Chrysalid

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La Désolation

Une Fable apocalyptique sur le désespoir de la condition humaine.
Dédiée à tous les survivants

Il est dit qu'un jour le soleil cessera de se lever sur l'horizon, que les cornes de la mort retentiront jusque dans les entrailles du monde, et que le fracas de l'apocalypse fera vibrer les fondations mêmes de la Terre. Ce jour là, l'homme redeviendra l'animal qu'il n'a jamais vraiment quitté, il oubliera qu'il avait un jour eu une âme, des sentiments, il s'abandonnera aux lois cruelles de la survie. Prêt à tout pour conjurer la déchéance, mais incapable de sortir de sa propre malédiction, il invoquera de nouveau dieux et déesses, et lancera par dessus les ruines du monde un cri de vengeance et de douleur qui n'aura de cesse de se propager jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.

Ce jour-là... s'est déjà produit.

Depuis le sommet d'un immeuble désaffecté, je contemplai le spectacle désolé de cette civilisation à l'agonie. Les pluies de cendres criblaient l'horizon de flocons duveteux, et l'atmosphère avait une odeur âcre. Par dizaines, devant moi, les monolithes noirs grimpaient dans le ciel torturé, haut, si haut, jusqu'à transpercer les nuages, ces nuages noirs derrière lesquels jamais le soleil ne parvenait à percer.

Certains disent qu'autrefois ces monolithes abritaient des milliers d'habitants, qui vivaient ensemble dans de grandes cités, au travers desquelles ils se côtoyaient, se rencontraient, travaillaient, mangeaient à leur faim, prenaient même du bon temps...

Même si cette hypothèse semblait peu plausible, il est vrai que l'on retrouvait d'étranges objets dans ces structures, des objets inconnus, dont l'usage était oublié de tous. Mais avant tout, les Tours étaient surtout des nids grouillants de créatures de toutes sortes. La mort était la plus sûre des réponses que l'on trouvait là-bas.

Le passé, je ne l'avais pas connu. J'étais un enfant de la Désolation. A la différence, peut-être, de la majorité des mes semblables, j'y avais survécu. Mieux même, je m'en étais nourri. J'avais grandi sur les cendres de ceux qu'il m'avait fallu affronter, j'avais bu à leur gorge le sang que je leur avais fait verser. Tuer ou être tué, l'ancien dicton tenait lieu de loi sacrée désormais.

Je veux pas vous raconter d'histoires, je comprends pas grand chose à toutes ces légendes sur le cataclysme originel. Tout ce qui compte, aujourd'hui, c'est de survivre. A n'importe quel prix. Ce qui implique de détruire tous les obstacles qui se placent sur votre route, qu'ils soient vivants ou quoi que ce soit d'autre.

Après tout, c'était ça, la vie. Peut-être sommes-nous tous devenus des chiens. A l'heure du loup, les chiens hurlent. Je savais simplement hurler plus fort que les autres.

Soudain, la nuit s'éclaira. Ce n'était pas dehors, c'était dans mon crâne. Je clignai des yeux, plusieurs fois. La vision disparut et réapparut, par flashs. Je me frappai le front jusqu'à ce que le monde redevienne normal.

Si j'avais été le genre à m'inquiéter, sûrement que j'en aurais tiré quelques soupçons. Ces visions, ces changements de luminosité, m'arrivaient de plus en plus souvent. Un peu trop de drogues, sûrement... Je ne saurais dire quand ils avaient commencé. Quelques mois plus tôt, peut-être. A présent, il m'arrivait de subir ces flashs plusieurs fois par jour.

Voyages oniriques : nouvelles de Science-fictionWhere stories live. Discover now