Chapitre 1

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- Au revoir. 

Monsieur Hamdi sort de la pièce en posant son chapeau sur sa tête. La classe entière souffle de fatigue alors que ce n'est que le premier cours de la journée, et même de la semaine. Les mathématiques, surtout au début, posent grand problème aux cerveaux. 

- C'est quoi le prochain cours déjà ?, demande Betul. 

- Histoire, lui répond Mariem qui a déjà sorti son manuel. 

- Oh nan, pitié, pas maintenant, pas tout de suite, pas aujourd'hui !, crie de désespoir Zeynep d'un air presque théâtral. 

Betul rigole et voit Rana tirer Zeynep par le bras pour la faire taire, parce qu'elle fait toujours trop de bruits. Les élèves, toutes des filles dans cette classe qui est la dernière du lycée, dont la salle se trouve au sous-sol, commencent à sortir leur manuel et certaines quittent la classe pour profiter de la récréation. Betul décide de faire de même : 

- Bon, je vais aller m'acheter des biscuits, qui vient ? 

Marwa se lève aussitôt. 

- On y va ? 

En avancant vers la sortie, Betul pique le téléphone de Sevgi. Cette dernière ne le remarquera évidemment que le soir-même, en voyant plus de 100 photos des têtes de chaque élève de la classe. 

- Marwa, tu peux aller m'acheter des Granola ? Tu peux déjà l'ouvrir, je reviens tout de suite, demande Betul. 

Betul avance vers la droite tandis que Marwa tourne à gauche. La première ouvre la porte d'une autre classe pour saluer ses amies, tandis que la dernière est entrain d'insérer les pièces dans la machine. 

- Aisha, Dounia !, appelle Betul. 

Les jumelles se tournent vers Betul alors qu'elles sont en pleine discussion avec Soumaya, Melda et Esma. Merjem et Hafsa, assises un peu plus loin, regardent le téléphone de chacune. "Probablement des TikTok" pense Betul en se rappelant de leur Tiktok chez Hafsa, ce qui la fait rire le temps d'avancer tout droit vers la table où discutent 5 amies. 

- Vous terminez à quelle heure ?, demande Betul. 

- 15h20, et toi ?, lui répond Aisha. 

Betul râle, tandis que Marwa arrive derrière elle en tenant le paquet de Granola dans sa main. 

- Je termine à 17h30... Vous rentrez sans moi alors ?, s'attriste Betul. 

- T'inquiètes ! On compte réviser avec Esma, on t'attendra, lui répond Dounia. 

Esma, assise juste derrière Dounia, lève les mains en signe de guillemets et réplique : 

- "Réviser"... Bien sur, bien sur. 

Betul rigole car effectivement, il est peu probable d'être concentré en présence d'Esma. Seul Soumaya en a un peu le pouvoir, et parfois Melda. Mais cela reste chose rare. 

Betul, qui comptait s'installer autour de la table avec elles, comprend qu'il ne reste plus beaucoup de temps pour le prochain cours car la sonnerie retentit dans tout le lycée. Elle pioche un biscuit du paquet toujours entre les mains de Marwa, et les deux sortent de cette classe qui n'est pas la leur. 

- Betul ! Toi aussi t'es malade ? interroge Mercan, qui apparait soudain devant Betul. 

- J'ai l'air d'être malade ? T'es vraiment une gitane, mj. 

Marwa tient alors la tête de Betul pour voir si oui ou non elle a l'air malade. Elle ne comprend pas trop. Mercan, après avoir rigolé, rectifie les choses : 

- J'ai l'impression que y a plus d'absents que d'habitude. Et les gens ont une mine... bizarre. Mais bon, bref. Allez, j'y vais. Salut. 

Mercan fait demi-tour pour se diriger vers sa classe et Marwa et Betul arrivent enfin dans leur propre classe. Mais, miracle, la gourde de leur prof d'histoire, madame Suzanne, habituellement posée sur le bureau avant même qu'elle ne s'installe, n'est pas là. Le bureau est vide. 

Betul s'installe à sa place en mangeant les derniers biscuits et en posant le téléphone de Sevgi sur sa table, ni vu ni connu. 

- Euh... On était pas censée commencer y a 5 minutes déjà ? demande Rana. 

- J'espère qu'elle viendra pas, prie Zeynep. 

- On attend 15 minutes, lache Sevgi. 

- Comme si on allait vraiment rentrer après 15 minutes, souffle Betul. Ça fonctionne pas avec ce lycée. 

- Ah, moi, je bouge hein., lache Reyyan, assise à l'autre bout de la classe (qui n'est pas très grande) et qui a entendu la discussion. 

Betul rigole mais se rappelle soudain du rêve qu'elle a fait cette nuit, étrange et insaisissable. 

- J'ai vraiment fait un rêve trop bizarre cette nuit... 

Mariem l'entend et répond : 

- Oh, moi aussi ! T'as rêvé de quoi ? 

- Je sais plus trop, c'est trop flou. Toi raconte ! 

Mariem commence à raconter son rêve, un rêve lucide de surcroit, et plusieurs minutes défilent. 

Enfin, madame Suzanne pose sa main sur le bord de la porte alors que son corps n'est pas encore visible de là où s'assoit Betul. 

- Mince, il restait plus que deux minutes pour partir, se lamente Reyyan et Zeynep acquiesce tristement. 

Cette fois, ce sont des secondes qui défilent. Madame Suzanne apparait enfin en classe, visible aux yeux de tous. Là, Betul se demande sérieusement si Mercan n'est pas stupide. Ce visage, ce n'est pas le visage de quelqu'un qui a simplement "l'air d'être malade" ! C'est le visage d'un malade, et pas que, d'un presque mort ! 

Tous les élèves de la classe subissent un choc, certaines frissonnent, d'autres reculent, et deux lâchent même un petit cri. 

- Madame, vous devez aller chez un médecin, dit Marwa directement. 

- Euh, madame, vous êtes sure que vous allez bien ?, demande Rana, hésitant entre aller l'aider ou s'éloigner le plus loin possible d'elle. 

La prof met quelques secondes avant d'acquiescer. 

- Je vais aller chez un médecin, vous en faites pas. J'ai la tête qui tourne un peu, donc je vais vous donner cours assise. Ok ?

C'est une question rhétorique. Elle prend plus d'une minute pour s'assoir. Et Betul prend peur. 

- On va prévenir le CPE ?, chuchote Sevgi. 

Marie acquiesce frénétiquement. 

- Attendez, ordonne soudain Marwa en chuchotant. 

Elles se tournent toutes vers madame Suzanne, qui, recroquevillée sur elle-même, toussant énormément et soudainement, se met ensuite à vomir. 

Personne ne sait comment réagir. La scène a pris exactement 27 secondes pour se réaliser, jusqu'à la fin du vomis. Mais les cerveaux de chacunes sont tellement en ébullition que tout va très vite, et en même temps trop lentement. À la 28e seconde, leur prof d'histoire tombe violemment contre le sol et ne bouge plus.

Les cris fusent. 

C'est lundi, et c'est le 108e jour de cours.



zombie apocalypse with friendsWhere stories live. Discover now