☆ 𝒞𝒽𝒶𝓅. 9 : Je vous connais

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Hellooo, me revoilà ~ 😙

Encore désolée de t'avoir abandonné.e juste après avoir posté le chapitre 8... J'espère qu'il t'a plu malgré tout et que tu es prêt.e pour la suite 😘

Celle-ci est d'ailleurs déjà écrite! Je mettrai donc en ligne deux chapitres par semaine jusqu'au 16 juin, histoire de ne pas te faire patienter davantage 💞

Sur ce, je te souhaite une bonne lecture! À vendredi 💜


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𝑿𝑽𝑰𝒆 𝒔𝒊𝒆̀𝒄𝒍𝒆
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La pluie s'abattait sans discontinuer depuis son retour, deux semaines plus tôt. Si le ciel persistait dans sa mauvaise humeur, celle de Katsuki n'allait pas tarder à ensevelir le château...

Peu après sa fuite honteuse, il avait été accueilli à bras ouverts par Eijiro. Son ami n'avait émis aucun commentaire quant aux quelques larmes parvenues à s'échapper le long de ses joues, soucieux de ne pas le heurter davantage. Il pouvait compter le nombre de fois où il avait vu le Dauphin pleurer sur les doigts d'une seule main...

Étonnamment, le temps désastreux qui ravageait le Paris du vingt-et-unième siècle la nuit de son départ semblait l'avoir suivi au seizième. Il n'avait donc pas eu l'occasion – ni même la possibilité – de s'exiler dans les jardins comme il l'aurait souhaité, ce qui n'avait fait qu'accentuer sa détresse mentale.

Katsuki avait clairement atteint sa limite. Son cœur désormais broyé par le chagrin et les regrets l'empêchait de se concentrer sur ses devoirs, lui ôtant ses belles résolutions prises peu après ce baiser merveilleux avec Izuku.

« Vous pensez à lui. »

La voix de son écuyer, empreinte de douceur, le fit relever la tête de son assiette argentée. Il n'avait pas besoin de toucher sa nourriture pour savoir qu'elle était froide, abandonnée au profit de ses réflexions douloureuses. Cette attitude était d'ailleurs tellement inhabituelle aux yeux de ses proches que Mitsuki avait choisi de ne pas rejoindre son fils à la table royale ce midi...

Était-ce par agacement ou par tristesse? S'apercevait-elle seulement de la souffrance quasi palpable qui émanait de sa progéniture, ou préférait-elle agir comme si elle n'existait pas?

« Non. » répondit Katsuki en croisant les iris rubis d'Eijiro, debout à sa droite.

Les tons mauves de la pièce – par ailleurs beaucoup trop grande pour lui seul – habillaient son visage soucieux de reflets aussi veloutés que sa personnalité. Face à lui, le noble peinait à afficher cette expression hargneuse qu'il revêtait dès qu'il osait sortir de ses appartements.

« Vous savez que vos mensonges ne prennent plus avec moi, Altesse. » lui rappela le rouge. « Vous avez si mal que le palais le ressent jusque dans ses pierres. »

« Je n'ai pas envie de revenir là-dessus. » le contredit-il. « C'est déjà du passé. Le temps fera en sorte d'effacer... Izuku de mon futur. »

Son palpitant protesta dès qu'il prononça ces syllabes, tranchant sans scrupule dans sa chair à vif. Il en éprouva des difficultés respiratoires, qu'il fit disparaître en quelques minutes en s'agrippant fermement à ses couverts : ce ne fut que lorsqu'ils finirent inutilisables que la crise passa.

« Ne vous rendez-vous donc pas compte de ce qui vous arrive? » persista Eijiro en s'installant sur l'un des sièges décorés de la tablée. « Ne croyez pas que votre mère ne s'en est pas aperçue. Aucun des membres de la cour n'a manqué ce que vous êtes devenu suite à votre dernier voyage. »

Le dernier... Je ne le reverrai plus jamais.

Sa gorge se serra au point qu'il en perdit la parole.

« Nous avons grandi ensemble... Katsuki. Je vous connais aussi bien que vous me connaissez. »

J'ai fait une erreur, une erreur, une erreur...

Laquelle? Celle d'avoir cru en cette romance incongrue tissée malgré lui?

Ou celle d'en être revenu?

« Je sais d'avance que vous n'irez pas mieux. Peu importent les semaines, les mois ou les années. C'est inutile de prétendre le contraire puisque vous en êtes conscient également. » assena son compagnon en le fixant. « Vous avez rencontré cet amour auquel peu de personnes croient encore... »

« Nous verrons bien. » croassa-t-il en dépit de ses cordes vocales étranglées.

« Vous vous trompez si vous imaginez que nous allons simplement vous regarder plonger petit à petit dans la dépression. »

« Ça ne te concerne pas, dans tous les cas. Fiche-moi la paix, tu veux? »

« Vous êtes mon meilleur ami et je refuse de me tenir à l'écart de ce que vous ressentez! »

« Je ne t'ai rien demandé! »

« Vous devriez, espèce de tête de mule! »

L'éclat soudain de son interlocuteur choqua le cendré au point qu'il en resta bouche bée.

« À l'instant où vous avez posé le pied dans notre époque, toutes vos envies vous ont quitté! Évaporées dès que vous avez compris ce que signifiait votre éloignement! »

Eijiro, contrairement à son Prince, ne s'énervait que peu. Les rares fois où il haussait le ton étaient à marquer d'une pierre blanche – d'autant plus qu'aucune n'avait impliqué Katsuki jusque-là.

« Vous m'avez décrit pendant des heures entières le visage de ce garçon! Vous vous êtes attardé sur chacune de ses taches de rousseur, chaque nuance qui dansait alors dans ses yeux! Puisqu'il faut encore vous le rappeler : je vous connais! Comment pouvez-vous espérer que j'ignore de tels comportements inédits de votre part? »

« Eijiro... »

« Et quoi donc? Vous allez sans doute prétendre que les prochaines semaines seront différentes? Que vous ne les passerez pas à batailler à chaque nouveau pas? Qu'aucune lame ne viendra transpercer votre torse à chaque fois que le prénom Izuku sera prononcé? »

« Je n'ai pas d'autre choix, imbécile! » brailla Katsuki, sa vie au bord des lèvres. « Je ne peux laisser ma mère s'épuiser davantage! Elle a besoin que j'endosse enfin mon rôle d'héritier, que je la décharge de tout ce qui pèse sur ses épaules depuis la mort de mon père! J'ai assez joué avec cette couronne, tu m'entends? Je vais la porter, pour l'honneur de mes ancêtres! »

Puis, il se leva avec brusquerie et s'apprêta à quitter la pièce, l'intégralité de son organisme ébouillantée par les émotions violentes qui le parcouraient. Il n'y voyait plus, sa vision bien trop troublée par les pleurnicheries rageuses la voilant.

« Et quand Izuku découvrira les peintures de votre couronnement dans ce fameux musée? » le retint l'écuyer.

Il s'arrêta juste avant de poser la main sur la poignée, le souffle coupé.

« Vous souvenez-vous des tableaux que nous avons brûlés afin de protéger votre identité dans cet autre millénaire? Cette fois, vous ne pourrez empêcher les artistes de vous immortaliser suite à votre sacre, Altesse. »

« J-je sais... »

« Que pensera votre bien-aimé quand il comprendra que vous n'avez pas été honnête avec lui? »


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Prince des Temps || 𝐵𝑎𝑘𝑢𝐷𝑒𝑘𝑢Where stories live. Discover now