Chapitre 7 - Présent

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Nous n'avons pas échangé de messages depuis que nous nous sommes revus. J'ai pensé à le contacter, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée. Plus le temps passe, moins j'ai l'impression que les choses ont changé depuis le temps. Moi qui avais pourtant attendu un signe de sa part depuis si longtemps, je me retrouve à me dire que ç'aurait peut-être été mieux qu'il ne reprenne jamais contact. J'aurais eu mal. C'est un fait. Est-ce que je serais parvenu à avancer ?Sûrement pas. L'amour a ce pouvoir, ou plutôt cette malédiction qui fait que nous nous attachons plus que de raison facilement, mais pour se détacher un minimum, on peut compter des semaines, des mois, voire des années. Puis il arrive aussi que certains ne détachent jamais vraiment. Que certains de leurs amours restent coincés bien au chaud au fond d'eux. Je crois que Harry fait partie de ces personnes là, pour moi. Ces personnes à qui on s'attache sans ne jamais réussir à les oublier.

    Assis sur mon lit, un carton ouvert à mes côtés, je repose le pêle-mêle constitué de photos de nous deux et de mes amis de l'époque au fond, et le referme. J'ai gardé un lien avec Liam et Niall et j'en suis ravi, nous ne pouvons plus nous voir aussi souvent qu'auparavant, mais nous faisons en sorte de nous voir au moins une fois par mois depuis que nous avons quitté le lycée. Niall nous a présenté sa copine, une jolie jeune femme avec qui il a travaillé pendant ses mois de vacances à la fin des examens après avoir validé sa licence. Niall a eu quelques relations au lycée, mais elles n'ont jamais duré longtemps. Il a fini par m'avouer qu'il avait la même peur de l'engagement que moi. C'est l'une des choses qui a causé notre rupture. J'aimais sincèrement Harry. Mais sans jamais réussir à le lui dire, et mon angoisse permanente du futur, de m'engager, était trop lourde à porter. Je ne lui en veux pas. J'espère qu'il sait que j'avais les mêmes projets que lui pour le futur, j'avais juste trop peur du lendemain pour oser me projeter.

    Je sors de chez moi, presque le sourire aux lèvres. Je ne fais pas partie de ces gens qui sourient à tout va. Cela ne veut pas dire que ça ne va pas, juste qu'à part avoir mal aux joues, ça ne m'amène pas à grand chose. Je souris aux gens que je croise et que je connais, on échange quelques mots, puis je m'installe enfin devant mon ordinateur. Je prépare quelques factures en discutant avec des collègues. Ce travail me plaît, même s'il est répétitif. D'abord parce que l'ambiance est chaleureuse, les gens sont bienveillants et ça fait plaisir à voir. Ensuite, les heures sont réparties de telle sorte que généralement, selon ce qui arrange chacun, soit nous commençons tard et finissons tard, soit nous commençons tôt et finissons tôt. Pour ma part, je préfère me lever plus tôt, cela me permet d'avoir ma fin de journée. En hiver cela n'est pas particulièrement utile puisque la nuit tombe tôt, alors il m'arrive de rester faire des heures supplémentaires. Nous sortons régulièrement le vendredi soir avec mes collègues pour nous détendre dans le bar qui fait l'angle au bout de la rue, nous partageons de bons moments. C'est vraiment agréable. Lorsque je quitte le travail à seize heures, je salue tout le monde et prends la route. Je suis attendu pour dîner chez ma mère ce soir. Charlotte sera là également et si je suis content de la voir, comme chaque repas chez ma mère, j'appréhende.

    Mon portable vibre une première fois pendant que je roule, m'indiquant un message. Puis il vibre à nouveau, m'indiquant cette fois un appel. Mais je ne prends pas mon téléphone au volant, je préfère conduire raisonnablement.

    Ce n'est qu'en arrivant dans les rues de mon adolescence que je m'autorise à jeter un œil à mon portable. Le message vient de ma sœur, l'appel, de Harry. Je fronce les sourcils en reposant mon portable sur le siège passager le temps de faire ma manœuvre. Une fois garé devant l'immeuble, je reprends mon téléphone. Ma sœur m'indique son heure d'arrivée. Harry n'a pas laissé de message. Quelqu'un d'autre, ou si je n'avais pas entendu mon téléphone vibrer jusqu'à la dernière seconde, je n'aurais sûrement pas rappelé, mais je fais glisser la notification vers la droite, ce qui lance un appel. Au bout de deux sonneries, sa voix me répond.


Avec un titre [L.S]Where stories live. Discover now