ACHLYS - Beautiful War of Mankind

Chapitre 1

   Achlys Healder étais assise devant sa collation depuis plusieurs heures. Elle entamait tranquillement sa troisième tasse de thé, pas le moins du monde lasse du paysage sous ses yeux qui lui servait d'occupation.

Le soleil maintenait, sans faiblir, un voile de chaleur sur ses épaules, laissant le froid mordre cruellement ses oreilles et son nez. Son arrivée sur le continent Itastien il y a deux semaines n'arrangeait rien. Le froid la tiraillait toujours autant, elle ne s'y habituait pas. Alors tant qu'à faire, elle préférait grelotter dans le jardin, où elle pouvait admirer la nature librement.

La forêt de pins qui bordait le palais d'At'ir stimulait délicieusement son imagination, et face à elle, une allée de peuplier semblait s'étendre à l'infini, imposant à son esprit une rêverie enfantine. La jeune femme s'imaginait flotter au gré des vents, venus du Nord. Elle songeait au plaisir qu'une telle scène lui procurerait, être au sommet des peupliers. L'effet de surplomb.

Inattentive, Achlys ne se rendit pas compte qu'elle pinçait la peau de son cou à en devenir rouge. Une présence à côté d'elle l'observait alterner entre une caresse et un pincement. Elle se blessait. Hazel Owl ne savait que faire. Devait-elle agir ? Elle déposa sa broderie sur la table en fer forgé, bien décidée à ce que sa maîtresse cesse de se faire du mal. Alors, dans un geste qui parut naturel, elle touilla le sucre qu'elle mit au préalable dans son thé, et fit raisonner avec force sa cuillère sur le rebord. L'effet fut immédiat.

Achlys détourna le regard pour le diriger vers Aurora Renkins , qui approchait, son plateau bien garni entre les mains. Ses femmes d'âge moyen tenaient le rôle de, deux des dames d'honneur fraîchement nommées par son époux, afin de l'assister dans sa vie quotidienne. La bruyante avait pour rôle la gestion de sa garde robe, la deuxième tenait ses registres de compte et surveillait ses dépenses. Quoiqu'il faille préciser l'inutilité de son travail. Achlys venait de se marier à l'un des hommes les plus riches de l'Empire colonial lonenien. Lorsqu'elle désirait quelque chose, même les majordomes se pliaient en quatre pour trouver l'objet de son désir. Elle porta sa tasse fumante à ses lèvres, désireuse d'enfin voir Aurora assise.

Le lenteur la rendait nerveuse. Achlys porta sa tasse fumante à ses lèvres, désireuse d'enfin voir Aurora assise. Impatiente de caractère ? En effet elle l'était . Son éducation a su calmer ses ardeurs, mais les habitudes ont la vie dure. Et voir cette Aurora se déplacer et s'asseoir de cette manière, lentement, attentive à chacun de ces gestes, relevait de l'insoutenable. Évidemment, elle demeura silencieuse. À peine intégrée dans cette demeure, il fallait qu'elle compose avec l'entourage qu'elle avait. Achlys en venait même parfois à regretter sa traversée en mer, lorsque tout était simple. Ces cinq semaines furent longues et éprouvantes psychologiquement, mais là-bas, au moins, les marins se mêlaient de leurs affaires, et n'analysaient pas chacun de ses faits et gestes. On surveillait la nouvelle maîtresse des lieux de près. Chacun de ces gestes est rapporté. Et pas uniquement à son mari, de ça, elle en était certaine. Sa belle-famille ne posait pas encore trop de problème. L'ordre venait de plus haut.

- Madame, les tailleurs ont apportés votre commande, avec plusieurs parures de bijoux comme cadeau de mariage, désirez-vous les voir ?

Le sourire brillant d'Hazel ne lui échappa pas. Chaque personne dans ce pays maîtrisait l'Art de la manipulation. Et manifestement, les deux nobles attachées à son service pensaient qu'elle ne comprenait pas le jeu du bâton et de la carotte. À tort.

- Plus tard, lorsque je serais seule.

Les dames d'honneurs se regardèrent avec désespoir. Le temps passe et elles craignaient les répercussions si leur maîtresse venait à attraper un mauvais rhume. Une ombre bougea dans le dos d'Achlys. Elle fit mine de rien. Une troisième demoiselle, à l'apparence jeune et pleine de vie, déposa un châle sur les épaules de l'épouse de son employeur.