Il l'a massacrée ➖09

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     Amaya me caresse le visage, avant de coller son front contre le mien.

     « Lenny, écoute-moi, me supplie-t-elle. Si tu ne veux pas que je meurs, tu ne dois parler de ça à personne. Personne ! Je vais te le dire parce que, c'est vrai, tu as le droit de savoir ! Mais juste de savoir ! Je veux que tu me promettes de ne pas en parler, à qui que ce soit ! Sinon je me jette sous le bus ! T'entends ?
Quoi ? Qu'est-ce que-
Promets ! Jure-le sur Maman !
Je te le jure. »
Ses yeux terrifiés et inondés de larmes fixent les miens, comme pour jauger leur sincérité, puis ses mains tremblantes relâchent mes joues et ses paupières se ferment.

    « Tu te souviens quand Maman nous a secrètement annoncé qu'elle avait rencontré un homme qui lui plaisait ?
Ouais...Comment oublier ? Elle avait des étoiles dans les yeux et rougissait en nous racontant combien il la faisait rire.
Amaya fronce les sourcils et serre les poings, troublée, mais continue :

Comme je te l'ai dit, Maman était persuadée que c'était Papa qui t'avait « agressé », alors on s'est enfuies de la maison et on a emménagé dans un petit appartement, dans la banlieue de Jasal. Elle craint, c'est un vrai labyrinthe et les habitants ne sont pas commodes, alors on se disait que Papa ne viendrait jamais nous chercher là-bas, encore moins s'il y avait un homme à la maison, pour nous protéger. Alors l'amant de Maman venait souvent dormir.
Ses mains viennent lentement cacher son visage abattu et elle fond en larmes.
Je passe ma main dans son dos et l'enlace pendant de longues minutes, le temps qu'elle rassemble son courage pour reprendre :

     Tout allait bien au début. Je le sentais bien. Il était gentil et marrant, même avec moi. Mais un jour, je les ai entendus se disputer. Ils criaient tellement fort que je suis sortie de ma chambre, et j'ai vu un test de grossesse sur la table de la cuisine.
Quoi...? Attends. T'es en train de dire que-
Oui. Maman était enceinte. Sauf...Sauf qu'il était marié, lui aussi, et il ne voulait pas du bébé. Ils se hurlaient dessus et...Quand Maman a juré d'appeler sa femme pour tout lui raconter, il est devenu fou !  Il s'est retourné pour attraper un couteau et il lui a enfoncé dans le ventre !
Les informations se bousculent dans ma tête et mon souffle devient irrégulier.

   Il l'a...Il l'a massacrée, et...Quand elle a arrêté de bouger, il s'est tourné vers moi. Il s'est lentement approché en rigolant, le couteau à la main, et il m'a dit : « J'en aurais bien profité encore un peu, mais elle serait devenue gênante. Est-ce que tu vas être gênante, toi ? ». J'ai...J'ai fait « non » de la tête et il m'a répondu : « Tant mieux ! Je n'ai aucune raison de te tuer alors. ». Après, il m'a montré la photo du cambrioleur et m'a dit que si je ne racontais pas que c'était lui, il irait te tuer à l'hôpital et qu'une fois que j'aurais bien souffert, il viendrait me tuer, moi aussi.
Je la regarde, pétrifié par son récit.

     Je pensais que c'était fini et qu'il allait enfin s'en aller, mais il m'a dit : « Par contre, pour que la théorie du cambrioleur qui panique fonctionne, il manque un petit quelque chose. », et je n'ai même pas eu le temps de cligner des yeux qu'il m'avait poignardée. Je suis tombée par terre et il m'a empêché de crier en plaquant sa main contre ma bouche. La douleur était horrible mais il m'a dit de me taire si je ne voulais pas mourir tout de suite. Puis il est retourné dans la cuisine. Il a enjambé Maman pour accéder a l'évier, et il a lavé le couteau avant de se frotter les mains pendant de longues minutes, pendant que je me vidais de mon sang. Je n'ai même pas réussi à pleurer ou appeler à l'aide. J'étais tétanisée et traumatisée. Je fixais les beaux yeux de Maman, qui étaient devenus vitreux.
Elle se tient la bouche, retournée par l'horreur de ses souvenirs.

SMS DétresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant