Avec un titre [L.S]

Chapitre 14 - Passé

-Novembre

Pendant mon insomnie, j'ai réfléchi au fait que peut-être j'aurais dû aller à la place à laquelle j'ai emmené Harry la première fois qu'il m'a rejoint dehors. Je vois maintenant cet endroit comme quelque chose qui nous lie. C'est sûrement idiot. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'associer cette place à Harry. Cela dit, rien ne me garantit qu'il y serait allé. Donc je pouvais bien aller où je voulais. Heureusement que Halloween tombe toujours pendant les vacances, je ne suis pas obligé d'affronter le garçon aux cheveux bouclés aujourd'hui. J'aurais bien dit que je pouvais rester terré chez moi, mais je savais avant même d'y penser que ce serait un mensonge. Comme chaque jour depuis le début de la semaine, ou presque, je sors de chez moi dès que je suis habillé. Je ne rentre que pour déjeuner puis je repars. Il m'est même arrivé de ne pas rentrer manger. Je peux facilement sauter des repas. Je ne suis pas sûr que ce soit un avantage, mais toujours est-il que ça m'arrange parfois.

La semaine dernière me manque. J'ai passé la semaine chez mon père avec ma sœur. Elle m'a fait cuisiner malgré moi. J'attends le jour où elle comprendra que la cuisine et moi, ça fait quatre. Nous avons tenté de jouer au badminton dans le jardin. Je dis bien qu'on a tenté, puisque le vent ne nous a pas beaucoup aidé, sans oublier le nombre de volant qui ont terminé sur le toit, dans les arbres... Disons que mon père est rapidement venu nous demander d'arrêter de les semer partout.

Et maintenant, me voilà là, assis, comme d'habitude, sur le pont. Ce qui change des autres jours, c'est que j'ai mon téléphone dans les mains, mes écouteurs dans les oreilles et que je suis en appel vidéo avec Charlotte.

Elle me raconte tout un tas de d'histoires sur ses amies et c'est là que je me rends compte que les filles sont vraiment compliquées. Je ne crois pas qu'on se prenne autant la tête, nous, les garçons. C'est peut-être sexiste, ce que je dis, mais c'est l'impression que j'ai. Ma sœur me change les idées et je l'en remercie, même si elle ne le sait pas.

Je ne crois pas qu'elle sache que je suis attiré par les garçons, maintenant que j'y pense... Je sais pas. En début de soirée, je vais pour rentrer chez moi, toujours en faisant le maximum de détours possibles, ça me fait découvrir de nouvelles rues de ma ville. On pourrait se dire que je la connais sur le bout des doigts, à force, mais je découvre toujours de nouvelles rues. Quelques fois je me dis heureusement que je vis dans une ville « normale » si on peut dire, puisque trop petite j'aurais vite tourné en rond, une trop grande, j'aurais fini à des heures à pied de chez moi.

En entrant dans ma rue, j'aperçois Harry rentrer chez lui devant moi. Son casque sur les oreilles, il ne m'entendra pas rentrer, tant que je ne me rapproche pas trop de lui, ça devrait aller. Je ne sais pas pourquoi je le fuis comme ça. Comme prévu, j'ai le temps d'entrer dans mon bâtiment avant qu'il ne me voit.

Pourquoi est-ce si compliqué d'apprécier quelqu'un ?

⁂

Ni Harry ni moi n'avons tenté de nous contacter jusqu'à la rentrée. L'appréhension est à son comble lorsque je passe la grille du lycée. Perdu dans mes pensées avec mes écouteurs dans les oreilles, je n'entends pas qu'on m'appelle jusqu'à ce qu'une main se pose sur mon épaule en même temps que la personne répète mon prénom. En me retournant, je découvre Zayn.

« Salut ! Comment tu vas depuis la soirée ? On t'a pas vu ! » s'exclame-t-il dans un sourire.

« Hey, j'étais un peu fatigué, désolé, j'ai préféré rester chez moi... »

Je ne sais pas si parmi mes amis, quelqu'un aurait compris ce mensonge comme ce qu'il est. Zayn me raconte ses sorties avec les garçons, me dit qu'il n'a pas trop compris l'attitude de Harry, il semblait ailleurs. Je m'inquiète instantanément alors que je n'en ai pas le droit. Je suis celui qui l'a laissé alors qu'il s'était endormi dans mes bras. Je suis celui l'a abandonné après l'avoir embrassé. Je ne devrais pas pouvoir m'inquiéter pour celui que j'ai peut-être, sûrement blessé.