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Vers quinze heures, comme l'avait dit Nayung, un chauffeur au volant de son mini-van alla chercher les plus jeunes devant leurs écoles respectives, tandis que les plus grands rentraient en bus. 

"Nayung !!!" s'écria soudain une voix enjouée. Une petite fille affichait un sourire espiègle malgré l'absence de ses deux incisives de devant. D'un bond, elle se jeta dans les bras tendus de son éducatrice, suivie de près par deux autres enfants.

"Tu ne devineras jamais ce que nous avons fait à l'école aujourd'hui !" s'exclama la fillette d'une voix cristalline. "Des dessins pour célébrer nos mamans ! J'ai même dessiné pour toi !"

Nayung s'agenouilla doucement pour être à la hauteur de la petite Dambi. "Tu as quelque chose à me montrer, ma chérie ?" demanda-t-elle avec un sourire tendre. 

Dambi récupéra un papier plié avec soin dans son cartable rose. "Pour toi, maman. C'est toi et moi, pour toujours," dit-elle en tendant fièrement le dessin à Nayung.

Nayung sentit son cœur fondre sous l'affection sincère de la petite. "Tu sais quoi, ma chérie ? Je suis si fière de t'avoir pour fille, si mignonne et pleine de vie," murmura-t-elle en la serrant tendrement.

Dambi l'observa avec un regard brillant de mille étoiles et lui offrit un petit baiser baveux sur la joie. "Youpiii !" s'écria-t-elle en bondissant vers les escaliers, telle une enfant qui vient de recevoir un cadeau inespéré.

Certainement, le foyer aurait pu les inscrire tous dans le même établissement scolaire, mais il n'en était rien. Nayung avait d'autres projets en tête. Elle préférait que les enfants se rendent dans des écoles différentes, pour mieux se familiariser avec leurs semblables et se faire des amis en dehors des murs du manoir.

Depuis un an, la petite Dambi avait apporté son lot de joie et d'amour dans ce foyer pour enfants meurtris. Mais sous ses airs joviaux, se dissimulait une profonde peur, celle d'être abandonnée de nouveau.

Dans ce manoir, tous les enfants avaient un passé douloureux, certains plus que d'autres. Nayung faisait tout ce qui était en son pouvoir pour les entourer d'affection et leur offrir des souvenirs heureux pour panser leurs blessures. 

Car elle savait combien l'amour pouvait permettre de guérir les cicatrices de l'âme. Mais pour cela, il fallait être attentif aux signes, aux regards, aux silences, aux sourires. C'était une mission difficile mais ô combien noble, pour offrir un peu de bonheur à ces enfants qui en avaient tant besoin.

Il y a de cela quatre-vingt-dix ans, les grands-parents de Nayung avaient entrepris cette noble mission : transformer leur manoir en un havre chaleureux pour les enfants en détresse. En ce temps-là, la Corée était cruellement éprouvée par les tourments de la guerre, et les orphelins y pullulaient, seuls et désespérés. Face à ce constat, la famille Shim, dotée d'une aisance matérielle enviable, avait fait le choix généreux de secourir ces âmes esseulées, abandonnées aux rues bruyantes et inhumaines.

Nayung avait vu le jour dans ces terres, bercée par les sourires d'enfants aux origines multiples. Quand vint son tour de diriger la propriété, elle dédia sa vie à rendre leur joie aux plus démunis.

Renonçant à l'idée de mariage, elle chérissait ces petits êtres comme une mère aimante. Elle leur offrait un cocon sain, loin des foyers empoisonnés où beaucoup avaient vu le jour.

𝔻𝕠𝕟'𝕥 ℂ𝕣𝕪 ༻ᵗᵃᵉᵏᵒᵒᵏ 🖤💛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant