Chapitre 8

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Les quelques personnes qui dormaient dans un coin se réveillent immédiatement aux sons étranges que laissent échapper les zombies. Là, tout le monde apparait sur le toit. Betul repère toutes ses amies, effrayées. Elle aimerait demander une arme à quelqu'un et elle sait que Tugce en a plusieurs, mais elle n'a pas le temps de la chercher du regard. Parce que même si tout est devenu silence dès que les zombies ont posé pied sur le toit, ils avaient déjà entendu beaucoup de sons et savaient qu'il y avait beaucoup d'humains à déguster ici.

C'est ainsi que l'un se dirige tout droit vers Zehra et Hafsa qui se faisaient un câlin, et l'autre tout droit vers Tugce, Dounia, Ilona bien à l'écart.

Cette fois, impossible de retenir des cris quand un zombie n'est qu'à un mètre de vous. Tout le monde hurle et ça a son point positif : les zombies sont désorientés et c'est trop de son à la fois. L'inconvénient, c'est que Sibel, qui se penche par dessus le bord du toit, voit que les zombies des étages du dessous lèvent leur tête vers leur position. Avant qu'ils ne se précipitent pour monter eux aussi, elle doit faire quelque chose.

Ça tombe bien, c'est exactement ce qu'elle attendait depuis plusieurs heures : pouvoir tester l'efficacité de l'arme qu'elle a passé des heures à fabriquer jusqu'à saigner des mains plusieurs fois en se blessant. C'est un assemblage étrange de plusieurs couteaux dont elle a coupé leur partie en bois, pour les coller entre eux puis pour faire un trou et y faire passer une corde qui enroule désormais sa main et qui ne la quittera que difficilement.

Elle n'a pas fermé l'oeil de la nuit pour ça. Elle avait trouvé tout ce matériel en montant sur le toit, à l'intérieur d'un placard pour la jardinerie à demi-ouvert. D'ailleurs, c'est elle qui a passé les couteaux à Tugce.

Et c'est elle qui va maintenant tout faire pour la sauver.

Elle n'est pas très grande; mais elle a l'avantage d'être rapide. Elle contourne immédiatement le groupe de fille et se positionne droit devant le zombie. Ce dernier, ayant bien sur entendu ses pas, la prend pour cible.

Voilà, il est à un mètre d'elle. Elle doit viser. Elle doit viser. Elle doit viser, sinon elle mourra et les autres mourront aussi.

Elle vise. Cela ne dure que quelques secondes mais tout va très lentement pour elle; elle a le temps de voir clairement le visage déformé du zombie, méconnaissable. Elle a le temps d'en ressentir une peur qu'elle n'a jamais ressenti de sa vie, parce qu'il est si grand et si monstrueux qu'il pourrait la tuer en un coup. Ou en un croc.

"Je vais mourir". Elle veut crier "Sauvez-moi", elle veut que le zombie disparaisse tout de suite, comme par magie. Mais ensuite, quand le zombie penche sa tête vers elle, elle a le temps de penser "Je vais les sauver". Elle lève le bras, tient fermement l'arme dans sa main, le sert tellement que ses blessures encore fraiches s'ouvrent et lui arrache un cri de douleur, et enfin elle vise. Et elle atteint. Tout droit dans le crâne du zombie.

Pour Sibel, tout va toujours très lentement. Elle sent dans tout son corps la force qu'elle a exercé pour transpercer le crâne du zombie. Le couteau s'est si bien enfoncé sur le haut du crâne qui s'était penché vers elle que, lorsque le zombie relève sa tete, il la porte aussi dans les airs car elle reste attachée au couteau.

C'est ainsi qu'il lui enfonce un poing dans son ventre. Et puis un deuxième. Et Sibel, n'ayant plus la force de crier, pleure de souffrance. Elle sent le gout amer du sang dans sa bouche. Elle entend enfin autre chose que le zombie; elle entend les cris en panique de ses amis.

Elle pleure de tristesse et de désespoir aussi, parce que le couteau l'a bien tranché mais qu'il est toujours en vie, alors qu'elle va mourir sous ses coups. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il n'est pas mort ?

zombie apocalypse with friendsWhere stories live. Discover now