Amour et quiproquos ((EN COURS))

Chapitre 7 : Cassie

Lorsque les filles sortent, j'ose jeter un rapide coup d'œil vers l'extérieur. Je soupire de soulagement. Il n'est plus là. J'ouvre la porte et file rejoindre mes deux amies au milieu de la piste.

- Tu en as mis...

Je lui arrache la bouteille de vodka des mains.

- ... du temps, dit Charline décontenancé.

Je m'empresse de boire cinq gorgées d'affilés.

- Cassie ?

J'ai la gorge en feu mais tant pis. J'ai besoin de l'oublier et vite. Pourquoi cet inconnu me dérange autant. Un état de douce gaîté m'envahit rapidement dissipant toute trace de brûlure. Charline tente en vain de me dérober ma bouteille. Mais mes doigts s'agrippent fermement à celle-ci comme une gamine qui a peur qu'on lui vole son jouet.

- J'ai soif ! Dis-je d'une voix plaintive.

- Tu devrais arrêter de boire Cas, dit-elle. Ça ne te ressemble pas. Tu sais très bien que ça te rend nauséeuse lorsque tu bois autant.

Elle tente une dernière fois de me l'arracher, mais je la repousse.

- Laisse-moi m'amuser Cha.

Je finis la bouteille d'une traite. Elle me lance un regard dépité et m'abandonne sur la piste de danse. L'espace d'un instant j'ai l'impression que son corps s'est dédoublé. Ma myopie me joue un tour. Je n'ai pourtant pas oublié de mettre mes lentilles de contact ce matin. Je secoue la tête et retrouve un semblant de vision correct.

La musique bat son plein et l'ambiance est très festive. Mais qu'est-ce qu'il fait chaud. Et pourtant le tissu de ma robe est très léger. Pour un club qui se veut brancher, leur climatisation laisse à désirer. Les clients dont la majorité sont des femmes dansent étrangement lentement. Pourtant le rythme joyeux de la salsa est rapide. Les couples d'inconnus se forment à la vitesse d'un éclair. Brusquement, un grand brun s'approche dangereusement et ose poser l'une de ses grosses mains sur ma hanche.

- Une danse ma jolie ?

Je fais deux pas en arrière.

- Euh ... Non merci, dis-je timidement.

L'alcool me donne subitement le vertige. Prise au dépourvu, je vacille mais ne tombe pas. Une main rassurante enserre ma taille. Mes prunelles croisent celle de mon sauveur. Mon corps se raidit.

- Toi ? Murmuré-je.

Je tente de me dégager de son emprise mais en vain. Mon corps ne m'appartient plus. Je me sens lourde. Je pousse un hoquet. Embarrassée, je pose immédiatement ma main sur ma bouche. Il rit. Ses dents sont si blanches et si parfaitement alignées qu'il ferait un candidat idéal pour tourner une publicité de dentifrice Colgate.

- Je ne pensais pas qu'une fille comme toi buvait autant, dit-il.

Une fille comme moi ?

Je n'ose plus bouger tellement j'ai honte. Je ne me reconnais plus. Cette soirée part totalement en vrille et je me maudis intérieurement d'avoir avalé autant d'alcool. Ce n'est pas dans mes habitudes de consommer jusqu'à en perdre le contrôle. Mais à cause de lui, je fais n'importe quoi. Et j'aimerais qu'il me lâche ; mais en même temps, j'ai pitoyablement besoin de ses biceps musclés pour me maintenir convenablement debout.

Je pousse un second hoquet. Puis un troisième. Qu'on me donne une pelle pour que je puisse creuser ma tombe !

- Accroche-toi à-moi si tu ne veux pas finir les fesses par terre.

- Euh...

- Je veux juste t'aider. Mon pote Matt va te donner un verre d'eau pour faire passer ton hoquet.

Ça fonctionne ce genre de chose ?

- Je vais me débrouiller toute seule. Et puis c'est qui Matt ?

- Le barman. Allez accroche-toi bien. A moins que tu préfères ma seconde option...

Il se lèche les lèvres avec désinvolture.

- Euh... Non merci.

- Je m'en doutais Madame Coincée.

- Je ne suis pas coincée !

Je pousse un quatrième, puis un cinquième hoquet.

- Je vais bien finir par te croire avec tout ce que tu as bu. Donne-moi la bouteille vide.

Je n'ai pas la force de l'empêcher lorsqu'il passe mon bras au-dessus de sa tête.

- Accroche-toi bien.

Ma tête tourne. Je m'accroche désespérément à lui de peur de tomber par terre. Moi qui cherchais à l'éviter, voilà que je me retrouve collée à sa taille. Il m'entraîne jusqu'au bar. Son pote Matt m'observe d'un air soucieux.

- Un problème Seb ?

- Donne-moi un verre d'eau s'il te plaît, cette jeune fille a abusé de la vodka.

Je hoquette, encore et encore. Vivement que ce syndrome s'arrête.

- On doit lui faire passer son hoquet.

Un sourire s'illumine sur le visage du barman mais pas pour moi. L'objet de son désir n'est autre que...

- Cassie ! Te voilà, dit Andréa. Elle zigzague parmi la foule de danseurs pour nous rejoindre. Ça va ?

- Votre amie va bien, s'empresse Matt. Elle a juste trop bu.

- Oui, dis-je en me massant les tempes. Et j'ai ce maudit hoquet qui ne passe pas.

Seb me tend une chaise haute pour que je puisse m'asseoir.

- Où est Charline ?

Andréa soupire d'exaspération

- Elle est partie. Je crois qu'elle n'a pas apprécié notre petit écart de conduite. Sa grossesse la rend vraiment de plus en plus irritable ! On va devoir lui préparer un petit déjeuner digne d'une princesse avant notre départ demain.

- Mais elle a nos portables dans son sac, et les clés comment on va faire pour rentrer ?

- Ne t'inquiète pas. Elle n'a pas été si méchante que ça. J'ai tout récupéré avant qu'elle parte. Nos affaires sont en sécurité aux vestiaires. Tu me feras juste penser à les récupérer.

- Tiens ton verre, boit, dit Seb un brin autoritaire.

Le contact de l'eau froide me donne des frissons. Il pose ses doigts sur ma joue moite de sueur et repousse l'une de mes mèches égarées. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Son regard alterne entre mes yeux et ma bouche. Il fait de plus en plus chaud dans ce club.

- Ok... Bon et bien, Cas, préviens-moi quand tu voudras rentrer. Je serais avec le grand brun sur la piste de danse. Merci pour les verres, ça m'a fait plaisir de te revoir Matthew.

Elle dévisage Seb. Son air malicieux m'irrite.

- Je te confie ma meilleure amie.

Je vais la tuer...