𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 5 - 𝓛𝓪𝔃𝓪𝓻𝓸

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-Laza...

-Oui, oui, il m'attend. T'as qu'à faire la pute pour lui.

-Evie !

-Je ne viendrai pas.

Juan se pince les lèvres, légèrement contrit de ne pas savoir se faire respecter par sa danseuse. Je retiens un rire en lui faisant signe de partir pour me laisser avec elle. Ça se voit qu'il n'a pas envie, mais il sait qu'il n'a pas le choix. Il s'éloigne et je m'adosse à la chambranle de la porte, pour observer la danseuse unijambiste.

-Je sais que t'as fait semblant de partir, mais casse-toi pour de bon et va faire chier une autre.

Cette fois, j'éclate d'un rire franc face à son franc parlé et elle se tend, sachant pertinemment qu'elle a fait une bêtise. Eh oui ma jolie, je suis là depuis le début. Elle n'ose faire aucun geste et je décide d'avancer dans la pièce pour me planter juste derrière elle. Son téléphone tombe au sol, sa bouche rose s'ouvre légèrement et ses sourcils se froncent. Je pose mes mains sur le dossier de son fauteuil et elle se crispe totalement. Est-ce que c'est si compliqué pour elle qu'un homme soit à proximité d'elle ? Dios mío (=mon Dieu), elle va me donner du fil à retordre au moment où je tenterai vraiment de l'approcher pour la séduire.

-J'ai crû comprendre que tu ne voulais pas venir danser pour moi, alors je suis venu à toi.

Elle reste toujours figée, comme si elle avait un fantôme face à elle et je me penche pour être à son niveau et murmurer à son oreille.

-Viens danser pour moi, Evie.

Je glisse mes doigts sur son bras qui s'emplit aussitôt de chair de poule, mais toujours aucune réaction de sa part.

-Je... Souffle-t-elle finalement.

-Tu ?

-Ne veux pas danser...

Elle se pince les lèvres, redoutant ma réaction, mais je souris pour réponse.

-Tu as du répondant, et j'aime ça, mais je ne crains que tu doives tout de même m'accorder une petite danse corazoncito. (=petit cœur)

-Je ne vous dois rien.

-Debout.

Face à mon regard sévère, elle sait qu'elle n'a pas le choix. Elle glisse doucement ses pieds au sol et se redresse pour se lever avec lenteur et grâce. Je me redresse et croise les bras sur mon torse pour l'observer.

-Face à moi.

Elle pivote sur ses hauts talons et son regard s'ancre dans le mien.

-Disons que tu me dois une danse, je te laisse, et si tu prends plaisir à danser, alors tu continues, mais si tu n'éprouves aucun plaisir, alors je te raccompagne chez toi.

-Je ne dirai pas à un homme comme vous où j'habite, et je ne danse avec aucun homme.

-Très bien, comme tu veux, mais dans ce cas, je ne crains que tu doives venir danser pour moi dans le carré V.I.P. Je te laisse choisir.

Elle avance vers la sortie, mais quand elle arrive à mon niveau, je saisis son bras pour de nouveau murmurer à son oreille.

-Un jour, tu me devras cette danse, Evie.

Elle se dégage de mon emprise et sort de la pièce, aussitôt suivie par moi. Juan, attendant comme un toutou au bar, paraît soulagé en le voyant saine et sauve. Comme si j'aurais osé faire du mal a une femme comme elle, et à une femme tout court. Si mon coup pour la faire venir n'avais vraiment pas fonctionné, j'aurais laissé tomber l'affaire. Je ne souhaite pas la forcer à faire ce qu'elle n'a vraiment pas envie de faire et là, je suppose qu'elle est tout de même d'accord parce qu'elle aime danser. Pas pour moi, mais pour elle, et je l'accepte pour le moment.

J'admire tout du corps de la déesse devant moi. Ses hanches se mouvent à chaque pas, sa démarche est assurée et elle marche avec la tête haute. Elle a le port de tête d'une reine, de ma reine. Sa prothèse ne semble pas le moindre handicapante pour elle. Elle peut marcher avec des talons très hauts, et ne boîte pas, comme si cette prothèse était une véritable jambe pour elle, qu'elle était née avec celle-ci.

Elle pénètre dans le carré V.I.P et ses compagnes danseuses la regardent immédiatement. Je l'entends soupirer et elle me propose tout de même un verre. J'accepte une margarita et elle s'éclipse au pas de course pour éviter de danser pour moi tout de suite. Je la laisse faire, mais lorsqu'elle revient, je réclame la danse qu'elle me doit. Elle saisit la barre de pole-dance entre ses mains et s'exerce comme la dernière fois. Je l'admire en sirotant mon verre, complètement absorbé par ses mouvements sensuels. On dirait qu'elle a fait ça toute sa vie.

Ça ne doit pas être le cas. Je suis allé dans quantité de bars ces dernières années, et je ne l'ai jamais vue danser avant la Prison of sex. Lorsque Juan est arrivé avec son bar dans la Zone Rose, je pensais qu'il ne ferait jamais un carton. Je l'ai laissé monter son petit business en le surveillant du coin de l'œil et j'ai été surpris en voyant le beau chiffre de ses bénéfices.

Après autant de temps dans la Zone Rose, j'ai décidé que ce bar m'était redevable, et que je lui devais un certain financement pour qu'il parvienne à encore mieux se développer.

The Golden Cage - Tome 1Where stories live. Discover now