IGOR

38 | Pardonne moi

RAVEN

- Ce soir est le grand soir, s'excite-t-il.

Je feins ne pas avoir entendu ses mots et continue de préparer mon sac.

- Je le réserve pour demain... Je dois d'abord en finir avec ma mère, mentis-je.

Je ne sais pas pourquoi je mens mais je prends mes précautions en lui cachant que son neveu allait être la première personne à qui j'allais rendre visite. Quelles précautions ? Je ne sais pas... Peut-être avais-je peur ?

Son excitation me rongeait le cœur. Malgré moi, une part de moi me hurle de ne pas le faire... Et cette voix, je la fais taire autant que je peux. Parce que ma haine à son égard était bien plus forte.

Savez vous ce qu'on considère comme une âme sœur ? Parce que moi je sais... Et mon âme sœur c'était lui. Jusqu'à qu'il décide de devenir mon pire cauchemar.

Quand je finis par zipper la fermeture éclair de mon sac, je remarque que le vieux est toujours derrière moi. Je venais à peine de déjeuner avec lui mais il me collait toujours au cul.

- Un problème ?

Il me sonde de ses yeux aussi venimeux que ceux d'un serpent et finit par quitter ma chambre sans me répondre. Je fronce les sourcils en me demandant ce qui cloche chez lui.

J'étouffe les toux qui menacent de sortir de mes poumons à l'aide de mon bras. Je rage comme un animal avant de sortir de nouveau les antibiotiques qui sont devenus des médicaments que je prends quotidiennement à présent...

Je ne grimace plus lorsqu'il s'agit d'avaler ces gélules. Parce que ça me rappelle notre premier baiser. Parce que ça me rappelle le goût de ses lèvres chaudes sur les miennes... Et à quel point ça me tue de l'aimer.

Je me relève, sac à l'épaule et inspire profondément.

En serais-je vraiment capable ? Nous verrons cela.

...

Depuis cinq minutes je n'ose pas bouger. Je suis face à l'édifice où tant de souvenirs se sont créés en l'espace de si peu de temps... Des bons... Et des mauvais.

La nuit était glaciale et aucun nuage ne venait perturber l'harmonie du ciel d'un bleu presque noir. Le vent venait tirer mes cheveux sur le côté alors que j'imaginais la scène dans ma tête. Mon poignard s'enfonçant dans son cœur... Et dans le mien au passage.

J'ai vécu ici assez longtemps pour savoir comment passer à travers les systèmes de sécurité qui entouraient la résidence. Et c'est sans mal que je passe à travers le portail principal. Les alentours étaient silencieux et vides. Pas très prudent pour l'organisation criminelle en tête de la Russie.

Mes bottes claquent dans un bruit régulier dans le gravier. Mon but n'était pas de me cacher, seulement d'être discrète. Je me dirige donc automatiquement vers le hall qui mène aux ascenseurs. Arrivé devant celui tout à gauche, j'appuie sur le bouton pour l'appeler.

- Te voilà enfin.

Je me raidis. Je ne l'avais pas entendu arriver.

Je refuse de me retourner pour faire face à son regard... Le même regard que son frère.

- Retourne toi Raven.

Sa voix se fait presque autoritaire alors qu'après un soupir j'enfile mon masque imaginaire. Je me tourne avec un sourire en coin et le regarde de haut en bas, dédaigneuse.

Je le hais autant qu'Ivan.

- Salut Cade.

Il était adossé à un des piliers en béton et après quelques secondes, il se redresse pour avancer vers moi. Son visage était fermé et froid. Aucune émotion ne s'échappe de ses traits.