Chapitre 38 - Passé

42 7 0
                                    

-Juin


    On s'est donné rendez-vous devant le lycée. Nous ne voulions pas aller dans un endroit qui nous rappelait... Nous. Alors j'ai proposé devant le lycée. À vingt heures. J'ai simplement dit à ma mère que je devais voir Harry, elle n'a rien dit. Elle n'a jamais relancé le sujet de ma relation avec Harry.

    En réalité, je me demande si elle a compris que j'étais avec lui. J'ai lâché l'information au milieu d'une engueulade alors est-ce qu'elle a entendu ? Je ne sais pas. Dans tous les cas, je ne sais pas exactement ce que Harry attend de notre discussion, il n'a rien laissé paraître depuis son message. Nous ne nous sommes pas vu le soir-même parce que nous étions en plein dans nos révisions, alors nous avons laissé passer l'épreuve de philosophie. Au début, j'espérais attendre de passer l'épreuve orale, mais la situation était trop pesante pour nous.

    Entre les épreuves et cette situation qui semblait s'alourdir un peu plus chaque jour, nous avons décidé de nous voir ce soir. Je passe ma dernière épreuve de bac dans deux jours, Harry dans trois. Quand nous avons eu nos convocations, nous avons tous espéré passer au même endroit et le même jour, mais seuls Zayn et Niall passaient en même temps au même endroit.

    Je suis le premier arrivé sur les lieux. Je m'assois sur un muret, écouteurs dans les oreilles. Les notes de Older, de Sasha Sloan résonnent alors que je me perds dans mes pensées.

    Je ne reviens à moi que lorsqu'une personne s'arrête devant moi. Je sais déjà qui c'est. Je sais déjà à quoi m'attendre malgré moi. J'ai beau tenter de me mentir à moi-même depuis quelques jours, je sais ce qui m'attend.

    Je tente un sourire qui s'éteint très vite. En levant les yeux, je croise la douleur présente dans ceux de Harry. Il tente de rester neutre mais c'est la première fois que j'ai l'impression de lire autant en lui.


« Salut...

- Je ne te demande pas comment ça va, hein ? » je l'interroge, la gorge serrée.


    Je le vois secouer la tête en baissant la tête quelques secondes. En la remontant, je vois bien qu'il évite mon regard.


« Je suis désolé. J'aurais aimé être assez fort pour continuer. J'aurais aimé être assez fort pour deux, mais ce n'est pas le cas. »


    J'encaisse. Parce que je n'en ai pas vraiment le choix, après tout.


« J'ai besoin qu'on se laisse du temps, et... J'ai besoin d'arrêter. Je t'aime, Louis. Mais ce n'était peut-être pas le bon moment. Tu ne t'en es peut-être pas rendu compte, mais notre relation est devenue toxique. » me lâche-t-il comme s'il le retenait depuis trop longtemps.


    C'est quoi trop longtemps ? Je ne sais pas. Dans ces cas-là, je crois que le temps est différent pour chacun.


« Tu... Je... C'est, je suis désolé, je... » j'essaye désespérément.

« Au moins le temps qu'on avance chacun de notre côté, que nous grandissions. Parfois, on veut se mettre avec quelqu'un trop tôt, quand nous ne sommes pas encore capable de nous aimer nous-même, que nous attendons trop de l'autre. En ce qui nous concerne, ce qui nous dérange, c'est de mettre des mots sur ce qui nous entoure, ce qu'on vit, ce qu'on ressent. C'est sûrement ça qui nous amène aujourd'hui à nous détruire plus qu'à nous en sortir. J'aurais aimé te dire que je serai toujours là, que tu pourras toujours compter sur moi, et j'aurais aimé que la réciproque soit vraie aussi. »


    Alors quoi ? Ce n'est pas vrai ? Il considère que je ne suis pas là s'il en a besoin ?


« Pourtant, il faut bien qu'on se rende compte qu'aujourd'hui, on ne va pas bien. On ne va pas bien et on n'arrive pas à voir ce que ressent l'autre, on ne se fait pas confiance, il faut se le dire. Quand il s'agit de nous confier sur certaines choses on le fait. Mais ce n'est pas de cette confiance là que je parle. Oui, évidemment que j'ai confiance en toi et je ne pense pas me tromper en te disant que tu me fais confiance également. Cependant, quand ça concerne nos sentiments, en plus de les refuser – je veux dire, on les accepte, on n'en serait pas là aujourd'hui, sinon, mais... – on refuse d'accepter ceux de l'autre. »


Avec un titre [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant