert. Parcourir cent mètres leur prit presque cinq minutes, mais aucun d'eux ne s'en plaignit. Ils échangèrent quelques blagues à voix basse, puis se complimentèrent l'un l'autre. Cam loua les aptitudes de Chris à faire des lives en se montrant malgré son anxiété, il le félicita pour le succès de leur partenariat. Chris, quant à lui, laissait tout ce qui lui passait par la tête couler entre ses lèvres. La voix enchanteresse de Cam, la douceur de ses cheveux, sa gentillesse, sa prévenance, sa beauté...

[En toute amitié, bien évidemment. Un crush éperdument amical, je ne vois pas comment quiconque pourrait en douter !]

Cam arrêta Chris juste avant qu'ils ne montent l'escalier menant à son studio. 

[L'air de rien, il avait cogité tout le trajet : il comptait m'embrasser. Avec le recul, heureusement qu'il ne l'a pas fait parce que ça aurait été le pire premier baiser du monde.]

— Chris...

Après un battement de cils, Chris prit une profonde inspiration et vrilla son regard à celui de son faux petit ami. Aucun mot ne franchit sa gorge trop serrée. Il craignait autant qu'il attendait la suite. D'importunes pensées l'assaillaient, beaucoup trop nombreuses, et le jeune homme ne voulait qu'une chose : les faire taire.

Et pour une fois, il se fichait des conséquences. Il se fichait du lendemain. Peu importait si, au final, Cam voulait juste s'amuser.

Pour une fois, Chris voulait le silence dans sa tête. Alors, il ferma les yeux et attendit. 

Les doigts de Cam quittèrent les siens pour remonter le long de ses bras. Ils bifurquèrent un peu en dessous du coude pour venir trouver les hanches qu'ils agrippèrent.

Leurs torses butèrent l'un contre l'autre. Chris pouvait sentir le souffle chaud de Cam sur son visage. Les pensées ne se taisaient toujours pas, mais elles perdaient en clarté. En intelligibilité. Elles n'étaient plus qu'une succession de mots sans le moindre sens. 

Une porte claqua, ils n'y prêtèrent pas attention.

[Forcément, moi, j'attendais de sentir des lèvres sur les miennes, et lui se demandait si c'était une bonne idée ou pas.]

Puis la dure réalité les rattrapa.

— Cam ? Ne me dis pas que tu as embrassé ce... cette... rentre tout de suite à la maison !

La voix déformée par la haine, les traits tirés de rage, la mère de Cam les observait depuis le pas de sa porte. Cam se tendit. Chris eut l'impression de se recroqueviller de l'intérieur.

— Qu'est-ce que tu attends ? aboya-t-elle. 

— Non. Je t'ai dit que je dormais chez un ami, et c'est ce que je vais faire. 

— Ne me dis pas que l'ami en question est ce...

Instinctivement...

[Il m'a dit plus tard qu'il n'avait pas réfléchi à ce moment-là, il voulait juste me protéger de sa mère. c'est choupi, non ?]

... Cam se plaça devant Chris.

— C'est lui. Bonne nuit, Maman.

Elle avança d'un pas. Eux reculèrent jusqu'à sentir leurs talons buter contre les marches.

[Enfin, surtout les miens.]

— Si tu ne rentres pas de suite, ce n'est pas la peine de revenir chez moi, hurla-t-elle.

— Ne crie pas, tu vas déranger les voisins, rétorqua Cam, impassible. Je vais dormir chez Chris. Avec Chris. Et tu n'as pas ton mot à dire là-dessus. Maintenant, si demain tu veux encore me foutre dehors, je récupérerai mes affaires et j'irai chez Papa. Bonne nuit.

Et sans écouter les sifflements rageurs de celle qu'il ne verrait désormais plus comme sa mère, mais juste sa génitrice...

[Ça aussi, il me l'a dit plus tard.]

... Cam fit volte-face et entraîna un Chris silencieux et choqué à sa suite.

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon