Chapitre 6 - Passé

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-Septembre

Depuis deux semaines, Harry et moi nous voyons chaque jours pendant les cours, mais nous ne prenons jamais le temps de discuter. Qu'il soit interpellé ou que je sois pressé, nous n'avons pas retrouvé de temps pour nous voir. Je ne doute pourtant pas que la journée que nous avons passé ensemble avant la reprise lui ait plu autant qu'à moi, mais ce sont des concours de circonstances.

Je passe toujours autant de temps en dehors de chez moi. Le week-end dernier, j'étais chez mon père. J'en ai profité pour passer un maximum de temps avec ma petite sœur, Charlotte. Nous ne nous voyons qu'un week-end sur deux alors nous en profitons quand nous pouvons nous voir.

Mon père n'habitant pas en ville, quand Harry a proposé que nous nous voyons, je me suis excusé en expliquant qu'il serait compliqué pour moi de me déplacer. J'aime bien cette maison. Elle est grande, et même si ma chambre n'est ni chaleureuse ni emplie de mes souvenirs, il y a toujours ou presque de la vie dans cette maison. Même lorsque mon père et ma belle-mère ne sont pas là, que ma sœur est également absente, les animaux rendent la maison vivante et m'empêchent de me sentir complètement seul.

C'est justement parce que Harry et moi n'avons pas réussi à nous voir depuis le début des cours que lorsqu'il me propose que nous restions dehors ensemble après les cours, j'accepte immédiatement. Il me demande si j'ai une idée de ce que je veux faire, mais je n'en ai pas la moindre idée. Je parle rapidement avec ses potes qui nous ont rejoint, échange quelques mots avec d'autres gens de notre classe puis m'échappe. En soit, malgré mes écouteurs toujours dans mes oreilles, on peut venir me parler, et je crois que mes camarades l'ont compris, je réponds aux gens qui me parlent, je suis ouvert si l'on vient me parler, mais je ne vais pas forcément vers les autres. Je ne suis pas fermé à la discussion mais je ne la lance pas pour autant.

La fin des cours arrive aussi lentement que rapidement. J'avais tellement hâte que les cours semblaient passer lentement, mais les cours que j'avais aujourd'hui n'étaient que des cours que j'aime, comme la philosophie ou l'histoire. En sortant de cours, je consulte mes messages et découvre un message de Harry me demandant de l'attendre. J'avoue que si l'idée de passer la fin d'après-midi avec lui ne m'a pas quitté de mes quatre heures de cours, le fait qu'il soit dans ma classe et que je pouvais l'attendre avant de quitter le lycée m'a traversé l'esprit pour en ressortir tout aussi vite.

Je m'arrête au milieu de la cour, m'adossant à un muret alors que je suis conscient qu'au point où j'en étais, je pouvais l'attendre devant le lycée, mais non. Je ne suis pas quelqu'un de logique, mais le jour où on voudra me faire croire que l'homme est logique, il faudra un tas de preuves pour que j'adhère à l'idée.

Je vois vite Harry quitter le bâtiment où nous avions cours et se dépêcher puis ralentir en m'apercevant. Il me sourit et s'approche.

« J'avais peur que tu aies changé d'avis. » explique-t-il.

« Loin de là, j'ai juste oublié que nous étions dans la même classe. » je le rassure en souriant doucement.

Nous quittons le lycée et je réfléchis à un endroit où emmener Harry. Si. Il y a une place que j'aime bien dans la ville. Pas sûr que ça s'appelle une place, mais j'appelle ça ainsi. J'y ai déjà joué de la guitare pour réviser mes partitions avant une représentation de fin d'années. Je n'aime pas me montrer en train de jouer. J'aime jouer, j'adore poser mes doigts sur l'instrument et jouer, pourtant, je n'aime pas partager cette musique. Égoïstement, je n'aime jouer que pour moi. En arrivant nous nous posons sur l'un des quelques bancs présents. Nous nous trouvons devant l'unique salle de spectacle de notre ville. J'aime bien son architecture. J'aime bien l'observer tout comme j'aime bien simplement rester ici. C'est apaisant lorsqu'il n'y a personne. Il y a des lieux qui, malgré leur fréquentation, restent apaisant, il y en a d'autres qui ne le sont que lorsqu'ils sont vides.

