☆ 𝒞𝒽𝒶𝓅. 11 : Pour votre bonheur

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𝑿𝑽𝑰𝒆 𝒔𝒊𝒆̀𝒄𝒍𝒆
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Eijiro Kirishima sentait son cœur se briser au fil des explications alambiquées que lui livraient son Prince et sa Reine depuis déjà quelques minutes. Plus la compréhension s'étendait dans son crâne, et plus son affection pour ces deux personnages lui massacrait la poitrine...

« Votre Majesté... » souffla-t-il finalement. « Pardonnez mon insolence, mais êtes-vous bien certaine de vouloir de moi en tant que–... »

« Évidemment. » l'interrompit aussitôt Mitsuki sans prendre ombrage de sa question.

« Tu es le meilleur choix. » enchérit Katsuki en hochant la tête.

« J-je ne suis même pas de sang noble! »

« Ne penses-tu pas que ce serait justement un avantage considérable pour jouer le rôle que nous te proposons? »

Le rouge se tut. Dans son esprit virevoltaient mille images de cette position suprême qu'aucun de ses ancêtres n'avait ne serait-ce qu'envisagée...

Eijiro Ier... Roi de France.

Était-ce seulement possible?

« J-je ne peux pas accepter... » chuchota-t-il en fuyant les regards carmin des Bakugo.

« Tu as suivi chacun de mes apprentissages. » insista le fils. « Tu es capable de réciter aussi bien que moi les leçons de Nemuri, sans parler de ton maniement des armes qui rivalise aisément avec le mien. »

« Est-ce seulement suffisant? »

« Penses-tu que je t'aurais désigné en me fiant au hasard? » intervint la mère.

Installée sur son trône, elle le contemplait de cet air digne qui terrifiait jusqu'aux membres les plus vicieux de sa cour. Il était impossible de se jouer d'elle ou de ses proches : elle manipulait l'art mauvais du mensonge à la perfection, obligeant ses éventuels ennemis à s'attaquer entre eux plutôt qu'à sa famille.

Cependant, elle usait encore plus efficacement de cette arme létale qu'est la vérité.

« Je ne peux me fier à personne d'autre, Eijiro. » poursuivit-elle. « Je t'ai longtemps mal jugé, alors aveuglée par mes principes rétrogrades. Mais, désormais, je m'aperçois de ta valeur en tant qu'allié et, surtout, de ta sincère préoccupation envers le royaume. C'est justement cette prévenance dont tu fais preuve en permanence qui me certifie que tu serais parfait à la place de Katsuki... »

Celui-ci se tenait au côté de sa génitrice, acquiesçant avec régularité à ses paroles. Pour une fois, il n'avait aucune envie de la contredire – ils avaient convenu ensemble du déroulé de ce moment crucial pour leur pays.

« Et votre lignée? » s'inquiéta encore son meilleur ami en se tordant les doigts sous le coup du stress.

« Elle ne m'importe plus. » répondit la souveraine sans hésiter. « Je pense que tu seras d'accord avec moi, n'est-ce pas? »

Je veux que vous soyez heureux... Je ne souhaite rien de plus que réparer mes erreurs.

« Néanmoins... Je préfère me répéter : si tu refuses notre idée, personne ne t'en tiendra rigueur. Ni maintenant, ni jamais. »

Un long silence s'étira dans la salle royale, à peine troublée par les cancans assourdis des courtisans déambulant à l'extérieur. Ces vautours fouinaient dans chaque recoin à la recherche d'informations, à n'en point douter...

Les iris écarlates d'Eijiro plongèrent dans ceux de son compagnon de toujours, en quête d'une réponse – qui ne lui serait pas offerte, c'était certain. Le cendré refusait d'influencer davantage son choix, conscient que les enjeux de celui-ci pesaient déjà assez lourd sur ses épaules d'écuyer...

S'il rejetait cet avenir aux innombrables responsabilités, il en serait ainsi. L'héritier en titre resterait à sa place et assumerait ce que lui dictait son sang, en s'efforçant de n'en ressentir aucune rancœur. Il épouserait Dame Uraraka – informée secrètement au préalable – et aurait avec elle des enfants qui, à leur tour, se devraient d'assurer une descendance.

Ce serait horrible.

Mais il était pour ça, après tout. Il avait déjà eu une chance divine de rencontrer Izuku au vingt-et-unième siècle... Peut-être finirait-il par s'estimer heureux et par chérir ces souvenirs sans en éprouver une si vive douleur? Il en doutait fortement, mais n'avait d'autre alternative que d'y croire.

« ... C'est d'accord. »

Soudain, Eijiro s'avança, franchit le piédestal puis, sans se décourager, le prit dans ses bras.

« Pour votre bonheur. »

Les semaines qui suivirent parurent trop longues et trop courtes au Prince. Épaulé par Mitsuki, Eijiro et Tsunagu, il s'attela à l'élaboration de l'événement tragique factice qui achèverait de changer l'Histoire de France...

Sa propre mort.

Le but était simple : faire croire au peuple que la désignation d'un nouvel héritier était urgente au vu de la situation et que, faute d'autres potentiels Bakugo mâles, la seule option envisageable devenait Eijiro. Meilleur camarade du défunt, élevé avec lui et en permanence dans son sillage, il était en effet pleinement apte à endosser les fameux devoirs princiers.

Certes, ce changement majeur signerait la fin de la lignée... Mais il marquerait aussi le début de celle des Kirishima et des Uraraka. Prochainement mariés par obligation politique, les deux jeunes gens étaient néanmoins prêts à se jeter corps et âme dans cette aventure pour donner à Katsuki l'opportunité qu'il méritait.

Il n'était juste pas fait pour vivre à cette époque. Sa vraie vie l'attendait ailleurs, dans ce lointain millénaire que lui seul avait appris à connaître.

Avec Izuku – si ce dernier voulait encore de lui.

Les adieux prirent plusieurs jours. Le futur trépassé consacra le temps qu'il estima nécessaire à ses proches, afin de leur assurer son amour sincère et entier. Il refusait de se précipiter aux dépens de leurs besoins et de leur prochain deuil qui, malgré tout, ne serait pas totalement feint. Il n'y aurait certes pas de cadavre, mais la douleur causée par sa perte serait quant à elle bien présente.

Enfin, quand tout fut réglé, il se rendit dans l'officine de Tsunagu pour la dernière fois en leur compagnie.

Ce fut étrangement rapide : ce qui comptait avait été dit maintes fois. Les ultimes étreintes de ce siècle furent échangées, les mots de la fin prononcés dans un souffle ému. Même si ce serait dur pour eux tous, aucun traître regret ne serait à subir plus tard.

« Merci infiniment. » lâcha Katsuki au savant blond en s'approchant de la haute fenêtre en ogive décorée d'herbes médicinales. « Sans votre curiosité et vos expériences astrales... »

« Nous ferons en sorte que l'Histoire se souvienne de vous, Altesse. Nous vous rendrons fier de toutes les façons possibles. » affirma son interlocuteur, des larmes au bord des paupières. « Attendez et vous verrez! »

« ... C'est promis. »

Tremblant, il appela la magie qui n'existerait plus suite à ce voyage.

« Et je n'oublierai jamais à quel point je vous aime. »

Le processus d'évaporation s'amorça, tandis que des gouttes salées dévalaient les joues des quatre personnes présentes... jusqu'alors.


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Prince des Temps || 𝐵𝑎𝑘𝑢𝐷𝑒𝑘𝑢Where stories live. Discover now