Trois Mille Euros Net.

Chapitre 24 : N'oubliez pas de respirer, Miss Volkov.

Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien. Un chapitre que j'affectionne tout particulièrement aujourd'hui. Au programme : de l'alcool, de la danse, et une surprise ;) 

J'espère que ça vous plaira. Je vous remercie tous de me lire, et vous souhaite un bon week-end. 

Tendrement, 

Lou De Peyrac.

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19h40. Madame Del Vecchio s'arrêta devant la devanture du restaurant qu'elle avait choisi pour l'occasion. Un établissement qu'elle connaissait depuis longtemps et qui ne l'avait jamais déçu. Exceptionnellement, elle avait volé la Mercedes pour ce soir en se rappelant finalement que cette voiture lui appartenait même si Bob aimait croire le contraire. Le trajet avait été calme alors que le soleil éclairait encore le sol lyonnais en cette fin du mois d'août. Miss Volkov avait été étrangement silencieuse. Giulia n'avait seulement pas conscience que la jolie Russe l'avait épiée tout du long. Magda l'avait discrètement dévoré des yeux. Et encore, elle ne parlait pas du tailleur bleu roi que sa patronne avait choisi de porter ce soir. Ni du maquillage léger mais qui donnait une certaine profondeur à ses yeux noirs. Ni de son rouge à lèvre presque sanglant qui magnifiait son sourire. La pauvre gouvernante avait été forcée d'ignorer tout ceci, parce que si elle ne l'était pas déjà, elle aurait pu tomber amoureuse d'elle rien qu'en la regardant ce soir. Alors, elle s'était concentrée sur ce qu'elle ne connaissait pas encore. Comme sa façon de conduire par exemple. Sa manière si singulière de tourner le volant rien qu'avec la paume de la main, la grimace qu'elle faisait quand le soleil lui brûlait les yeux avant de baisser le pare-soleil, ou encore, son réflexe absolument exquis de passer un bras derrière l'appuie-tête de la rousse pour reculer quand elle regardait le pare-brise arrière.

Toute cette succession de petites choses que Del Vecchio ne lui avait jamais montré, pour la simple et bonne raison qu'elle ne l'avait jamais vu conduire. Et pourtant, elle avait aimé ça, elle avait aimé profiter de ça, habitude pourtant banale, des plus anodines que de partager un trajet avec elle. Et malgré tout, ça comptait, si elle se souvenait qu'il y a peu, elle ne partageait absolument rien avec elle mise à part quelques joutes verbales et quelques phrases dans un carnet. A vrai dire, ce qui la charmait le plus, ce qui malgré elle la rendait faible dans cette voiture, était que pour la première fois, elle n'avait pas l'impression d'être une gouvernante, seulement une femme avec une autre femme dans une voiture.

Elle s'était même dit que si son cœur s'emballait à l'idée de la voir conduire, il n'allait jamais tenir à l'idée de partager un restaurant avec elle. Del Vecchio était le genre qui se faisait idéaliser. Toujours apprêtée du matin au soir, on ne lui imaginait pas un naturel humain. Et puis, finalement c'était peut-être le lot de toute personnalité publique. Mais c'était justement ça que recherchait Magda, ce naturel humain que la belle femme d'affaires guindée ne laissait entrevoir que très rarement. La faille dans laquelle la gouvernante rêvait de s'engouffrer. Magda préférait de loin une Del Vecchio qui râlait quand un connard lui coupait la route, qu'une belle brune impeccable dans un magazine.

- Ça a l'air chicos, votre truc, dit la rousse en regardant la devanture entièrement en baie vitrée du restaurant.

Les cuisines étaient visibles de l'extérieur. On y voyait des chefs, des commis, des seconds, certains revêtant une toque s'affairer en cuisine, maniant poêles, casseroles, wok, comme les plus habiles des jongleurs. À l'entrée, plusieurs personnes s'agglutinaient déjà, attendant patiemment qu'un type en costume cravate viennent les installer. Le cadre était splendide, bien plus que tout ce que Magda avait déjà vu. Poutres apparentes, lustre au plafond, parquet ciré au sol, nappe blanche et verre à pied sur les tables. Autrement dit, aucunement le genre de restaurant que fréquentait la jolie sorcière.