Volume 5 - Chapitre 9

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Chapitre 9

Le cortège progressait lentement à travers le maquis, marchant jusqu'au lieu de rendez-vous. Au milieu des Crixiens, les mains liées par une irritante corde de chanvre, Nyx et la mère de Kara avançaient la tête baissée.

— Je pense que c'est un délire sexuel, opina le jeune homme.

— Quoi ? réagit sa camarade d'infortune.

— Les cordes. Se balader à moitié à poil dans la forêt. Tout le délire sur les esclaves huilés...

La Secrétaire le fusilla du regard.

— Vous pensez que c'est le moment de faire des blagues ? Vous vous rendez compte de la gravité de la situation ?!

— Bah... Justement, c'est dans ces moments-là qu'on a le plus besoin de rire.

Un instant passa sans qu'elle ne réagisse, le fixant, vraisemblablement incapable de concevoir l'intérêt de la comédie face au drame. Finalement, elle poussa un soupir.

— Je ne devrais pas m'attendre à ce qu'un pirate comprenne les responsabilités qui incombent à quelqu'un comme le Gouverneur, ni ce qui se joue lorsqu'on s'en prend à lui.

Nyx ne put s'empêcher de rire.

— Riez donc, grogna Bloom. J'envie votre insouciance.

Son rire se stoppa net, avec la facilité déconcertante qu'offre un rire aussi jaune que forcé.

— J'avais envie de croire que vous étiez une bonne personne, déclara Nyx, monocorde. Kara semble avoir une telle estime de vous, je m'étais dit que c'était pas pour rien. Mais comme tout les grandes personnes qui ont fait de ce monde pourri ce qu'il est, vous n'avez que du mépris pour les petites gens.

— Vous ne savez rien de moi, riposta Bloom.

Nyx tira sur sa manche, révélant le tatouage qu'il avait reçu sur cette planète bien des années auparavant.

La Secrétaire du cabinet du Gouverneur resta coite.

— Les gens pensent que je suis un idéaliste ou un optimiste, continua le renégat. Mais j'ai juste envie de croire que les gens font pas exprès de faire le mal. Que c'est toujours un accident, ou un quiproquo. Qu'on leur a menti, qu'ils ne savaient pas. Que personne n'a jamais vraiment envie de blesser. Que tout le monde fait de son mieux. Parce que c'est ce que je fais. Ou ce que j'essaie de faire.

Tandis qu'il vidait son sac, la mère de Kara écoutait en silence, incapable de le couper. Sa langue était paralysée par une lourde boule tirant dessus. Une boule de honte.

— Parce que ce qu'on m'a fait, je refuse de croire que c'était un choix. Je peux pas vivre dans un monde où des gens ont décidé de faire ça à un enfant, en toute connaissance de cause. Et encore moins dans un monde où d'autres n'ont pas participé, mais le savaient très bien, et n'ont rien fait pour l'empêcher. Je crois que ça me répugne encore plus. Qu'on puisse laisser des atrocités se dérouler et passer son chemin.

La boule de honte pesait de plus en plus lourd.

— Mais quand j'entends le mépris dans votre voix, parce que je suis un pirate à vos yeux, mes croyances se cassent la gueule. C'était le même mépris qui venait de l'autre extrémité des bâtons. Et ça me fait penser que rien n'était accidentel. Que c'était une machine bien huilée.

— Je... essaya de protester Bloom, mais sa gorge refusa de lui accorder une chance.

— Vous me parliez des responsabilités du Gouverneur. Je pense que ça en faisait partie. Je me trompe ?

RenégatsWhere stories live. Discover now