Chapitre 6

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Le moment parut durer une éternité pour Aliénor qui se demandait quand Thomas Shelby cesserait de la regarder, de la décrypter. Se sentir détaillé la mettait mal à l'aise, son visage restait fermé et sans expression. Comme si laisser la moindre émotion traverser ses yeux sombres ouvrirait une porte à ceux qu'elle tentait de repousser. Par ses yeux toujours collés à son corps comme des sangsues. Les deux billes glacées du grand brun ne la lâchait pas. Et pendant de longues minutes, ce fut ainsi. Le comptable de Billy Kimber s'en trouva bien gêné lui aussi. Il essayait tant bien que mal d'obtenir l'attention du Peaky, mais celui - ci ne paraissait pas avoir grand intérêt à lui donner quelconque attention.

Pourtant, les affaires étaient brillantes et l'homme qui se trouvait à sa gauche était un élément important dans le plan de Thomas Shelby vers la richesse. Son ambition exploitait ce terrain, elle exploitait le terrain du roi Kimber. Mais Aliénor semblait le préoccuper d'avantages. Et ce regard sombre et noble, ce visage fin et jeune, traits tirés... Il l'avait déjà vu. Et ne pas se souvenir d'où lui était insupportable. Aliénor.

- Aliénor, Aliénor. Un prénom peu commun par ici. Une reine française, ou devrais, je dire une très grande reine française s'appelait ainsi. C'est un beau nom pour une paysanne, un nom noble. S'exclama soudain monsieur Shelby en se redressant sur sa chaise.

La jeune femme qui, depuis la disparition de son amie dans la foule avec ce pervers de bookmaker, n'avait pas quitté des yeux un arbre fleuri peint sur une toile qui décorait la pièce à l'opposé d'elle (qu'elle n'aurait d'ailleurs même pas remarqué si l'humain de nature, devenait bien plus observateur dans une situation embarrassante), posa ses billes outremer sur celle de son interlocuteur.

Elle se sentit monter en flèche. Cette fête, ou bal, cet homme plus que répugnant, le grand brun, le bruit, la foule, la musique, les sourires, la chaleur, l'alcool et le sexe. Piquée au vif, elle en voulut d'abord à Nina ! De l'avoir emmené ici sans rien lui expliquer alors qu'elle haïssait les surprises, les rendez-vous de dernière minute. D'être aussi idiote et naïve. Bon sang, mais qu'elle était naïve. Aliénor voulut la gifler. Son comportement soudain si changer et bourgeois. Hautain et inquisiteur. Ensuite, la belle brune se mit à se détester. Elle se sentit bête. Pourquoi avoir accepté cette invitation et pourquoi avoir osé montrer sa voix en public ? Pourquoi s'être maquillée et faite joli. Cela ne lui ressemblait plus. Ce n'était pas celle qu'elle s'était mise en tête. Dans cette robe bleue et dans ce rôle de coincée, elle se retrouvait dans le rôle de... Sa mère.

Oui, c'est bien cela. Sa mère. Coincé et froide. Sévère et virulente. Au repas de famille ou pendant les balades. Se tenir droite et ne jamais poser son regard sur personne sauf si les circonstances l'imposent. Comme une discussion. Et cette façon qu'elle avait de mentir à Nina. Non, elle n'aimait pas Billy Kimber et il était hors de question que de faux sourire se présentent sur son visage. Non, elle n'aimait pas les bals et la mode lui était d'un ennui mortel.

Si elle n'avait pas le contrôle absolu sur ses sautes d'humeur qui, jadis, lui avaient causées des torts, elle aurait sûrement exploser.

Mais gardant un grand calme et un visage froid, elle répondit au bel homme :

- Oui, un beau prénom.

La voix de la jolie Française était douce, inaudible, presque sensuelle. Thomas eut un léger frisson en entendant son ton. Elle était aussi magnétique que son visage, dansante, attirante, comme celle d'une sirène. Comme empoisonnée. Il continua de la fixer dans le blanc des yeux pendant un long moment. Un second long moment où Aliénor s'obligea à garder son regard planté fermement dans celui de Thomas Shelby. Tout deux, gonflés par la fierté, ne semblaient pas vouloir se décrocher. L'homme à lunettes à leur gauche, se racla la gorge fermement. Le geste n'était pas malpoli, mais semblait définir une certaine impatience.

- Combien d'hommes pouvez-vous mobiliser ? Demanda-t-il alors avec un air intéressé et sérieux.

Thomas détourna, malgré lui, son regard d'Aliénor et se tourna vers le comptable en levant un sourcil. Il se sentait soudainement ennuyé par la conversation. Tout compte fait, il n'avait plus envie de parler affaires. La belle française lui semblait bien plus intéressante. La façon dont il répondit, comme agacé en disait long sur son envie de quitter cette pièce – les affaires étaient dures et longues au départ, ennuyeuse parfois. Il dut alors lutter pour ne pas répondre sur un ton trop... Fatigué :

- Le chômage est élevé, en ce moment. Deux gardes par bookmaker, je dirais.

L'homme à lunettes parut surpris, presque impressionné. Décidément, ce Thomas Shelby semblait avoir plus de pouvoir qu'il n'y paraissait à première vue. Mais surtout, le comptable le sentait fiable, honnête, sans filtre. Toujours avec cette expression quelque peu étonnée, il interrogea une nouvelle fois le grand brun, lançant un regard furtif sur le côté :

- À chaque réunion ?

Tout en écrasant sa cigarette dans le cendrier présent sur la table, Thomas continua de répondre aux questions du comptable avec calme et assurance, oubliant presque la magnifique jeune femme qui n'était à présent plus là.

Quand enfin, un arrangement fut possible, Aliénor n'était plus à côté de monsieur Shelby. Elle avait quitté la fête.

*
Et voilà ! On en apprend encore un peu plus sur notre chère Française ( dont je suis très fière au passage ).

Si vous voulez en savoir plus sur cette mystérieuse Aliénor, n'hésitez pas à commenter vos idées, cela pourrait m'aider pour les prochains chapitres ( même si j'ai déjà une idée de la suite de mon histoire ) !

Mes chapitres sont petits et peu réguliers, je sais 😅. J'essaye de faire du mieux que je peux mais mon cerveau est en ébullition en ce moment, c'est compliqué.

J'espère que vous me pardonnerez 😌.

À la prochaine, kiss 😘

Peaky Blinders • La Rose BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant