chapitre onze

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TW : mutilation/ violences cutanées
encadrées par ❗️

- Pas aujourd'hui, souffle Améthyste à sa petite sœur

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- Pas aujourd'hui, souffle Améthyste à sa petite sœur. On parlera plus tard, après que j'ai soufflé les bougies.

Et Ambre acquiesce en tendant son cadeau à son aîné, et Améthyste l'accepte avec un sourire gêné. Elle l'ouvrira plus tard, quand elle aura la tête moins submergée par l'absence de Charles alors qu'elle prend place à table.

Il n'y a que Viviane, Ludovic et Ambre. Et cette peur irradiant dans son bas-ventre.

Celle de ne pas le voir revenir, celle de le voir partir à tout jamais depuis que douze jours sont passés, alors qu'Améthyste garde sa fierté et se retient de l'appeler. Il aurait dû être là, assis juste à cet endroit. Elle espère qu'il viendra.

- J'ai fait un gâteau au chocolat, s'exclame Viviane. Celui que vous aimez bien.

Et Améthyste sourit malgré qu'elle n'ait pas envie de le faire. Elle peut bien essayer pour le jour de son vingt-quatrième anniversaire de rendre cette journée correcte malgré l'absence cruciale du monégasque.

Elle s'empresse de souffler ses nombreuses bougies. C'est toujours étrange. C'est ici qu'elle a appris comment faire ainsi que dans sa famille d'accueil durant cette attente interminable d'être adopté.

- Joyeux anniversaire ! s'exclame sa famille.

Améthyste esquisse un sourire tandis qu'elle coupe le gâteau au chocolat sous les yeux. Elle s'arrête aussitôt en entendant une sonnerie raisonnant dans l'entièreté de la maison. Elle se précipite aussitôt dans l'entrée, laissant tomber son couteau sur la table.

Charles, ça doit être Charles.

Améthyste a de l'espoir en se levant pour aller ouvrir la porte d'un pas avenant. Elle espère qu'il se tiendra devant l'entrée, qu'elle pourra observer ses yeux verts et s'excuser pour le mal qu'elle a fait.

Améthyste aurait aimé que ça soit Charles, lui ou bien n'importe qui, plutôt que l'homme se tenant sous l'olivier de l'entrée, sa peau foncée brillant sous le soleil méditerranéen.

Ses cheveux crépus sont courts, presque au ras de son crâne et Améthyste reconnaît son visage même s'il ne possède pas les mini locks qu'il avait auparavant. Son estomac se tord sous l'effet de la nausée, et de son anxiété qui arrive de plein fouet quand son visage survient de ses souvenirs fanés.

Améthyste a les oreilles bourdonnantes et n'entend pas les voix venant de l'intérieur, qui lui demandent qui se tient devant la porte. Elle sent son corps être poussé par Ambre, cette dernière veut savoir qui se tient devant leur entrée.

Si elle savait.

Si elle se souvenait.

Elle sait qu'Ambre ne le reconnaît pas, pourtant il n'est pas difficile de comprendre qu'elle tient ses cheveux crépus et frisés de l'homme face à elle. Il fut un temps lointain où Ambre l'appelait par un surnom affectif, qu'elle a bien vite donné à Ludovic.

Mais Améthyste se souvient.

Elle est prise dans un tourbillon de souvenirs, revoyant les disputes et se souvenant du claquement de la porte, ébranlant les murs de sa petite chambre qu'elle partageait avec Ambre. Elle tentait de rassurer sa sœur de cinq ans du haut de ses neuf ans en murmurant qu'il reviendrait un jour.

Ce n'est qu'à son vingt-quatrième anniversaire qu'il fait son retour.

Elle se souvient des jours suivants où sa mère buvait la mort pour oublier de souffrir, qu'elle s'enferment dans le noir pour tenter de guérir les plaies de son cœur, laissant deux filles abandonnées, incapable de les aimer.

Améthyste se souvient qu'elle gardait sa valise faite pour être prête le jour où il viendrait la chercher dans sa famille d'accueil. Elle avait encore cet infime espoir avant qu'une psychologue ne lui explique difficilement qu'elle était l'objet d'une déclaration de délaissement parental sous décision du juge pour enfant.

Le délaissement parental est un bien beau mot pour parler de la négligence qu'elle a subi, voilà pourquoi Améthyste n'a jamais essayé de le retrouver en grandissant, préférant entretenir une haine viscérale pour l'homme se tenant face à elle.

Elle déglutit difficilement quand il se présente comme leur paternel face à Ambre. En l'écoutant, elle ne ressent rien, se sentant simplement vide, elle continue de fixer l'emballage du cadeau qu'il tient dans le creux de ses bras.

Comme si un misérable cadeau pourrait suffir à se faire pardonner, comme s'il allait réussir à faire oublier toutes ces années d'absence où il les a laissées dans l'ignorance.

Améthyste retourne à l'intérieur, les pieds traînant contre le carrelage, elle ne veut plus entendre un seul mot sortir de sa bouche. Elle aimerait hurler pour que les souvenirs arrêtent de marteler son crâne.

- Maman...

Sa voix craque aussitôt sur ce mot qu'elle n'a jamais prononcé. Ame croise les visages interrogateurs de ses parents toujours installés sur la terrasse extérieure, ne se doutant pas un seul instant de la tempête s'abattant dans l'entrée de la maison. Améthyste observe leur air consterné face aux larmes dévalant ses joues et leur instinct les pousse à se lever pour aller voir ce qu'il se passe.

Améthyste aimerait leur dire de ne pas y aller, mais aucun mot ne s'échappe de ses lèvres tremblotantes pour les retenir. Elle aimerait les protéger sans se sentir désemparée en entendant leurs voix brisées tentant de ramener Ambre au calme.

Améthyste étouffe, son cœur bat affreusement mal dans sa poitrine tandis que ses sanglots entrecoupent sa respiration, la rendant pénible à supporter. Elle a l'impression de crever et que son cœur va s'arrêter.

❗️

Et il y a cette douleur qu'elle voudrait effacer à coup de cigarette qu'elle s'empresse d'allumer pour se brûler sa peau métissée.

❗️

Pour oublier les souvenirs déchirants.

Fracassants.

Humiliants d'une enfance qu'elle n'a pas pu sauver.

Celle de son cœur, celle de sa petite sœur.

Ame avait décidé qu'aujourd'hui serait une bonne journée mais elle ne décide pas de tout. Elle ne décide pas d'être attachée à ses souvenirs tourmentés, d'être prisonnière de son passé et de faire face à la réalité.

Et sa sœur avait raison, elle devrait essayer encore, faire des efforts pour tenter d'oublier qu'elle a été négligée.

Et sa sœur avait raison, elle devrait essayer encore, faire des efforts pour tenter d'oublier qu'elle a été négligée

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NÉGLIGENCE » Charles Leclerc ✓Where stories live. Discover now