Chapitre 3 : Cassie

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— Je vais chercher à boire. Vous voulez quoi ?

— Mais non, t'embête pas Cas, dit Andréa. Les serveurs sont là pour ça.

J'observe les principaux concernés, la majorité sont presque nus. Non merci, je vais me passer de leurs services.

— Ça ne m'ennuie pas. J'ai besoin de bouger.

— Comme tu veux. Je veux bien un mojito.

— Étant donné ma condition, un Virgin mojitos fera l'affaire, dit Charline.

— Parfait, à tout à l'heure.

J'avance en direction du bar. Mes pieds commencent à me faire mal. Je déteste ces escarpins. C'est clairement une invention de torture pour nous les femmes.

— Bonjour

— Bonjour, que puis-je pour vous trois ?

Il ne lâche pas du regard notre table. Punaise, il a clairement le béguin pour Andréa. J'ai de la peine pour lui car je sais déjà comment ça va finir entre eux. Andréa ne reste pas plus de 72 heures avec la même personne.

— Deux mojitos et un Virgin mojitos s'il vous plaît.

— C'est comme si c'était fait. Je vous ramène ça à votre table.

— Ce n'est pas nécessaire.

— Mais j'insiste.

Il pourrait au moins me regarder quand il me parle. Bon sang Andréa, tu lui a fait boire un filtre d'amour ou quoi. Je patiente tranquillement accoudée au bar. J'ai envie de rentrer et vite partir d'ici.

— Première fois ? Dit une voix masculine.

Un homme à l'allure athlétique se place à côté de moi. La lumière tamisée m'empêche de voir correctement les traits de son visage. Au moins lui, il est habillé de la tête aux pieds.

— Comment ça ?

— Votre tête parle pour vous. Vous semblez perdue, voir même apeurée.

Son ton moqueur commence à m'irriter.

— Mais non... Enfin peut-être. Ça se voit tant que ça ?

— Vous êtes la seule femme qui attend sagement ici, alors que toutes vos semblables se bousculent pour avoir la meilleure place pour voir le spectacle.

— Quel spectacle ?

Il hausse les sourcils. Ai-je dit une bêtise ?

— C'est bien la première fois qu'on me pose une question aussi tordue.

Je le dévisage sans un mot.

— Pour le spectacle de striptease. Vous êtes bien venue pour ça je me trompe ?

— Ah ça... Oui. Non. Enfin... Je ne suis pas intéressée. J'accompagne seulement mes deux meilleures amies.

D'un hochement de tête, je désigne la table où m'attendent les filles.

— Elles veulent me faire oublier un homme. Et elles n'ont rien trouvé de mieux que de m'emmener dans ce club. Comique non ?

— Comique en effet. Cependant, n'importe quelle femme serait ravie d'être à votre place.

— Je ne suis pas n'importe quelle femme, dis-je d'une voix sèche.

Il ne dit rien, mais ses yeux me dévisagent avec intensité. Je n'arrive pas à définir la couleur de ses iris.

— Seb c'est l'heure, dit le barman.

— J'arrive.

Il passe une main dans ses cheveux lisses pour se recoiffer. Ses pointes touchent presque ses épaules musclées.

— Bon spectacle Madame Coincée.

— Comment ? Mais je ne suis pas coincée.

J'ai une soudaine envie de le gifler. Mais je me retiens.

— Alors prouve-le.

Je dévisage sa main qu'il me tend. Ma fierté et mon égo prennent le dessus sur ma raison. Pour la première fois, je ne réfléchis pas. Je déconnecte mon cerveau. Et j'accepte son défi. J'attrape fermement sa main. Une décharge électrique nous surprend tout les deux. Puis il m'entraîne avec lui.

Je ressens un nombre incalculable de regards braqués sur moi lorsque je monte sur l'immense plateau carré. Il me somme de m'asseoir sur une chaise au beau milieu de la scène. Deux autres femmes sont également assises. L'inconnu ou devrais-je dire Séb me laisse en plan. Qu'est-ce que c'est que ce traquenard ?

