Désaxés // DabiHawks

Jour 4 [1]

Leurs pieds s'enfonçaient dans le sable et ils se faisaient sans cesse surprendre par une brise légère qui se baladait au gré de la nuit et des étoiles. Touya regardait autour de lui alors que Keigo avait ses yeux fixé sur le sable froid.

« Comment est-ce que tu as su qu'il y avait une plage par là ?, demanda le premier, surpris de ne pas connaître ce lieu alors qu'il avait habité à Musutafu toute sa vie.

— Je n'en savais rien, c'est Momo qui me l'a dit. Je pense qu'elle a des dons.

— Je ne sais vraiment pas où Shoto a trouvé cette folle. »

Le Takami laissa échapper un rire qui s'épuisa rapidement sous l'œil interrogatif du Todoroki. Ce dernier n'osa pas lui demander si tout allait bien, mais son cœur commença à se serrer, sentant la discussion sérieuse arriver. Ils marchèrent en silence encore un peu avant que le blond ne s'arrête, l'autre faisant de même.

« Tu sais, je n'ai pas habité toute ma vie à Musutafu.

— Ah ?, fit Touya en fonçant les sourcils, ne comprenant pas pourquoi est-ce que le plus jeune lui disait cela.

— Non, c'est mon oncle qui habitait ici.

— Tu habitais chez ton oncle ?

— Oui, depuis peu avant la rentrée de seconde. C'était la troisième fois que je changeais de foyer et franchement, ce n'était toujours pas le bon. »

La troisième fois ? Un sentiment d'amertume commençait à s'installer chez le plus âgé. Combien de choses importantes est-ce que Keigo lui avait caché, même durant leurs années communes ?

« Pourquoi tu n'as rien dit ?

— Je t'assure que je le voulais, mais je n'ai pas osé par peur d'être le chaton blessé du groupe. Je ne voulais pas que vous portiez un regard différent sur moi.

— Mais tu aurais au moins pu me prévenir, non ?

— Surtout pas. Tu avais une image de moi que je ne voulais pas modifier, j'y tenais trop. Mais à quoi bon maintenant de te le cacher ? J'apparais déjà comme la pire des ordures. » le blond haussa les épaules et enfonça ses mains dans ses poches encore plus qu'elles ne l'étaient. « Je pensais vraiment qu'on allait finir ensemble, tu sais.

— Ouais, moi aussi. Regarde nous maintenant. »

Il était vrai que voir cette situation d'un point de vue objectif était ironique pour Keigo. Il lâcha un petit rire, recevant un regard incompréhensif en réponse.

« Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

—  Rien. Mais j'étais juste tellement habitué à être la personne déçue, mais je n'ai jamais pensé à ceux que je décevais. Je suis vraiment égoïste dans le fond, je m'en rends compte maintenant. Mais c'est trop tard pour les excuses, n'est ce pas ? »

Touya contenait des mots qui lui brûlaient les lèvres, il rêvait de recracher tout le venin qu'il avait accumulé toutes ces années durant, mais une part de lui le retenait, et il n'en connaissait que trop bien l'origine.

« Tu pourrais plus approfondir ta situation ? J'ai du mal à comprendre, railla le Todoroki, employant de nouveau un ton condescendant.

— Oui. Alors, par où est-ce que je commence...?

— Pourquoi est-ce que tu n'habitais pas avec tes parents ? »

Un flot de souvenirs envahit la mémoire du plus grand, accompagné d'un pincement au coeur qu'il n'avait pas ressenti depuis si longtemps et, honnêtement, cela ne lui avait pas manqué. Touya avait bien remarqué son changement d'attitude mais ne le souligna pas, déterminé à avoir le fin mot de cette histoire.