- « Ça j'en serais pas si sure à ta place. »

Je récupère la clé qu'elle tendait et me dirige vers les escaliers avec Sky qui me suit au pas. La vielle râle et bougonne, mais je me retrouve déjà au sixième étage, porte soixante six. J'ouvre la porte et rien n'a changé depuis la dernière fois où j'y avais mis les pieds.

L'étroitesse des lieux, la moiteur des papiers peints, l'humidité du plafond et s'y ajoute une odeur de renfermée. Je tente d'allumer la lumière mais cette dernière ne fonctionne pas.

- « Viens Sky. »

On pars dans la chambre de Natacha, je me dirige au fond vers la fenêtre, et m'abaisse vers le cadran dans lequel les aiguilles ne tournent plus, comme si le temps de cet appartement s'était figé. En dessous je trouve une boîte, enfin plutôt un caisson marron, au dessus une feuille de papier A4 est scotchée et il y est maladroitement écrit : NATHALIA.

Je m'assieds en tailleur à même le sol, Sky silencieuse comme si elle avait compris que ce moment était important, mime mes gestes. J'ouvre la caisse le cœur battant et tombe sur une lettre, une assez longue lettre. Je la récupère et en dessous une photo, un dessin, un caillou et une mèche de cheveux blonde platine.

« Nana,

Bon comme tu le sais je ne suis pas douée avec l'écriture, d'ailleurs je suis sure d'avoir fait 100 fautes même si je me suis relue dix fois. Je t'écris cette lettre en à peine dix minutes, parce que l'inspecteur qui est venu nous dégager d'ici m'a laissé le souhait de réaliser un « dernier voeu » en dix minutes. Tu te rends compte ? Dix minute ! Et si j'avais voulu tirer mon coup une dernière fois, pff... n'importe quoi lui. Je pense plus que les dix minutes révèle sa petite performance qu'autre chose. Bref revenons à nos chèvres.

Je voulais juste te dire ce que surement je n'arriverais pas à te dire en face.
Tu as été le soleil de ma vie Nathalia. Le jour où je t'ai vu arrivé dans ce foyer avec ton petit sac en plastique bleu qui contenait que deux pantalons, un pull et deux chaussettes de couleurs différentes. Tu es venue à Coeur de Marie et je ne te l'ai jamais dit, mais dès que je t'ai vu j'ai directement su qu'on deviendrait proche.

Tu étais dans ton coin, renfermée et réservée. Alors j'ai tout fait pour te parler, ça a marché et on nous a déplacé dans la même chambre. Pour les sœurs j'étais la seule à pouvoir te faire parler, mais pour moi tu étais juste la première amie que j'allais avoir.

Je ne vais pas refaire notre enfance dans les services sociaux parce qu'elle n'a rien de joyeuse. Mais avec toi c'était plus amusant, les coups, les pénitences et même les abus c'était rien. Tu sais que je ne crois pas en ces conneries de Dieu, ou de destin mais je pense que tu es quand même mon âme soeur. Mon cadeau tombe d'un cygne ou d'un truc dans le genre.

Bon je pense être venu à la fin, parce que de toute façon l'inspecteur vient de me dire qu'il ne me reste plus que deux minutes. Alors je vais abréger et juste te demander de prendre soin de toi et Sky. Dans la boîte tu trouveras l'héritage que je te lègue, les derniers souvenirs de moi, de nous...

Le caillou qui avait servi à casser la vitre de la voiture de la soeur Nonna. Le premier dessin que tu as fait avec le psychiatre ou tu nous a dessinés toutes les deux entrain de nous tenir les mains (oui c'est moi qui était entrée en douce dans son bureau et qui l'avait volé). Ensuite la seule photo que j'ai de nous deux ou tu as bien voulu sourire et que j'ai donc imprimé (je voulais te l'offrir pour ton anniversaire en tant que cadeau économique). Et enfin le pendentif et la mèche de cheveux, le pendentif que j'ai depuis petite que je préfère qu'il soit avec toi que sur mon cou qui va se retrouver six pied sous terre. Et les cheveux tu connais déjà leur signification alors ne me déteste pas trop.

NanaWhere stories live. Discover now