Les lumières s'éteignent. Dans le noir, je distingue vaguement mes deux meilleures amies. Lorsque la mélodie touche à sa fin, elle laisse place à une musique plus forte et d'une sensualité à me faire rougir. Dès les premières notes je la reconnais. Il s'agit de Two feet, I feel like i'm drowning. Soudain, des lumières rouges nous éclairent. Et je vois débouler trois hommes dont Seb, déguisés en pompier juste en face de nous.

Oh mon dieu mais qu'est-ce qu'il se passe ?

Chacun d'entre eux choisit sa fille et s'approche de manière lascive. Quelle honte, je n'ose pas lever les yeux. Celui qui m'a prise pour cible s'approche et place son entre-jambe en face de mon visage. Non ça ne peut pas être... Oui, il arrache sa veste et la fait tournoyer au-dessus de sa tête. Des stripteaseurs ! Bordel, dans quel pétrin me suis-je mise. J'ai du mal à réaliser ce qu'il m'arrive. J'ai pourtant essayé d'éviter ce genre de chose toute la soirée. Mais quand je tourne mon visage vers Andréa, je constate qu'elle est en jubilation devant cette scène.

Elle cri :

— Allez Cassie ! Amuse-moi ma poulette !

Mais je n'en veux pas moi de ce striptease. J'ai envie de la tuer. Mais ça va devoir attendre notre retour à l'appartement.

Je sens une main chaude sur ma joue. Je sursaute et je me rends compte que mon stripteaseur veut que je tourne la tête vers lui. Je n'ose pas le regarder. Peut-être juste son torse de malade qui bouge dangereusement en face de moi. Juste un petit peu ? Seigneur est-ce que c'est possible d'être aussi bien foutu ?! Un grand tatouage parcourt son bras gauche. Carpe Diem, écrit en large lettres romaines. Merde, il s'est retourné et j'ai ces fesses en plein visage sans que je puisse comprendre comment son pantalon s'est volatilisé. J'ai un gros moment de panique mais je suis soulagée de voir qu'il porte un boxer noir. Dieu merci. Il commence à se frotter à mes jambes, s'empare de mes mains pour les faire glisser sur son torse en béton armé. Je jette un rapide coup d'œil aux autres. Aucun n'arrive à la cheville de mon stripteaseur. Il se retourne et me mets la main sur ses fesses. Les fait ensuite glisser sous son boxer. C'est normal de toucher autant de peau ? Ne sont-ils pas simplement censés se déshabiller et se trémousser devant nous?

Alors que Andréa et Charline gloussent de plus belle. Cet homme fait le show. Il chauffe la foule puis revient vers moi. Il ne cesse de bouger dangereusement contre mon corps. Je manque d'oxygène. C'est alors qu'il arrache son boxer et je découvre un fin bout de tissu qui ne cache que ce qu'il est nécessaire de couvrir. Je vais faire un arrêt cardiaque. Il me prend la main et la fait glisser le long de son torse. De bas en haut jusqu'à la faire descendre... Ah non ! Paniquée je lève les yeux et découvre son visage. Et là, j'en perds mes mots. C'est l'inconnu, enfin je veux dire Seb. Il se fige et je sens que le temps c'est arrêter autour de nous. Mes yeux se noient dans ses iris marron foncé. Son regard est tout simplement magnétique. Si profond que j'aie l'impression qu'il sonde mon âme. Un... Deux... Trois battements, je manque de m'évanouir. Il est terriblement séduisant. Je suis incapable de faire le moindre geste. Nous restons bien de longues secondes à nous dévisager lorsque la musique change soudainement de rythme. Je comprends qu'il est temps pour les stripteaseurs de sortir de scène. Je le laisse partir et garderais se souvenir longtemps dans ma mémoire.

Carpe Diem.

Amour et quiproquos ((EN COURS))Where stories live. Discover now