Chapitre 22 : On partage ce que vous voudrez...

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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien et que les fêtes vous ont été douces. 

Un chapitre plus doux que le précédent également ici. Au programme, une petite fille curieuse, une maman manipulatrice et une vaisselle inachevée. 

Bonne lecture, tendrement, 

Lou De Peyrac. 

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Le soir même, 19h. Magda avait pris quelques minutes pour se calmer en s'arrêtant à la terrasse d'un café. Cette conversation, enfin, si on pouvait réellement appeler ça une conversation, l'avait plus abîmée qu'elle ne l'aurait cru. Et elle se doutait également qu'elle n'avait pas laissé sa patronne de marbre non plus. Elle n'avait pris aucun plaisir à faire ce qu'elle avait fait. Ses mots avaient été incisifs et elle n'avait pas aimé les choisir pour la jolie brune. Elle avait lutté contre l'envie de lui envoyer un message pour s'excuser, lutter encore plus pour ne pas faire demi-tour afin de retourner dans ce foutu bureau et de retourner cette foutue Madame Del Vecchio par la même occasion. Ce fut finalement un message de Bob lui demandant si tout allait bien qui l'avait décidé à rentrer. À présent, Alessandra dessinait sagement sur l'îlot de la cuisine pendant que Magda préparait le repas. Elle avait remercié Bob encore et encore, même si celui-ci lui avait assuré qu'il n'avait rien fait d'héroïque avant de s'éclipser.

- Maman t'a dit à quelle heure elle rentrait ? demanda Alessandra sans lever les yeux de son dessin.

Magda répondit par la négation en se demandant même si Del Vecchio comptait rentrer ce soir. En même temps, il n'y avait pas cinquante issues à leur querelle d'un peu plus tôt. Soit la brune reprenait son rôle aux abonnés absents, soit elle rentrait et virait probablement Magda à la seconde où elle la verrait pour la façon dont la jeune Russe avait osé lui parler. La gouvernante était consciente de ça au moment où elle était entrée comme une furie dans son bureau. Mais si elle devait risquer sa place pour qu'Alessandra se rapproche de sa mère, le choix était vite fait. Et sans lui laisser le loisir de pousser sa réflexion plus loin, le ding de l'ascenseur retentit. Ah, le dragon s'était enfin décidé à sortir de sa tanière... Le corps de la rousse se tendit alors qu'elle était toujours concentrée sur sa tâche, tournant le dos à l'îlot de la cuisine, refusant de se confronter au regard noir de colère de sa patronne. Elle, qui ne demandait qu'à l'aimer, était inévitablement épuisée par ces conflits.

Elle entendit un claquement de talon familier, elle devait l'avouer, doux à son oreille. Puis la petite voix enfantine, toujours aussi heureuse de la retrouver :

- Maman ! Tu manges avec nous ?

- Bonsoir, ma princesse, oui, je mange avec vous. C'est joli ton dessin. Qu'est-ce que c'est ? demanda la brune après avoir embrassé le haut de la tête de sa fille.

- Je fais de nouvelles robes pour Magda.

- Elle en a de la chance, sourit-elle en jetant un rapide coup d'œil au dos de la russe qui l'ignorait superbement. Tu vas prendre ta douche ?

Magda grimaça face à cette demande. Voilà, la sentence n'allait pas tarder à tomber. Del Vecchio éloignait sa fille pour mieux la virer de son appartement à la seconde où elles seraient seules dans cette cuisine. Loin de se douter de ce manège tortueux, Alessandra lui répéta à quel point elle était contente qu'elle soit là ce soir et s'exécuta. Magda entendit ses petits pas s'éloigner rapidement et elle se tendit plus encore face au silence assourdissant qui suivit son absence. La belle sorcière eut soudainement l'envie de pleurer, prise d'angoisse. Elle ne voulait pas quitter cette famille qu'elle avait bien trop vite considérée comme la sienne. Elle s'était laissée avoir par un tendre quotidien, la douceur d'un foyer, la bienveillance de personnes qu'on avait mises par hasard sur sa route, quelque chose qu'elle n'avait que trop peu connu. Pourtant, c'était le cercle vicieux de sa vie, un destin désastreux auquel elle ne semblait jamais pouvoir échapper, comme si une force supérieure aimait lui jouer des tours, lui rappeler qu'elle n'était rien d'autre que Magda Volkov, orpheline russe en exil. Et à chaque claquement de talons derrière elle, c'est un compte à rebours qui se lançait et qui s'achèverait au moment où on lui dirait, encore et toujours, qu'elle n'était pas la bienvenue ici, puisqu'elle n'était la bienvenue nulle part.

Trois Mille Euros Net.Where stories live. Discover now