La nuit commence à tomber petit à petit. Nous n'avons pas vu le temps passer. Harry me dit qu'il ne va pas tarder à rentrer. Je me contente de hocher la tête. Je regarde l'étoile du berger qui apparaît.

« Tu savais que l'étoile du berger n'est pas une étoile ? »

Je crois que c'est la question que je pose le plus souvent. Je l'ai posée un nombre incalculable de fois. Je crois que tous les gens qui me connaissent m'ont déjà entendu la poser au moins une ou deux fois.

« Oui, mon père me l'a dit. » me dit-il simplement.

« Il s'agit de Vénus. » je complète.

Nous restons silencieux, à observer Vénus, une légère musique en fond. Je me tourne vers Harry en entendant Is There Anybody Out There de Pink Floyd résonner.

« Des fois, je me demande ce que ça fait d'être une étoile. Tu crois qu'elles ressentent quelque chose, les étoiles ? » me demande-t-il.

« En tout cas, j'espère que tu ne les intrigues pas autant que tu m'intrigues, moi. » je murmure sans m'en apercevoir.

Mes yeux s'écarquillent alors que je réalise les mots que j'ai lâché. Ma tête n'était pas prête à accepter ces mots. Mais mon cœur l'y a forcé.

« La première fois que je me suis demandé ce que ça faisait d'être une étoile, il me semble que j'avais fumé un joint en soirée, j'avais fini par m'allonger dans le jardin, et je les avais regardé. Je suis tombé malade à cause du froid. En même temps, je dois reconnaître que s'allonger dehors en tee-shirt sous zéro degré, ce n'est pas une bonne idée. » me confie-t-il, un sourire amusé aux lèvres.

D'autres mots semblent au bord de celles-ci, mais il ne les laisse pas sortir. Je ne peux rien dire. Je suis le premier à conserver les mots au fond de moi et à refuser de les admettre. Je crois que nous connaissons tous les définitions des mots, mais nous refusons de nous en servir dans les situations qui nous concernent quand cela rendrait les choses trop dramatiques ou trop sérieuse. Si nous étions capable de poser de mots sur tout ce qui nous détruit dès le début, ce serait bien trop simple.

« On rentre ? Mes parents vont s'inquiéter si je ne rentre pas bientôt. »

J'acquiesce et détourne enfin mes yeux de Vénus. Je remonte mes manches puis les rabaisse. Si Harry a remarqué cette fâcheuse habitude, il ne la relève pas.

En arrivant vers chez lui, il est déjà dix-neuf heures passées. En voyant cela, je décide de rentrer chez moi, épuisé par la journée. Nous nous saluons puis je tourne les talons. J'aurais presque aimé que Harry me retienne. Mais pourquoi faire ? Et pourquoi est-ce que j'attendais cela ? Je n'en sais rien. Et je ne veux pas le savoir.

Une fois chez moi, je retire mes chaussures, laisse tomber mon sac dans ma chambre. En retirant ma veste, j'entends les éclats de rire de ma mère. En entrant dans le salon, elle me sourit un peu trop gaiement avant de prendre une gorgée de sa boisson puis de tirer sur sa cigarette. Je chuchote un « Salut » puis me serre un verre d'eau avant de retourner dans ma chambre, attendant que le dîner soit prêt.

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Bonjour ! Comment allez-vous ?

Pour ma part, en pleine révisions pour le bac...

Avec ça, je n'ai pas encore pu continuer d'écrire sur cette fiction, ni sur l'OS que j'aimerais poster bientôt... J'espère vraiment trouver le temps d'écrire pendant ces vacances, mais mon programme semble plus chargé que prévu x)

Prenez soin de vous, ayez confiance en vous et n'oubliez pas que vous êtes importants.

S.

Avec un titre [L.S]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz