chapitre dix-sept

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Seul un bruit de verre brisé perce ce silence glacial, Améthyste sent tous les regards portés sur elle

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Seul un bruit de verre brisé perce ce silence glacial, Améthyste sent tous les regards portés sur elle. La métisse s'en veut immédiatement d'avoir prononcé ces mots encore plus quand elle distingue les balbutiements du monégasque qui s'excuse :

- L'assiette m'a échappée des mains... je suis désolé...

Il ne termine pas sa phrase et Améthyste n'ose pas le regarder. Le cœur serré, elle ne quitte pas sa soeur des yeux dont les lèvres se mettent à trembloter face à son innocence qui vient de se briser par ces terribles aveux. Des milliers d'interrogations apparaissent sur le visage d'Ambre, poussant la culpabilité d'Ame à son paroxysme.

- J'ai jamais rien dit à personne parce que je savais pas. Je savais pas que c'était anormal, avoue Améthyste. Je pensais que tous les papas faisaient ça, je pensais que c'était sa façon de me montrer qu'il m'aimait et quand il est parti...

Elle toussote pour empêcher à sa voix de ne pas partir de traviole, elle bredouille d'une voix étouffée :

- J'ai voulu qu'il revienne en centre, j'avais ma valise prête, Ambre. Je voulais qu'il revienne durant tout ce temps. C'est le premier soir où on a dormi ici que j'ai compris que c'était pas normal. J'ai vu Ludo nous souhaiter bonne nuit dans l'encadrement de la porte et j'ai attendu que tu rentres dans la pièce, t'es jamais rentré pour faire comme mon père, finit-elle en écorchant le dernier mot. Et j'ai compris et j'ai plus jamais voulu le revoir depuis cet instant-là.

Elle entend les sanglots déchirants de Viviane qui s'effondre dans les bras d'un Ludovic impuissant. L'un des piliers de son adolescence s'effondre sous yeux sous ces révélations brutales. Améthyste se sent souillée, prenant conscience de la réalité qu'elle avait enterré depuis de si longues années, jusqu'à se murer derrière une fausse vérité.

- Je t'ai jamais rien dit parce que c'était ton héros, Ambre. Mais je pensais que t'avais respecté mon choix, celui de ne plus jamais le revoir.

Améthyste aimerait rajouter qu'elle ne lui en veux pas, que ce n'est pas la faute de sa petite sœur qui ne s'en souvient pas, qui n'a jamais rien vu, ni entendu pourtant elle est en incapable. C'est juste la sienne, celle de se sentir souillée depuis toutes ces années, ne parvenant pas à oublier.

- Ma chérie...

- Vous avez fait ce qu'il fallait, les rendez-vous chez la psy mais j'ai jamais rien dit parce que j'avais honte, maman.

Elle observe ses parents adoptifs avec les larmes aux yeux et détourne rapidement le regard de la douleur qu'elle perçoit dans leurs pupilles déchirées. Améthyste est prise de nouveau de cette envie morbide, celle de fuir face aux visages peinés s'étalant devant elle.

Ame se sent vide, après avoir dévoilé la vérité qu'elle contenait depuis tant d'années. Elle a l'impression d'avoir implosée en disant la triste réalité d'une enfance négligée.

Améthyste détourne les talons, fuyant le salon pour rejoindre l'extérieur où elle attrape son lapin violet à l'intérieur de la voiture garée sous l'olivier. Elle s'empresse de serrer le nounours abîmé contre elle et elle se laisse glisser le long de la voiture, s'appuyant contre les pneumatiques durs.

Elle résiste à la tentation, celle de faire disparaître la douleur sous son plexus à coup de brûlures à l'encontre de sa peau métissée.

Une plainte silencieuse s'échappe de sa bouche quand elle blottit sa tête contre ses genoux. Elle voudrait hurler et pleurer pour évacuer les émotions irradiant son corps de violents tremblements. Améthyste continuer de serrer la peluche contre elle et de fixer ses chaussures mauves mais ça ne suffit pas à arrêter le vacarme violent s'abattant.

N'y pouvant plus, elle allume une cigarette dans la précipitation, se brûlant presque les doigts par les flammes ardentes du briquet avant que deux mains ne se posent sur les siennes pour l'arrêter avant qu'elle ne se fasse plus de mal.

Charles éteint sa cigarette avant de la ranger dans son paquet initial, elle l'observe faire de son regard noisette et il finit par s'assoir à ses côtés contre la carrosserie brûlante de la voiture qu'il possède. Un bras encercle les épaules de la métisse et il l'attire contre lui.

Ils ne disent rien pendant plusieurs minutes, laissant le bruit des cigales prendre le dessus sur le silence entre eux. Améthyste continue de fixer ses chaussures mauves qu'il lui a offertes. Elle regrette aussitôt de ne pas avoir dit la vérité plutôt, elle souffle aussitôt :

- Je t'ai menti, t'es pas le premier à m'avoir touchée.

Un reniflement peiné s'échappe de ses lèvres face aux mots qu'elle prononce. Si elle savait que c'est sa dernière préoccupation, même si il aurait souhaité que ça soit n'importe qui plutôt que lui.

- Les douches... souffle-t-il d'une voix étranglée.

Il pense à toutes les fois où elle quittait le lit après avoir passé la nuit à ses côtés. Elle s'apprête à ouvrir la bouche pour parler mais le pilote de la Scuderia Ferrari l'interrompt en la serrant un peu plus contre lui, il supplie presque par peur d'avoir bien trop mal :

- Ne dis rien, s'il te plaît.

- J'ai jamais compris quand quelqu'un m'aimait, souffle-t-elle. Mais, je t'aime et ça je le sais, n'en doute jamais.

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NÉGLIGENCE » Charles Leclerc ✓Where stories live. Discover now