NÉGLIGENCE » Charles Leclerc ✓

chapitre vingt-huit

Améthyste n'entend que la respiration régulière du monégasque contre lequel elle est blottie. Elle laisse ses doigts glisser le long de son bras, la chaleur de son corps est envahissante et Améthyste se demande s'il dort. Elle doit lui parler pour calmer son anxiété.

- Charles, chuchote-t-elle. Tu dors ?

- Non, j'y arrive pas.

Un profond soupir s'échappe de ses lèvres alors qu'il se redresse légèrement en déposant un baiser sur le front de la métisse, pour la rassurer que ce n'est pas de sa faute. Charles laisse glisser ses doigts dans les twist d'Améthyste et finit par avouer :

- Je pense au premier virage.

Améthyste ne répond rien, elle se tourne simplement lui et laisse ses lèvres glisser sur sa joue. Elle hésite désormais à lui dire ce qu'elle a sur le cœur, cela paraît si insignifiant face aux inquiétudes de Charles planant au-dessus de sa tête comme l'épée de Damoclès.

- Tu voulais me dire quelque chose ? s'inquiète le monégasque.

- J'avais promis de ne pas fumer dans ton appartement mais c'est arrivé une fois et je suis...

- Ce n'est si pas grave, d'accord ?

Elle s'arrête aussitôt pour l'observer de ses yeux noyés d'eau. Un sourire bienveillant étire les lèvres de Charles quand il essuie les larmes de la métisse. Améthyste effectue un petit mouvement de la tête signifiant qu'elle a bien compris que ce n'est pas important.

- Puis c'est un peu ton appartement ces derniers temps, murmure Charles.

- Seulement quand t'es pas là sinon ça reste le tien, lâche la métisse d'une petite voix.

Le monégasque sourit et il attire Améthyste un peu plus près de lui, ne voulant plus se détacher d'elle et il se sent si chanceux de l'avoir à ses côtés pour la première fois, ailleurs que sur la principauté. Il est conscient des difficultés qu'elle surmonte chaque jour pour tenter d'exprimer son amour.

- C'est vrai, avoue-t-il. Et est-ce que ça te dirait que tu y emménages ? Comme ça sera vraiment le tien même quand je ne suis pas présent.

Il sait qu'elle ne répondra pas à cette proposition et encore moins à ce qu'il s'absente de nouveau. Améthyste se contente de déposer un bisous humide dans son cou et elle souffle d'une voix frêle :

- Évite de l'écraser pendant que tu dors.

Charles acquiesce en entourant la métisse et son lapin violet d'un bras protecteur tentant d'oublier le bruit de son moteur martelant son crâne à chaque fois qu'il pense à la course du lendemain.

Il se réveille le premier après s'être endormi le dernier, ayant observé la métisse une bonne partie de la nuit comme pour s'assurer qu'elle se tenait bien dans le creux de ses bras et qu'elle ne partirait pas.

En perdant la tête de la course le lendemain, Charles essaye de sourire face aux supporters présents piur lui en tribunes pourtant le cœur n'y est pas vraiment. Il est déçu et il a mal au cœur et ça fait si longtemps qu'il  n'a pas ressenti ce sentiment de peine intense.

Du haut de la plate-forme surplombant la foule, il récupère une coupe et ses yeux bleus cherchent ardemment le regard noisette de la métisse qu'il a quitté le matin même, peu après son réveil.

Et un sourire parvient à éclairer son visage en constatant l'absence de son air morose tandis qu'Améthyste applaudit avec en train aux côtés de son petit frère. Charles esquisse un geste dans leur direction et se retient de pleurer sous le coup de l'émotion.

Il est partagé entre la joie d'avoir Améthyste à ses côtés et la tristesse d'avoir perdu une autre victoire alors qu'il partait en tête. Ce n'est qu'à l'hôtel en étant seul dans sa chambre, qu'il verse les larmes qu'il contient depuis si longtemps à l'intérieur de lui-même en fixant le trophée de la seconde place, celle où il s'est résolu de terminer le championnat.

- Ambre a dit que...

Améthyste s'arrête en plein milieu de sa phrase en entendant les sanglots déchirants la pièce. Elle passe la tête dans l'encadrement de la porte. Elle ne met pas longtemps à comprendre ce qu'il se passe en voyant le monégasque assis au sol, la tête contre ses genoux.

Améthyste se sent faiblir face à cette situation qu'elle n'a connu qu'une seule fois, dans un couloir d'hôpital blanchâtre, près d'une machine à café en panne alors que ses parents adoptifs étaient aux côtés de sa mère et de ses frères après la mort de son père. Il n'y avait personne pour se préoccuper du monégasque dans l'immédiat et de constater son état.

À part Améthyste.

Elle l'avait pris dans ses bras pour la première fois le laissant s'appuyer sur son épaule alors qu'un pilier de son monde venait de s'effondrer brutalement et que leurs lèvres venaient de se rencontrer violemment pour la première fois.

En un goût amer de caféine mélangée à la nicotine.

Elle s'agenouille à ses côtés et sans un mot, Améthyste attire le monégasque contre elle en posant une main sur sa nuque alors qu'il lâche de nouveaux sanglots. Et comme avant, sa tête retrouve le creux de son épaule sur laquelle Charles peut s'appuyer sans crainte.

Sans avoir peur.

Là où la douleur écrasant son cœur s'évapore dans cette étreinte.

Elle reste contre lui comme pour maintenir sa tête à la surface de l'eau pour l'empêcher de se noyer dans les larmes dévalant ses joues.

- J'ai beaucoup d'affaires, souffle-t-elle. Il faudra que tu m'aides à les ranger et que tu me fasses de la place.

Le cœur de Charles rate un battement en comprenant. Une odeur de nicotine et la douceur des nattes de la métisse contre ses doigts parviennent à éteindre ses sanglots. Ces derniers se meurent sur les lèvres d'Améthyste, comme la fin de l'hiver, en un doux soupir alors qu'ils sont épris de désir.

- Il y aura toujours de la place pour toi, murmure-t-il contre ses lèvres.

Et il essuie ses larmes d'un revers de main avant de l'embrasser de nouveau, le cœur submergé. Mais Charles sait qu'il ne se noiera pas tant qu'il restera dans ces bras.

on en apprend un peu plus sur leur premier baiser :(