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Je ne crois pas sortir officiellement avec Lily.

Premièrement car, après avoir largué Gustave, j'en ai déduit que s'embourber dans une autre relation n'était pas dans ses priorités actuelles. Deuxièmement car, ça pourrait encore une fois jouer sur sa popularité. La fille qui largue son gars, encore, pour une nouvelle personne, encore. Marre que les amours de Lily soient critiqués à tout bout de champs. Alors pour le moment je laisse les choses couler. De toute façon, on n'en a pas encore parlé. Après notre baiser, on en a eu un deuxième, puis un troisième, puis j'ai baillé par réflexe (non par ennui, ne vous méprenez pas), et on a fini par se dire bonne nuit (en s'embrassant). Le lundi matin on s'est retrouvées devant nos céréales au réfectoire et on s'est dit bonjour, sans s'embrasser. Mais le sourire complice qu'elle m'a lancé m'a donné de l'énergie pour la journée. SUBLIME.

Je ne vais pas vous mentir. Embrasser Fabio et embrasser Lily ont été deux expériences bien distinctes. Là où la première avait tendance à être un peu brouillon, la deuxième était tout à fait maîtrisée. Et douce, délicate, sensuelle, magique, merveilleuse, parfaite... [insérer ici tout adjectif associé à la perfection]. Il n'y a pas photo, embrasser Lily c'était l'expérience d'une vie et ça ne m'empêche pas de la reluquer encore et encore en cours d'anglais. Les températures du mois de mars sont sacrément réchauffées cette année.

— Non mais je rêve, pincez-moi ! s'exclame Sophie en portant une main à son front pour cacher le soleil.

— Agathe, c'est bien toi ? en rajoute Lily en me toisant de haut en bas.

Nous sommes devant le lycée, il est à peine huit heures du matin et cette heure est beaucoup trop précoce pour que nous soyons déjà levées un samedi et pour que j'ai à justifier mes choix vestimentaires.

Camille arrive en sifflant.

— CA-NON.

— Vous vous foutez de moi, je grogne en tirant mon sweat vers le bas pour camoufler comme je le peux l'immondice que je porte.

— Clairement pas, me rassure Camille en posant un doigt sous mon menton pour me forcer à relever les yeux. T'es belle.

— C'est juste qu'Agathe en pantalon, ça ne s'est pas vu depuis le grand Big Bang, confirme Lily.

Je les considère un instant pour être certaine qu'elles ne sont pas en train de se moquer. Il n'en est évidemment rien, ces filles sont les amies les plus honnêtes et motivantes que je n'ai jamais eues.

Je lâche alors mon pull qui remonte aussitôt et dévoile mes jambes trop fines dans mon legging moulant. Je me déteste comme ça. Mes jupes ont le mérite de cacher toutes mes formes, de jouer avec ma féminité, de me donner un style qui gonfle ma confiance. En pantalon j'ai l'impression d'être une brindille si facile à casser.

— Ah, le bus arrive ! annonce au même moment Mme Daoudi. En avant, joyeuse compagnie.

Notre professeure de SVT organise parfois, lors des week-ends, des randonnées pour les internes du lycée. Ce sont mes moments préférés de l'année. Nous en profitons pour découvrir la géologie de la région et les espèces qui s'y sont établies. Nous ne sommes rarement plus d'une dizaine d'élèves à nous y inscrire, et Bastien et moi sommes les habitués les plus présents. Fut un temps où nous y trainions Éva, mais je ne suis pas surprise qu'elle soit aux abonnés absents aujourd'hui. De toute manière, cette fois, j'ai réussi à motiver Lily, Camille et Sophie de m'y accompagner. Passer une journée à escalader la rocaille avec elles, c'est une activité digne d'intérêt.

Je profite du trajet en bus pour leur présenter Bastien. Elles le connaissent car nous partageons des cours et qu'il est interne depuis la seconde, mais c'est l'occasion pour eux de sympathiser un peu plus. Le courant passe sans fuite. Nous discutons tout le trajet.

La Loi de la JungleTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang