Chapitre 17 : Incursion

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Cineád attendit sa réaction avant de se risquer à répondre. Elle s'accroupit d'un mouvement distingué, et tendit la main vers le Shiba. Sa prestance naturelle, la bonne facture de son tailleurs bleu saphir, trahissaient ses origines. Sahira descendait d'une longue lignée d'Asters affiliés aux Cebalraï. Les Razès avaient prospéré parmi les hautes sphères de la Constellation, jusqu'à ce que celle-ci se retourne contre eux. L'esthésive avait treize ans quand elle avait été séparée de ses parents et abandonnée par la société astérienne. Désormais âgée de trente-sept, elle n'avait rien perdu de sa dignité.

Le bleu gris de son regard tranchait avec sa complexion foncée, d'une riche teinte cacao. Une multitude de tresses ornées d'anneaux dévalaient son dos, leur extrémité colorée se mariant avec ses iris. Elle possédait des traits empreints de noblesse. Sa bouche était fière, et ses pommettes conféraient de l'aplomb à sa figure.

— C'est dangereux de l'amener, fit-elle observer alors que le Shiba lui reniflait les doigts. Qu'est-ce qu'il fait là ?

— Il reste avec moi pour le moment, éluda Cineád. Vous comptez me dire pourquoi vous m'avez fait venir ?

À sa grande satisfaction, Sahira ne chercha pas à insister, et se redressa.

— Oswald ne t'a pas expliqué ?

Il jeta un coup d'œil incriminateur à l'alchimiste.

— Il m'a juste dit que vous aviez besoin de moi.

— On a un peu de marche à faire, intervint le concerné. Je suggère qu'on éclaircisse ça en chemin.

— Comme tu veux, mais je vous préviens : c'est la dernière fois que vous m'appelez sans me dire dans quoi on s'embarque. Je me souviens pas avoir accepté de rester à votre dispositions.

— Toutes mes excuses, lui dit Oswald d'un ton qui n'en contenait aucune.

Cineád abaissa le regard vers le métamorphe, dans l'espoir qu'il se décide finalement à déguerpir. Déguisant son insolence sous une désaffection toute canine, le Shiba l'ignora royalement, et emboîta le pas aux deux autres. Excédé, il ne put que rouler des yeux avant de les suivre.

Sahira considéra d'un air intrigué le chien qui trottait près de ses jambes. Elle semblait pourtant résolue à ne pas questionner l'incendiaire, fidèle à l'implicite règle de discrétion établie entre les membres de Rigel. D'autant que Cineád avait déjà prouvé son engagement auprès de la Constellation.

Une demi-heure plus tard, le trio flanqué du clebs mouillé s'immobilisa devant le parc dépourvu d'enceinte qui ceignait une petite clinique à l'abandon. En cette partie si reculée de Bryvas, il s'agissait du seul immeuble à se dresser parmi les pavillons de banlieue résidentielle. Derrière les arbres plantés sur un terrain en cruel manque de tonte et d'élagage, le bâtiment de quatre étages, en proie à la sénescence, présentait un aspect sinistre.

D'après les explications d'Oswald, la Constellation Becrux, implantée à Hamalex, y gardait un Thērion non homologué. Réputée comme la confrérie du vivant, Becrux s'imposait en virtuose des arts liés à la faune et la flore. Ses serres fructueuses fournissaient les trois autres Constellations en composants plus ou moins illicites. Elle comptait en outre les derniers Asters capables de produire et maîtriser les Thērions. Principalement vendus à des fortunés comme animaux de compagnie ou de garde, ils nourrissaient depuis longtemps les rumeurs. Cela faisait ainsi des décennies que des créatures échappées des locaux de Becrux étaient supposées rôder dans les rues.

Sahira était néanmoins parvenue à dénicher le spécimen déficient qu'ils cachaient ici. Résolus à s'en emparer, elle et Oswald avaient fait appel à l'incendiaire afin qu'il les aide à mater la bête. Cineád s'avança le premier sur l'allée goudronnée menant à un parking envahit d'arbrisseaux.

𝐀𝐒𝐓𝐄𝐑𝐒 | Tome 1 | LES DAMNÉS DE BRYVASOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz