Une affaire d'avocats

Chapitre 55 : Un toi et un moi

Zakhar :

Un soupir s'échappe de mes lèvres pendant que mes doigts martèlent le bois de mon bureau. Deux coups joyeux frappés contre la porte se font entendre.  Je quitte mes pensées avec une forme de regret et d'appréhension. Ma respiration se coupe un moment avant que le nouvel arrivant ne soit autorisé à entrer. Marco s'avance à l'intérieur de mon bureau le dessous de bras chargé d'un paquet qu'il dépose sur mon bureau sourire plaqué aux lèvres.

- Regarde ce que j'ai là ! C'est les sandwich à la viande de Chez Anoushka ! Ça te rappelle pas des souvenirs ?

- Ouais, ta tête pleine d'acnée...

- Tu veux mourir ? Demande-t-il d'un air outré.

- C'était trop tentant, me justifie-je avec un sourire qui se fade aussitôt qu'il se dessine sur mon visage. Ça a été ton début de journée ?

- Ouep ! J'ai traîné avec ta copine, c'était sympa, mais elle est un peu taré. Énonce l'espagnol en s'installant dans le fauteuil en face du miens tout en déballant les sandwichs dans le sac cartonné. Mais bon, ceux qui se ressemblent s'assemblent comme on dit...

Je roule des yeux devant sa petite pique de rien du tout.

- Pourquoi est-ce qu'elle est taré ? Tu as fait quoi encore ?

- Eh ! J'ai rien fait cette fois ! Se plaint Marco en mordant dans son pain.

Je commence à déballer mon sandwich en réfléchissant à comment amorcer le sujet. J'y reflechis serieusement mais je vois pas comment je peux lui dire que mon oncle va se faire charcuter dans une semaine. Comment lui dire que mon oncle risque de ne plus jamais se réveiller ? Comment lui avouer ca avec douceur ? Je ne sais pas comment le faire de maniére delicate alors je vais tout lui débiter d'une traite !

- Au fait, Anastasia a appelé, Marco relève son regard vers moi tout en mangeant. Elle m'a dit qu'ils ont enfin trouvé un cœur à transplanter à Ilya. Il va se faire opérer en Amérique la semaine prochaine. Enoncé-je avec un ton calme presque naturel.

Son expression interloquée laisse place à la surprise puis à un relâchement faciale.

- Il était temps ! J'étais sous tension ces dernières semaines. Soupire mon ami de soulagement.

- Hum...

Je m'inquiétais pour rien finalement. Je pense pas qu'il voit les choses comme moi. Il est positif et confiant alors ça me rassure un peu plus au fond de moi. Et honnêtement, je ne me sentais pas capable de consoler qui que ce soit.

- Ça a l'air de t'angoisser, toi... Tu appréhende l'opération, Zakhar ?

- Un peu, mais c'est normal, n'est-ce pas ?

Mon ami hoche de la tête tête avant de me sourire avec assurance.

- Détends-toi et mets ta confiance en dieu. Me répond mon frère de cœur tout en reprenant une bouchée de son sandwich.

- Facile à dire qu'à faire...

Un soupir s'échappe d'entre mes lèvres ce qui interloque Marco et l'arrête net dans son ingurgitation de nourriture. Il finit même par déposer son sandwich sur mon bureau avant que sa concentration ne soit entièrement que sur ma personne.

- C'est quand la dernière fois que tu as été à l'église ou que tu as prié ?

- Je sais plus... J'ai pas eu le temps dernièrement.

- T'as vu, c'est ça le problème ! La foi, ça s'entretient mon frère sinon le doute rempli ton cœur. On va prier, donne-moi tes mains ! Allez !

Je finis par déposer mes mains dans les siennes ce qui le ravie fortement. Il rompt le silence avec une prière qu'Anastasia avait l'habitude de dire pour renforcer notre foi et pour qu'on ait confiance en le jugement de Dieu. Des souvenirs où je prie avec Anastasia, Marco et Ilya émergent de ma mémoire. Je me rappelle encore de la douceur de la voix de ma tante pendant la prière puis de moi qui ferme les yeux pour  mieux me concentrer avant qu'un sentiment de sérénité ne se propage au fond de moi. Je peux encore ressentir la douceur des caresses de ma tante sur le haut de ma tête ainsi que le rire joyeux de Marco à la fin de notre prière.